Ma vie s'est arrêtée

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— Je ne comprends rien. Pourquoi tu étais obligé d'épouser Félice ? Érika serait devenue reine un jour.

— Non ! August voulais que Félice se fasse avorter. C'était notre seule héritière et il ne voulait pas la garder. Je l'ai fait à sa place.

— T'es qu'un connard, August.

— Je sais tout ça ! C'est bien la raison de ma présence ici. Je veux que vous soyez heureux, toi, Wille et Fée.

— Et tu as attendu aussi longtemps pour t'émanciper ? J'y crois pas ! hurla Simon en se passant une main dans les cheveux.

— On va y aller, répondit simplement Wilhelm qui voyait bien que le bouclé voulait tuer son cousin.

— Oh non ! J'y vais seul, contra August. Vous deux, vous avez un tas de trucs à vous dire.

Sans rien ajouter, il quitta la pièce en refermant derrière lui. Simon était si entêté qu'il aurait pu s'en prendre aussi à Wilhelm. Il fallait qu'ils se parlent sans sa propre présence.

Le blond avait suivi son cousin des yeux jusqu'à ce qu'il referme derrière lui. Ne sachant trop comment réagir, il garda la tête penché jusqu'à ce que Simon prenne la parole.

— J'avais prévu manger avec ma soeur. Est-ce que tu veux m'accompagner à sa place ?

— Je ne veux pas te déranger.

— Comment tu peux croire que tu me déranges ? Maintenant que j'ai le reste de ton histoire, j'aimerais qu'on discute. J'ai essayé de t'oublier, mais je n'y arrive pas. Tu me manques bébé.

Le prince releva la tête à l'entente du surnom qu'il lui avait donné à l'époque. Cette fois-ci, cela semblait presque un cri du coeur. Ses yeux maquillés menaçaient d'exploser sous les larmes. Est-ce qu'il serait capable de passer une soirée en sa compagnie, sans lui-même hurler sa peine ?

— J'imagine que je ne peux pas refuser, dans ce cas, confirma le blond complètement hypnotisé par son ancien amant.

— Super ! Je me change et on pourra aller à mon hôtel. Il n'y aura personne pour nous déranger là-bas.

C'est dans un silence plutôt serein que les deux hommes se dirigèrent, dans la limousine de Simon, vers son habitat temporaire. Quelques journalistes avaient déjà repéré l'endroit, mais une vedette avec le prince n'avait rien de surprenant en soit. Il passèrent donc leur chemin sans être dérangés.

— Alors, tu veux un verre, demanda Simon qui se versait déjà une boisson.

— Je passes mon tour, j'ai vraiment abusé ces derniers temps. Je crois aussi que j'aime mieux me souvenir de notre soirée. On ne sait pas quand on se reverra, alors...

— Wille, tu crois qu'on va passer par-dessus tout ça, un jour ?

— Tu veux la vérité ? Je n'y arriverai jamais. Je t'aime, Simon. Je t'ai toujours aimé... et... et te voir avec tous ces hommes, c'est trop pour moi. J'aimerais mieux essayer de t'oublier, mais je n'y arrive pas.

Le prince s'était assis sur le lit, les mains sur le visage. C'était dur de le voir avec des hommes, mais de le voir, ici, si près de lui, et de savoir qu'il n'était pas à lui était cent fois plus difficile.

— Bébé... je... t'aime aussi.

— Comment tu peux m'aimer alors que tu sors avec un nouveau mec chaque jour ?

— J'essayais de te rendre jaloux, mais je me rends compte que je te faisais de la peine, au lieu de ça. Tu sais, je payais tout le monde pour faire semblant d'être avec moi. Je n'ai jamais couché avec l'un d'entre eux.

— Pourquoi ? Je n'étais pas disponible. Tu aurais dû refaire ta vie.

— Ma vie s'est arrêtée quand on a rompu. Elle a toujours tourné autour de toi. Toutes mes actions n'avaient qu'un but, te rendre jaloux pour que tu comprennes que Félice n'était pas pour toi.

— Je le savais bien avant qu'on se marie. Que voulais-tu que je fasse d'autre ? Fée ne voulait pas que je te dise que je n'étais pas le père d'Érika. Si tu savais combien de fois j'ai rêvé que je te disais tout.

Simon s'agenouilla entre les jambes du prince, incapable de le voir aussi détruit.

— Je suis désolé, bébé. Je m'en veux d'avoir réagi de cette manière.

— Tu n'as pas à t'en vouloir. Tu ne savais pas tout. Et puis, tu sais bien que tu n'aurais jamais accepté de rester avec moi. Tu avais trop besoin de cette vie que je ne pouvais pas te donner.

— Je te l'ai dit. Ma vie s'est arrêtée quand on a rompu. Elle n'a jamais été celle que je voulais. Parce que je te voulais, toi, et personne d'autre.

Simon avait hésité avant de faire le geste, mais cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas touché. Comme mû par ses souvenirs, il passa tout de même ses mains de chaque côté du visage de Wilhelm.

— Je t'aime, bébé. J'aurais fini par te revenir.

— Ne dis plus rien. Je sais très bien qu'un jour tu m'en aurais voulu, et que tu m'aurais quitté à nouveau.

— Tu veux parier ?

— Tu l'as dit toi-même ! Tu n'es pas un homme qu'on cache. Tu crois qu'un prince et une star ça passe incognito ?

— J'ai déjà dit à la presse qu'on était des amis. Il n'y a rien d'anormal à voir son ami.

— Arrête,Simon ! C'est fait maintenant, on ne peut pas revenir en arrière.

— On ne peut pas revenir en arrière, mais le futur peut être différent. Je te veux dans ma vie, même si cela veut dire être caché. Je vais le répéter, puisque tu n'as pas l'air d'avoir compris. Je t'aime.

Les yeux pleins d'eau, les deux hommes se dévisagèrent avec beaucoup d'émotions. L'espoir était apparu pour Wilhelm. Quant à Simon, il lui montrait tout l'amour qu'il avait si violemment enfoui au fond de son cœur. Leurs fronts finirent par se toucher, respirant lourdement tous les deux, oubliant le monde et respirant l'odeur de l'autre avec nostalgie. Le prince finit par rapprocher davantage Simon, qu'il tira par la taille. Leurs bouches n'étaient plus qu'à quelques millimètres. Mais qu'est-ce qu'il s'apprêtait à faire ? Il finit par regarder devant lui, ou se trouvaient les yeux magnifiques du bouclé. Il le regardait avec cet amour qu'il lui avait toujours voué jusqu'à leur rupture. C'était insupportable de se séparer de lui à nouveau. Comme si le chanteur avait compris, il comblèrent simultanément le vide entre eux.

Ce fut comme s'ils renaissaient enfin. Le bonheur reprenait sa place pour refouler la tristesse le plus loin possible. Leur baiser était tendre, mais à la fois désordonné, dû aux sentiments qui les happaient comme une tornade de force cinq. Comment avaient-ils fait pour se séparer, aussi longtemps, l'un de l'autre ?

— Dis-moi qu'on va trouver une solution, souffla Wilhelm alors qu'il venait de lâcher les lèvres sucrées de Simon.

— Dis-moi que tu m'aimes et on la trouvera.

— Je t'aime, min vackra.

OB RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant