OB Royal

Visite

Kristina fut la plus heureuse des mères en découvrant que Wilhelm avait finalement décidé d'apporter une jeune femme à la maison pour les fêtes. Elle ne tenait plus en place quand elle apprit qu'ils étaient même fiancés. Évidemment, elle connaissait très bien les parents de Félice et ne put qu'approuver le choix judicieux de son fils.

— Alors les enfants, vous avez prévu le mariage pour cet été ?

— Mère, nos plans sont de revenir à Hillerska en tant que mari et femme. On ne veut plus attendre.

— Tu veux quoi ?

— Je sais que c'est surprenant, mais c'est ce que nous voulons, répondit le blond de son ton morne.

— Mais c'est impensable, en si peu de temps. Voyons Wille ! Qu'est-ce qui est si urgent ?

— C'est ma famille qui sera incapable d'être là cet été, répliqua Félice. Ils seront en Afrique pour gérer un nouveau projet d'écoles publiques pour les enfants en zones isolées. Ils n'auront pas la possibilité de se libérer, une fois dans ces régions reculées. Nous avons donc cru bon de devancer cela avant leur départ.

— Très bien ! Je vais immédiatement aviser le parlement et faire publier les invitations. Quel jour avez-vous prévu ?

— On à pensé à l'anniversaire de naissance d'Erik. Il me semble que ce serait le jour idéal.

— Oh! Félice ! C'est une excellente idée. Tu es vraiment un don du ciel pour cette maison. Je comprends pourquoi Wilhelm t'a choisie.

— Maman ! Tu vas la gêner, rouspéta le prince sans conviction.

— Bon, bon, nous vous laissons en amoureux. Vous avez mis la pagaille dans notre emploi du temps. Si vous voulez profiter de votre liberté avant tous les rendez-vous et entrevues qui vous attendent avant le mariage, c'est aujourd'hui ou jamais. Profitez-bien de cette journée mes enfants.

— J'ai promis à Suzie de lui rendre visite pendant les vacances. Nous allons prendre de ses nouvelles, résuma le prince.

Il préférait penser à autre chose qu'à son mariage et c'est la première chose qui lui vint en tête. Malheureusement, quand il se rendit chez l'infirmière, c'est un vieillard qui lui répondit, lui apprenant, par le fait même, que Suzie lui avait vendu la maison.

— Est-ce qu'elle vous aurait dit où elle comptait habiter, demanda-t-il avec curiosité.

— Elle a seulement dit qu'elle désirait se départir de tout ce qui lui rappelait son petit ami. Elle n'a rien dit de plus.

— Je vous remercie de vos informations. Nous sommes désolés de vous avoir dérangés.

— Ne vous en faites pas, mon garçon. Karl et moi, ne sommes plus très jeunes. Recevoir de la visite aussi importante est un vrai rayon de soleil. Est-ce que vous me permettez de vous le présenter avant votre départ? Il ne voudra plus dormir dans notre chambre, si je lui dis que j'ai parlé au prince sans l'avoir avisé.

— Ce sera avec plaisir, répondit le blond.

Pendant que le vieillard se dirigeait vers les jardins où travaillait un autre homme qui semblait tout aussi âgé, il repensa aux dernières paroles de l'homme. S'il avait bien compris, c'était un couple gay qui devait avoir dans les quatre-vingt ans. Il le regarda à nouveau qui parlait avec son conjoint et vit une réelle complicité entre les deux hommes. Le premier aida le deuxième, qui était agenouillé, à se relever. Ensuite ils échangèrent quelques mots et le second homme regarda en direction du prince. Un sourire se dessina sur le visage de Karl et il embrassa son compagnon. Ils étaient trop mignons. Aurait-il eu ce genre de comportement, avec Simon, si Félice n'avait pas été enceinte ? Le vieux couple revint vers eux, main dans la main. En tous cas, il aurait vraiment apprécié de vivre au grand jour avec lui et de passer sa vie à ses côtés.

— Voici Karl, votre majesté.

— C'est un plaisir de vous rencontrer, Karl. Dites-moi ? Cela fait longtemps que vous êtes ensemble ? Vous avez tellement l'air amoureux. C'est vraiment beau de vous voir.

— Depuis toujours, répondit avec fierté le premier homme. Nous sommes reconnaissant d'habiter en Suède. C'est le pays le plus progressiste du monde concernant les droits des homosexuels et toute la communauté LGBTQ+. Nous remercions grandement votre arrière grand-père pour cette avancée. Nous n'oublierons jamais ce qu'il a fait pour nous.

— Merci à vous. Je suis heureux que cela vous ait servi. Permettez-moi, à mon tour, de vous présenter la future princesse qui partagera ma vie. Vous aurez plus de détails au cours des prochains jours, mais je tenais à vous la présenter officiellement. Voici Félice, ma fiancée.

Wilhelm n'avait aucune idée que son arrière-grand-père avait pu autant influencer les autres pays. Bien que sa décision soit prise d'épouser Félice, cela lui donna le courage de remettre sur le tapis, le mariage des souverains et leur famille. Il ferait honneur à son ancêtre, mais aussi à Erik, en continuant son projet. Il savait que ce n'était pas gagné, mais il se promit qu'il le ferait pour les générations futures, tout comme le roi l'avait fait pour le peuple, il y a déjà près de huit décennies.

C'est avec un courage qu'il ne se connaissait plus qu'il repartit au palais. Félice serait une princesse aimée du peuple; il en avait la conviction. Elle lui avait fait la promesse qu'elle l'appuierait dans toutes ses décisions. Il savait qu'elle tiendrait ses engagements s'il tenait les siennes.

C'est la tête haute que, le lendemain, il prit la parole devant les caméras, annonçant son mariage avec la jeune héritière. Il serait célébré le 5 janvier, le jour de l'anniversaire de naissance de son regretté frère, Erik. La population festoya à cette annonce plus qu'inattendue. On comprit bien vite que d'honorer le prince défunt, en cet événement joyeux, était la manière pour Wilhelm de ne jamais l'oublier.

Bien qu'il n'en était pas du tout l'instigateur, Félice fit tout pour convaincre le monde entier que Wilhelm n'aurait jamais souhaité un autre jour. Tout au fond de lui, son cœur était brisé à jamais, mais il pouvait compter sur une future épouse qui lui donnerait même le mérite qui ne lui revenait pas.

Tout compte fait, elle était exactement ce que le monde attendait de lui; l'épouse parfaite, pour la continuité d'une famille parfaite.

Enfin, c'est ce que les autres verraient.