Départ

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Ce jour là, Wilhelm devait se faire enlever son plâtre qui l'encombrait depuis 6 semaines. Il ne tenait plus en place. L'internat avait autorisé le prince à être accompagné par un camarade. Aussitôt, August s'était offert. C'était son rôle, en tant que membre de la famille, avait-il justifié sans vérifier si cela allait à son cousin. Évidemment, le blond s'était fait à l'idée. Il était peut-être un connard avec les autres, mais il fallait admettre qu'il prenait la famille à coeur.

Il n'était plus qu'à quelques heures de sa délivrance quand la mère d'August s'était présentée à Hillerska. Elle avait pris un temps considérable avec Madame Lilja, la directrice, et s'était ensuite enfermée, avec son fils, dans la chambre de celui-ci. Le temps passait et Wilhelm commençait à se demander si son cousin finirait par sortir. Il savait qu'il devaient quitter dans quelques minutes et personne n'était encore sorti de la chambre. Il frappa et entendit sa tante répondre d'entrer. August était assis et penché au bord du lit. Il avait les coudes dans son cou et ses mains, très loin dans son dos. Sa mère lui passait une main dans les cheveux alors qu'elle était assise, en face de lui, sur la chaise droite du petit bureau d'études.

— August ? Ça va ?

— Bonjour Wille, répondit sa tante.

— Bonjour, Madame. Tout va bien ?

— De petits soucis. Je venais aviser August que je le retirais de cette école.

Pour montrer sa frustration, son cousin donna un coup de pied dans son sac de sport qui traînait juste à côté.

— Je suis désolé ! Est-ce que je peux faire quelque chose ?

— Non, non ! Il a juste besoin de se faire à l'idée.

— Tu veux que je demande à quelqu'un d'autre de m'accompagner, demanda-t-il avec compassion.

Sans rien dire, August se redressa pour se jeter sur le lit, ne voulant pas regarder le prince. Il fit seulement un signe de la tête pour accepter sa proposition. Il avait l'air complètement dévasté par cette nouvelle. Pourtant, il n'était pas le premier ni le dernier à changer d'école.

— Très bien, je vais revenir dès que possible, répondit le blond.

Il referma derrière lui et se dirigea vers sa classe. Simon était très attentif et ne le remarqua pas immédiatement, de l'autre côté de la porte. Il mâchouillait sa lèvre du bas, signe qu'il avait du mal avec les explications du professeur. Il hésita à le faire perdre un cours de math, mais finit par céder à son envie de l'avoir avec lui pour quelques heures supplémentaires. Il frappa à la porte et glissa un mot à l'enseignant qui acquiesça.

— Simon, vous pouvez sortir je vous prie ?

Étonné, le bouclé se dépêcha à ranger ses bouquins. Il donna une petite tape dans le dos de sa sœur et sortit avec le sourire.

— August a eu un contretemps. Tu veux bien être mon accompagnateur, aujourd'hui ?

— Un peu, oui ! Tu l'as attaché à son lit pour que je puisse venir ? rigola le brun.

— Longue histoire ! Viens, on va être en retard.

Les deux amoureux quittèrent dans la luxueuse voiture que la reine Kristina avait fait envoyer pour son fils. Quelques heures plus tard, ce dernier se frottait l'épaule avec soulagement. Ils avaient été retenus plus longtemps que prévu et Wilhelm calcula qu'ils ne pourraient pas assister à leur dernier cours. Il fallait en profiter alors que le chauffeur était là pour les mener où ils voulaient.

— Tu voudrais prendre un hot-dog ou une crème glacée avant qu'on soit de nouveau obligés de paraître de simples amis?

Le prince avait fermer la fenêtre qui les séparait du chauffeur et Simon l'avait regardé avec son si joli sourire

— Je veux bien. On pourrait aller au stade, ils ont tout ce qu'il faut là-bas.

Le blond demanda à s'y rendre et ils passèrent le reste de l'après-midi à manger et marcher.

— Tu as mal à ton bras, s'informa le bouclé après l'avoir poussé avec l'épaule.

— On m'a dit que je devrais avoir des sensations pendant encore quelques jours parce que mon épaule est enchylosée. Je dois faire des exercices pour me remettre totalement.

— Je vais t'aider ! Tu verras, bientôt tu ne sentiras plus rien.

Bien que la balade fut merveilleuse, ils ne purent justifier plus longtemps leur absence et retournèrent au véhicule qui les ramena à Hillerska.

— Maintenant que tu es libre de tes mouvements, se décida à parler Simon, j'ai hâte de profiter de toi, ce soir.

Wilhelm le regarda avec un sourire entendu. Il en avait encore plus envie que son petit-ami. Malgré tout, il rougit violemment, laissant son imagination voguer sous les vêtements beaucoup trop amples du brun.

— Je vais enfin pouvoir te remettre convenablement ce que je te dois, répondit-il en enlaçant ses doigts à ceux du métis avant de l'embrasser chastement.

Ils terminèrent le trajet, la tête de l'un sur l'épaule de l'autre, souhaitant que cela ne se termine jamais. Ils arrivèrent enfin à l'internat. La plupart des élèves étaient sortis prendre l'air avant le repas du soir. Quand les deux garçons sortirent du véhicule, Wilhelm sentit que quelque chose n'allait pas. Tout le monde le regardait avec tristesse, mais dès qu'il regardait lui-même quelqu'un, cette personne se replongeait dans la contemplation de son téléphone ou sa tablette. C'était étrange.

— Qu'est-ce que t'as fait ? demanda à voix basse le boursier.

— Rien du tout ! Ils sont peut-être mal à l'aise parce que August s'en va et qu'ils croient que je vais me décomposer sans lui.

— Il ne me manquera pas, à moi !

Le prince allait lui répondre que lui non plus quand le psychologue les interrompit avec une voix incertaine.

— Votre majesté, avez-vous quelques minutes ? J'aimerais discuter avec vous, en privé.

— Bien sûr, répondit le prince avec confusion. Je vous suis.

Simon regarda son copain disparaître à l'intérieur suivi par des dizaines de paires de yeux qui semblaient tous savoir ce qui se passait. Curieux de connaître ce qui se tramait, il alla rejoindre Sara et Félice.

— Tu sais pourquoi ils sont tous aussi bizarres, demanda le brun à sa sœur qui avait penché la tête et qui se regardait les pieds.

— Je suis tellement désolée pour Wilhelm, répondit Félice à la place de sa sœur. Il va devoir être fort. Son frère était tellement bien. La Suède vient de perdre un grand précurseur. Il aurait été un excellent roi.

— Quoi ? Erik a abdiqué ?

— Abdiqué ? Pourquoi il aurait abdiqué ? Non, non, pas du tout ! Il a eu un accident de voiture. C'est sur tous les réseaux, répondit la riche héritière en tendant son téléphone. Regarde ! Le côté où il était assis a complètement été pulvérisé. La presse raconte que sa passagère n'a que des égratignures. Erik serait décédé sur le coup. Oh Mon Dieu ! Pauvre Wilhelm ! Je n'aimerais pas être dans ses souliers, en ce moment. Il adorait tellement son frère.

— Je vais voir s'il va bien, lâcha Simon tout en courant vers le bureau du psychologue.

OB RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant