Chapitre 47

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30 mars 2019, Bahreïn

Charles vient de prendre la pole position alors que le drapeau à damier est agité sur la piste. Je n'y crois pas. Personne n'y croit vraiment d'ailleurs, mais il l'a fait. Il devance Vettel, Hamilton, Bottas et Verstappen.

Le classement se fige, alors que le public est en délire quand Charles descend de sa monoplace. Il devient le premier Monégasque à obtenir une pole position sur un Grand Prix de Formule 1. Je le regarde, et je sais qu'il pleure. Qu'il a fondu en larmes. Charles est tellement expressif. Je ne sais pas pourquoi, mais j'arrive à ressentir l'état dans lequel il est en ce moment, et j'en ai les larmes aux yeux moi aussi. Son père et Jules seraient tellement fiers de lui. Et je sais que c'est la première chose à quoi il a dû penser en franchissant la ligne. Ce mec a un pouvoir et une force surhumaine. Il a beau avoir tous les malheurs d'une vie sur les épaules, mais il ne cesse de montrer à la vie que lui, il absorbe cela comme de la force, et qu'il réussit, qu'il réalise des rêves qui ne lui ont étrangement jamais parus inatteignable.

Je pense aussi à sa famille, à sa maman et à ses frères, et je crois que je ne peux même pas imaginer dans quel état ils sont. J'espère vraiment que demain il pourra concrétiser cette pole position et la transformer en victoire. Ça serait incroyable.

Lando a une très belle 10ème place, juste devant Daniel, Alex et Pierre. Au volant de sa Williams, George est P19.

« Je suis dégoûté. » me dit ce dernier que je viens juste de rejoindre dans les paddocks.

« Ce n'est pas grave, tu as donné ce que tu as pu. Baisse pas les bras, George. » le réconfortais-je.

« Jamais je ne baisserais les bras, mais... C'est dur de savoir que tu peux faire beaucoup mieux mais de ne pas y arriver. »

« Laisse le temps au temps. Ton tour viendra champion, j'en suis plus que certaine. »

George me lance un sourire accompagné d'un petit rire. Je sais qu'il croit que je plaisante mais je ne plaisante pas du tout. L'avenir de la F1, c'est lui.

Je sors du paddock Williams pour laisser George et son équipe debriefer de cette séance de qualifications, et je décide de me promener et zoner dans les alentours.

C'est en passant devant les drivers rooms de Red Bull qu'un visage attire mon attention. Ce n'est pas vrai. Qu'est-ce qu'il fou là ? Qu'est-ce qu'ils foutent là ? Le géniteur de Max, en chair et en os, qui se tient à côté de la grogniasse en Louboutin que j'ai vu plusieurs fois avec Max. Ils ont l'air de bien rire, tous les deux. Je serre des dents tellement la situation me parait inconcevable. Des millions de questions me traversent l'esprit. Pourquoi ? Comment ? Qui ? Où ?

Je suis tellement dans mes pensées que je ne remarque même pas que le regard de Jos Verstappen s'est posé sur moi depuis quelques secondes. Dans ma tête, je l'insulte cent cinquante fois. Au moins. Puis je vois la porte s'ouvrir, et Max apparaître sur le pas de celle-ci, encore en combinaison, et les cheveux mouillés. Il se stoppe quand il voit son père, et son allure se raidit. Non Max, pas ici.

J'entends Max hurler en sa langue natale, et j'entends son père et sa poufiasse hausser aussi le ton. Bien sûr, impossible de comprendre ce qu'ils disent. Faut vraiment que je me mette au néerlandais.

Max se rapproche de lui, alors que je vois des membres Red Bull s'approcher de la scène. Retenez-le, il va le frapper. Je sais qu'il va le frapper.

« Kiara ? »

Je tourne la tête dans la direction opposée en entendant mon prénom. Un jeune homme brun, vêtu de rouge est à quelques mètres de moi.

« Charles. »

Heartbreak - Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant