Heartbreak - Max Verstappen

Chapitre 5

22 juin 2018, Le Castellet, FR

18h. La deuxième séance d'essais libres s'est terminée il y a une demi-heure, et nous venons juste de finir de faire le compte rendu de cette première journée. Nous attendons le coup de fil de notre patron pour notre rendez-vous avec une équipe. Aussitôt dit, aussitôt fait, le portable de Tom sonne.

Verdict, nous n'avons pas un, mais deux interviews à effectuer, dans deux équipes différentes.

« Pierre Gasly et Max Verstappen. » finit par me dire Tom une fois qu'il a raccroché.

Je dois aborder le plus faux sourire de ma vie, mais je n'ai pas le temps de me plaindre, puisqu'on est déjà attendus chez Toro Rosso.

« Salut Pierre. » lui dis-je en arrivant.

« Salut ! »

Tout se passe très bien, et nous recueillons toutes les réponses du pilote français. Après lui avoir souhaité bon courage pour le lendemain, nous longeons les paddocks pour trouver celui de RedBull. Nous montrons encore une fois nos pass presse, puis nous accédons aux installations de Redbull.

« Max devrait arriver d'une minute à l'autre. » me dit l'un des responsables en regardant sa montre.

Il n'a pas l'air si sûr de lui, puisque je le vois porter son téléphone à son oreille. Nous sommes déjà en place, et en un regard avec mon collègue, je comprends qu'il pense la même chose que moi.

Au bout de 10 longues minutes, l'intéressé montre enfin le bout de son nez.

« Bonjour. » dit-il sèchement.

Tom présente le déroulé de l'interview, puis il commence à filmer et c'est à moi d'entrer en piste. Bizarrement, le néerlandais se montre coopératif, et c'est tant mieux.

« Merci Max. » finissais-je, pendant que nous coupons l'enregistrement.

« Prost ? »

Sa voix m'oblige à croiser son regard.

« Tu sors avec Ocon ? »

Son regard me glace le sang, mais mes mains deviennent très moites, et mon cœur bat de plus en plus vite. Je prends une inspiration.

« Qu'est-ce que ça peut te faire ? » dis-je en souriant.

« Rien du tout. Mais si c'est le cas, permet moi de dire que tu partages la vie d'un gros naze. » me dit-il sans trembler.

Tom ne comprend pas, et je le vois froncer les sourcils sans ne rien oser dire.

« Rendez-vous dimanche sur la piste, pour voir qui c'est le naze. » arrivais-je à répondre en me levant.

24 juin 2018, Castellet, FR

« SAFETY CARS. » entendais-je en voyant la voiture de sécurité entrer en piste.

Je déteste ces moments. J'ai toujours vécu avec la peur des accidents. Même si enfant je ne me rendais pas compte des risques qu'encourait mon père, avec l'âge c'est devenu une vraie phobie.

« Ocon et Gasly se sont accrochés, ils sont out. »

Bon, déjà il n'y a rien de grave. Mais merde. Deux français qui s'accrochent lors du Grand Prix de France. Je suis énormément déçu pour eux, et j'arrive à ressentir la colère noire de l'un envers l'autre. Je ne sais pas qui a fauté, mais quoi qu'il en soit, je sais que ça ne sera pas sans suite.

Après l'évacuation des pilotes et de leurs monoplaces pendant quatre tours de safety car, la course est relancée. Hamilton s'impose, suivi de Verstappen, initialement 4ème sur la grille, et le podium se complète par Räikkönen. Charles s'est classé 10ème, encore une fois dans les points, et je sais qu'il doit être heureux de sa performance. Le premier, et finalement seul français encore en course, Grosjean, se classe 11ème.