Heartbreak - Max Verstappen

Chapitre 22

30 septembre 2018, Sotchi, RU

Les 20 monoplaces chauffent leurs moteurs, pendant que les mécaniciens et ingénieurs évacuent le plus rapidement possible la piste. Le tour de chauffe est lancé, et je crois que je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je sens mon cœur battre jusque dans ma tête. Je prie pour qu'il n'y ait pas d'accident.

J'ai vu Charles ce matin, et je ne l'ai jamais vu aussi déterminé. Après sa P7, il veut encore gagner des places et prouver au monde qu'il est la future génération de champion. Je sais qu'il va repousser ses limites, et j'espère que ça ne va pas lui jouer des tours.

Je n'ai pas vu Max depuis mon départ de son hôtel ce matin. Tout simplement parce que je sais qu'il est dans une concentration extrême, et qu'il va en avoir besoin pour cette course difficile. Il part dans le fond de grille, et je sais qu'il va aussi pousser du mieux qu'il peut pour atteindre la meilleure place possible. Il va aussi repousser ses limites, et je sais très bien que lui, il n'a pas peur du danger ni de la mort.

« Ne déconnez pas putain. » jurais-je à voix basse pendant que je vois les voitures se placer sur la grille.

Les lumières rouges s'allument, et c'est étrange, mais le silence règne sur le circuit comme rarement auparavant. Puis les lumières s'éteignent et la course commence. Les voitures s'élancent à toute vitesse dans le premier virage. Je détourne même le regard de l'écran parce que je n'ose pas regarder tellement j'ai peur. Les commentateurs s'affolent, mais aucun accident n'est signalé.

En queue de peloton, il y a du mouvement, et dans le troisième virage du circuit, Verstappen a déjà doublé Ricciardo, Hartley et Alonso. Chaque dépassement fait stresser les commentateurs, et moi en prime. Il ne rigolait pas quand il disait qu'il allait prendre des risques putain.

Charles est toujours en P7, et gère plutôt bien sa place. A la fin de la première boucle, Verstappen a encore doublé Vandoorne, Sirotkin et Stroll. Six places gagnées en un tour, rarement vu dans un Grand Prix de F1. Il est maintenant en P13, et ne compte visiblement pas s'arrêter là, puisqu'il passe Hülkenberg et Sainz dans la première ligne droite du circuit, et manque d'envoyer sa voiture dans le décor après le freinage qu'il maitrise de justesse. P11 à la fin du deuxième tour. L'attention des caméras et des commentateurs est totalement braquée sur lui, délaissant totalement le début de la course.

« Putain il va se tuer. » dis-je à Tom.

Tom grimace et ne répond pas en voyant Max doubler Ericsson, puis trois virages après, la monoplace de Grosjean. P9 Max. Au quatrième tour, la voiture de Pierre connait un problème de frein, et la monoplace de Toro-Rosso n'a pas d'autre choix que d'abandonner. P8. Max double Pérez dans le tour suivant. A l'aube du septième tour, Max double Ocon, puis Magnussen d'une facilité déconcertante.

Il est maintenant juste derrière Charles, qui est désormais en P5. Après l'avoir suivi pendant presque un tour, la zone de DRS s'approche, et tous les membres de mon corps tremblent.

Max tente un dernier dépassement avant la zone de DRS, mais Charles ne lui laisse pas de porte ouverte. Les commentateurs sont en feu, et moi j'ai peur. J'ai peur parce que je sais que les deux n'ont rien à perdre, et qu'ils n'hésiteront pas à gagner leur place, coûte que coûte. J'ai mal à la tête et je crois que je veux vomir.

La zone de DRS ne donne rien, et dans le virage suivant, Max tente un extérieur. Les deux voitures arrivent de front dans le virage, et leurs roues sont à deux centimètres l'une de l'autre. Max ne faiblit pas, et force le passage. Charles finit par donner un léger coup de frein pour laisser passer Max et éviter un accident certain.

Heureusement que l'un est moins con que l'autre.

Max Verstappen vient de gagner quatorze places en huit tours sur le circuit de Sotchi. Il est maintenant derrière les deux Mercedes et les deux Ferrari. Mes mains sont encore moites de la confrontation Verstappen/Leclerc, je les voyais déjà encastrés dans les barrières.