Un mois. Ça fait très exactement un mois que je suis rentrée de la maternité, un long mois qui a été plus que compliqué.
Daisy ne dort pas, ou du moins pas comme elle le devrait. Elle enchaîne les micro-siestes de vingt, trente minutes, mais guère plus. Les nuits sont longues, parce qu'il faut se lever à chaque fois pour l'aider à se rendormir, et que dans l'intervalle, elle a réveillé Matthew aussi. Tom et moi sommes épuisés, d'une humeur massacrante, ce qui ne nous aide pas à gérer la situation.
Heureusement, Matthew est adorable. Il aurait pu avoir envie de nous faire payer l'arrivée d'un nouveau bébé dans la famille, le fait qu'on dépense quasiment toute notre énergie pour Daisy en le reléguant au second plan. Ce n'est pas comme si on avait le choix, et on prend quand même le temps de s'occuper de Matthew exclusivement, pendant les périodes de repos de sa sœur. Je n'ai pas envie que mon fils se sente délaissé, parce que je l'aime tout autant que Daisy ; Tom est d'accord avec moi sur ce point.
Comme si ça ne suffisait pas, nous avons dû changer de lait en poudre pour la demoiselle. Son sphincter oesophagien ne fonctionnant pas correctement – c'est la petite valve entre l'estomac et l'oesophage, qui permet de cloisonner les deux pour éviter les reflux –, Daisy vomissait les trois quart des biberons qu'elle buvait. Les médecins ne sont pas inquiets, car cela arrive souvent chez les nourrissons et qu'en général, le problème se règle tout seul après quelques mois. Toutefois, un lait plus épais permet d'éviter au maximum les reflux gastriques.
L'avantage, c'est qu'avec la fatigue, l'inquiétude et tout le reste combiné, j'ai déjà perdu la moitié de mes kilos en trop. J'ai du mal à manger, je suppose que c'est pour ça. Quant à Tom, il doit redoubler d'efforts pour camoufler ses cernes lors de ses représentations de théâtre.
Je redoute ces moments-là comme jamais, parce qu'alors je me retrouve seule avec mes deux enfants, et je n'ai pas encore tous mes repères. À bien y réfléchir, peut-être que deux ans d'écart, ce n'était pas suffisant.
Attention, je ne regrette rien. J'aime Daisy de tout mon cœur, c'est juste que je suis exténuée. J'ai toujours été consciente que certains bébés sont plus difficiles que d'autres – ce qui n'a rien d'un reproche, c'est plus une constatation –, mais nous avons été mal habitués avec Matthew. Quoi qu'il arrive, on va s'en sortir, parce qu'on est ensemble et c'est tout ce qui compte.
À côté de ça, Daisy est un bébé à la frimousse d'ange – quand elle ne crie pas à s'en détruire la gorge. Elle ressemble beaucoup à Tom, autant par ses yeux, ses cheveux, que par les traits de son visage. Si je n'avais pas accouché moi-même, je me serais posé des questions : aurait-il trouvé le moyen de faire un enfant sans l'aide de personne, tel Héra mettant au monde Héphaïstos ?
Inutile de se poser la question, Tom est évidemment fan de la petite bouille de sa fille. On parle souvent du complexe d'Oedipe chez le jeune enfant – le petit garçon qui veut détrôner son père dans le cœur de sa mère, ou la petite fille à son papa –, mais est-ce qu'il n'existerait pas une réciproque qui tendrait à être prouvée ? Bien que Tom et moi aimions nos deux enfants avec la même démesure, il est incontestable que Daisy aura un lien fort avec son père comme j'en ai un avec Matthew.
En parlant de Tom... Le voilà qui s'assoit à côté de moi sur le canapé. Ses yeux cernés n'en ont pas moins gardé leur couleur dans laquelle je pourrais me noyer, et ses lèvres fines esquissent un sourire.
– Écoute, je... j'ai pensé à quelque chose.
Je hausse un sourcil et, d'un mouvement de tête, l'encourage à continuer.
– Je vais mettre un frein à ma carrière, finit-il par lâcher d'une voix neutre.
Mettre un frein à sa carrière ? Qu'est-ce qu'il entend par là ? Je fronce les sourcils en attente de plus amples explications.
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Hiddlestoner
FanficEn partant à Londres comme jeune fille au pair pendant tout l'été, le but d'Axelle était d'améliorer son anglais. Pas de se cogner dans un acteur célèbre dont elle est une grande fan. Tom Hiddleston, vous connaissez ? Ils ont dix-huit ans d'écart, n...