Chapitre 33

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    La loge qu'on nous a attribué est plutôt spacieuse. Un grand miroir prend tout un pan de mur, accroché au-dessus d'une grande tablette pour poser trousses de maquillage et autres objets nécessaires à une bonne préparation des artistes. À gauche, deux portes indiquent la présence des toilettes et d'une douche.

    – Ça me rappelle mes galas de danse, je murmure, émue.

    Les évènements ont fait que je n'ai pas mis les pieds sur scène depuis deux ans et demi, ça me donne envie de pleurer. Moi qui vivais à travers la danse, jusqu'à vouloir en faire mon métier...

    – Alors tu es une artiste, toi aussi ?, sourit Tom.

    Je ris, pourtant j'ai le moral dans les chaussettes.

    – Tom, je veux devenir écrivain. Évidemment que je suis une artiste ! J'ai fait un bac S parce que j'adorais les maths, mais tu sais que je suis un paradoxe, non ?

    C'est vrai, j'ai toujours aimé les maths. J'aime encore ça, d'ailleurs, c'est juste que j'aime les maths jusqu'au lycée. À ce stade, si vous comprenez la méthode, il suffit de l'appliquer et c'est plié. À la fac, il y avait des tonnes et des tonnes de définitions et théorèmes sans noms à connaître par cœur, et si vous ne les connaissiez pas tous, les exercices devenaient impossible. Il n'était plus question de logique mais de par cœur ; si j'avais voulu faire du par cœur, justement, je serais partie en médecine.

    À côté de ça, j'ai toujours eu un penchant pour les domaines littéraires. Que ce soit bien clair, je n'ai jamais apprécié les cours de français ou de langues, mais je suis une lectrice avant tout autre chose dans ma vie. Et si je veux devenir écrivain, c'est qu'il y a une raison.

    – Mon petit paradoxe à moi...

    J'éclate de rire, ne pouvant me contenir. C'est tellement niais !

    – Donc, tu faisais de la danse ?, continue Tom comme si de rien n'était. Je veux dire, des représentations.

    Je hoche la tête, le cœur serré. Je donnerais tout pour recommencer, mais je n'ai pas eu la foi de reprendre cette année. Peut-être que je pourrais trouver des cours à Londres, mais je les paierais avec quel argent ? Je refuse que ce soit Tom qui s'en occupe, il fait déjà beaucoup pour moi.

    – Chaque année, vers juin, on faisait un gala oui. J'ai toujours aimé ça, je... Le trac, les applaudissements, la sensation de planer... Je ne sais même pas comment décrire ça, c'est tellement... Mais je n'ai pas besoin d'expliquer, je suppose que tu vois totalement de quoi je parle, non ? Le théâtre, tout ça, c'est un peu la même chose.

    Mon petit ami acquiesce avec un sourire doux.

    – Ça devient vital, n'est-ce pas ? Une fois que tu y as pris goût, tu ne peux plus arrêter.

    – Exactement. Enfin, j'ai été obligée d'arrêter avec les évènements récents, et je n'ai pas pu reprendre en septembre mais... J'échangerais ma vie contre le plaisir de danser sur scène, encore.

    Tom me serre contre lui et dépose un baiser sur mon front.

    – Je comprends.

    Pendant quelques secondes, nous restons dans cette position, profitant purement et simplement de l'instant. J'apprécie ces moments mignons que nous partageons, ça me fait me sentir vivante, entière. Je ne suis pas habituée à recevoir de l'affection en permanence, parce que je ne suis pas habituée à être en couple. Ces derniers mois, nous avons été éloignés, Tom et moi. Cela ne fait que deux semaines que nous vivons ensemble.

HiddlestonerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant