Chapitre 18 :

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- Ton professeur d'art m'a appris qu'il partait, c'est bien dommage...

- Ah bon ? Il s'en va ?

Je n'aurais su dire si j'étais plutôt satisfaite ou mécontente de cette nouvelle.

- Oui, enfin ce n'est pas encore officiel, il devrait vous l'annoncer lundi en cours...

- Et du coup, on aura un remplaçant ou une remplaçante ?

- Oui bien sûr, en revanche, il m'a dit qu'il pourrait continuer un petit peu à te donner tes cours le mercredi !

Je ne savais pas non plus si j'étais heureuse de l'apprendre et j'étais perplexe en ce qui concernait le « un petit peu ».

En effet, le lundi, le prof annonçait son départ pour raisons personnelles. Il annonçait également la venue d'un remplaçant, un certain M. Vanne. D'après M. Hart, il s'agissait d'un très bon prof qui débutait également. La grande majorité des élèves s'est plaint du départ du prof d'art, même ceux qui ne l'avait pas eu. Les gens ne cessaient d'en parler dans les couloirs de l'université. Cela dura jusqu'au premier cours de M. Vanne, un jeune homme d'une vingtaine d'année également, peut-être tout juste plus vieux que M. Hart, avec des cheveux noirs et des yeux verts. Il y avait désormais une petite guerre entre ceux qui regrettaient M. Hart et ceux qui adoraient M. Vanne. Tous les jours j'entendais des discussions dans les couloirs du style : « Oh mon Dieu, il est trop beau M. Vanne ! » « Ah non ! M. Hart il était quand même beaucoup plus beau ! ». Une fille dans ma classe était complètement folle de notre nouveau prof, elle faisait tout pour attirer son attention, ça en devenait ridicule. Le pire c'était qu'elle jalousait toutes les autres filles qui participaient en cours d'art. L'avantage c'est qu'elle se foutait totalement de moi, parce que je n'aimais pas participer en cours. 

Un samedi, Clément m'a demandé si je voulais faire une sortie. J'ai accepté sous le regard insistant de Quentin. J'avais cru comprendre qu'on irait au cinéma tous les quatre avec Quentin et Alice. C'est donc avec surprise que je découvrais qu'il n'y avait que Clément et moi. Je ne sais pas si c'était Quentin qui m'avait tendu ce piège mais je n'étais pas sûre d'apprécier le geste. Clément m'a laissé choisir le film, il a acheté une bouteille de soda et on est allés s'installer dans la salle. On a un peu parlé avant que les lumières ne s'éteignent et que les pubs ne commencent. Il est vrai que j'étais tellement absorbée par le film que pendant celui-ci, j'en avais complètement oublié que j'étais seule avec Clément. Jusqu'à ce que je ne sente sa main se poser sur la mienne à la fin du film. Je n'ai pas osé bouger, il ne l'a pas fait non plus. Lorsque le générique a retentit, il a retiré sa main et s'est levé comme si de rien n'était. Il faisait chaud quand on est sorti, Clément m'a donc proposé une gorgée de soda que j'ai accueillie avec gratitude. Il m'a ensuite emmenée faire un tour en ville. On marchait sans but précis, lorsque j'ai senti sa main chaude se poser sur mon bras et descendre tout doucement jusqu'à ma main. J'ai préféré éviter de tourner la tête vers lui, pour ne pas affronter son regard. J'ai laissé ma main dans la sienne, jusqu'à ce qu'on arrive dans ma rue. La voiture n'était pas sur la pente de garage, signe que mes parents étaient partis. J'ai discuté un petit peu avec Clément à la porte, avant de finir par le faire entrer. On a fait un jeu qu'il ne connaissait pas, il a perdu et a tenu à se venger en se jetant sur moi pour me chatouiller. Je crois que je lui ai donné plusieurs coups sans faire exprès. Pour ma défense, c'était de sa faute, c'était lui qui avait commencé à me faire des chatouilles. Et c'est ainsi qu'il s'est retrouvé perché au-dessus de moi dans le canapé du salon. Lorsque nous nous en sommes rendus compte, il s'est arrêté et un silence gêné s'est installé entre nous. Je ne pouvais pas bouger, coincée par ses jambes. Il avait les joues rouges et le souffle court, je suppose que je n'étais pas mieux. Il a légèrement baissé la tête et commencé à fermer les yeux. Je savais ce qui allait se produire et j'étais incapable de bouger. Alors j'ai fermé les paupières et me suis laissée faire. Il a pressé ses lèvres tout doucement contre les miennes. Voyant que je ne protestais pas, ni ne le repoussais, il a continué quelques secondes. Puis il s'est redressé et s'est levé, me libérant de son emprise. Il m'a aidée à me relever et a affiché un petit sourire. Comme j'étais assez gênée et que je ne savais pas trop quoi faire ni dire, je lui ai proposé à boire. Il a accepté, il était certainement lui aussi assez gêné. Au moment où on s'asseyait face à face autour de la table, mon père est entré dans la maison. J'ai remercié le ciel qu'il ne soit pas revenu quelques minutes plus tôt. Il a salué Clément, s'est préparé un café et est venu s'asseoir à table avec nous. Il a posé quelques questions à notre invité pour savoir comment il allait, si ses études se déroulaient bien, etc. Jusqu'à ce que celui-ci décide de rentrer. Je crois qu'il en avait marre des questions de mon père, ou alors qu'il s'était rendu compte qu'il était assez tard. J'ai raccompagné Clément dehors et fermé la porte derrière moi

- Je suis désolée pour mon père, je sais qu'il peut être chiant avec ses questions...

- Il n'y a pas de problème, ne t'en fais pas...

Il a de nouveau sourit puis s'est rapproché pour m'embrasser doucement avant de relever la tête et de me souffler.

- A lundi !

- A lundi...

Il est ensuite parti, le sourire aux lèvres. Je suis rentrée, mon père sirotait son café en regardant la télé. J'ai tenté de m'éclipser discrètement dans ma chambre mais il m'a pistée et m'a rappelée. J'ai eu le droit au discours élogieux sur Clément comme quoi c'était un garçon bien et tout le « bla bla » avant qu'il ne me pose enfin la question qui le taraudait certainement depuis plus de dix minutes. Il voulait savoir si Clément était mon petit ami. Une question à laquelle j'étais incapable de répondre moi-même, je lui ai dit non, avant de me dépêcher de monter. Je ne savais pas pourquoi j'avais dit ça mais je ne savais pas non plus quoi penser.

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