Chapitre 110 :

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Je savais que ce serait bien plus compliqué que cela pour ceux qui avaient connu Baptiste en temps que prof, mais c'était la vérité. Au bout d'un moment, les gens ne poseraient plus de questions. J'étais déjà heureuse que Quentin ait bien réagi. Seul l'avis des gens que j'aimais importait.

Dans la soirée, après avoir récupéré quelques affaires en toute discrétion chez moi, nous avions à nouveau abordé la discussion que nous avions eu dans l'après-midi.

- Malgré ce que Baptiste a dit, ça ne sera pas aussi simple...

- Je sais, ça prendra du temps mais ça ira. Je pense qu'il faut simplement que les gens comprennent qu'on est deux et ça ira mieux !

- Pas sûr qu'on nous croit au début...

- Ce n'est pas grave, nous on sait qui on est et ce qu'on ressent, c'est l'essentiel !

J'approuvais d'un léger sourire et posais une main sur la sienne.

- Tu crois que le fait qu'on soit ensemble rende la vie de Baptiste beaucoup plus compliqué ?

- Si ça peut te rassurer, j'en ai parlé avec lui. Le plus important pour lui est que nous soyons heureux. On a toujours eu l'habitude que les gens nous confondent et nous prennent l'un pour l'autre. Ça ne change pas grand chose aujourd'hui !

Je me mordillais la lèvre tout de même en proie au doute. Il posa la main sous mon menton pour me forcer à lui faire face.

- Crois-moi, Baptiste va bien, il n'est pas trop embêté par la situation et il t'apprécie. Il n'a absolument rien contre notre relation. 

- Je suis, désolée... je ne voulais juste... pas causer le malheur de quelqu'un d'autre... surtout quelqu'un d'aussi important pour toi...

Il m'enlaça et embrassa tendrement mon front.

- Ce n'est pas le cas, tout finira par s'arranger crois-moi !

Il sembla hésiter avant de reprendre la parole. Il se lança finalement.

- J'ai reçu un appel aujourd'hui...

- Un client ?

Il secoua la tête, il caressa doucement mes cheveux avant de répondre.

- C'était ta mère...

Je me figeais aussi vite, le coeur  battant, les poings serrés.

- Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'elle voulait ?

- Elle s'est excusée. Elle a reconnu qu'ils n'auraient jamais dû en arriver là, qu'elle le regrettait et qu'elle même n'avait pas reconnu son mari. Elle a aussi dit qu'elle avait compris que je t'aimais sincèrement à la manière dont je te regardais...

Il marqua un léger temps de pause avant de poursuivre.

- Elle a ajouté qu'ils n'avaient pas été assez présents pour toi. Qu'ils n'avaient pas su réagir de la bonne manière quand tu n'allais pas bien. Et qu'elle comprenait pourquoi tu n'avais pas osé leur parler de notre relation plus tôt. Elle a dit que ton père aurait certainement du mal à se faire à l'idée mais qu'elle s'efforcerait de le faire changer d'avis...

- Et... qu'est-ce que tu lui as dit ?

- Que je voulais que les choses s'arrangent aussi mais que je préférais attendre que tu sois prête et que l'eau ait coulé sous les ponts avant tout...

Comme toujours, il avait eu les mots justes. Je savais qu'il fallait que j'arrange les choses au moins avec ma mère mais je n'étais pas encore prête à le faire.

- Merci, j'espère que ça n'a pas été trop compliqué pour toi ?

- Ça peut aller. Je ne peux pas affirmer que les souvenirs de mon passage à tabac ne sont pas remontés...

Il frotta doucement son poignet avec une grimace à ces mots.

- Mais je me suis dit que si j'étais parent j'aurais peut-être moi aussi des difficultés à accepter que mes enfants grandissent, prennent leur indépendance et rencontrent de nouvelles personnes...

- J'aimerais que tu n'aies plus jamais à souffrir à cause de moi ou de ma famille...

- Ça ira ne t'en fais pas !

Il pressa délicatement ses lèvres contre les miennes en esquissant un sourire.

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