Art lessons

Chapitre 42 :

J'aurais pu me cacher ou entraîner mon cousin et ma cousine vers les magasins prétextant une envie de shopping. Mais, c'était sans compter sur le destin qui avait voulu qu'Ulrick aille à leur rencontre.

C'était étrange de voir les jumeaux en même temps pour la première fois. Il n'y avait presque aucune différence entre les deux. Leurs vêtements étaient assez différents mais cela s'arrêtait là. Le premier arborait des habits sobres et classiques. Le second portait plus de couleurs. Ulrick serra vivement la main des jumeaux. De quelle manière ils se connaissaient ? Je n'en avais aucune idée. Ils le saluèrent avec chaleur puis s'adressèrent à Clara et moi.

- Bonjour Nina, tu vas bien ? interrogea Baptiste.

- Oui, oui ça va...

Mon cousin fronça les sourcils et nous dévisagea tous les trois tour à tour.

- Vous vous connaissez aussi ?! s'interloqua-t-il.

- On lui a donné des cours d'art... expliqua Baptiste.

Je me suis tourné vers Ulrick en haussant les sourcils. Heureusement, il a compris sans que je ne l'interroge.

- Les jumeaux étaient au même club que moi avant ! Ils ont quelques années de plus mais tout le monde connaissait leurs exploits !

C'est alors que je me suis vaguement rappelée que mon cousin avait longtemps été dans le même club de sport. Mais à ce moment-là je n'avais jamais prêté grande attention aux autres adhérents,  j'aurais dû. Ulrick a lancé une conversation, quant à moi, j'étais surtout gênée de sentir leur regard se poser de temps à autre sur moi. J'ai dû rougir. Heureusement, je crois que personne ne l'a remarqué et on a fini par s'en aller.

- Ils sont sympas ! a commenté Clara une fois dans la voiture.

J'ai laissé Ulrick répondre pour nous deux. Il m'a ensuite redéposée à la maison.

Le cours du mercredi suivant, une fois de plus je ne retrouvais pas Rémy Vanne mais l'un des jumeaux. Yann si je ne me trompais pas. Il s'est montré très bavard ce qui m'a conforté dans mon idée. Il avait visiblement envie de discuter. Il vint s'asseoir sur une chaise en face de moi.

- Je suis content de ne pas avoir pris le poste de professeur finalement...

J'hésitai avant d'oser lui répondre.

- Pourquoi ?

- Ce n'est pas fait pour moi ce genre de chose... Animateur ça ne me dérange pas, on peut se permettre d'être plus laxiste, de rester nous-même alors qu'en étant prof, on se doit de garder de la distance, de ne pas se dévoiler... Alors que c'est justement pour ça que j'aime l'art, il nous permet d'être nous-même, d'exprimer nos émotions...

Je comprenais mais j'étais presque certaine qu'il aurait sans doute réussi à rester lui-même de la même manière que Rémy Vanne. Mais il ne se serait peut-être pas senti aussi libre qu'il ne l'était.

- Je suis désolé... déclara-t-il soudain.

Je fronçai les sourcils d'incompréhension. Je ne voyais pas de raison pour laquelle il pouvait bien s'excuser. Il sembla comprendre à mon expression et repris la parole.

- Désolé de ne pas être intervenu plus tôt ce jour-là, peut-être que tu aurais pu éviter bien des traumatismes...

- Ce... ce n'est pas grave... je... ça va, merci...

J'étais incapable de formuler une autre réponse, comme si j'avais du chewing-gum à la place du cerveau.

- Que dirais-tu d'entamer notre cours ? J'ai prévu quelque chose de spécial aujourd'hui !

- Comment ça ?

- Tu comprendras plus tard ! répondit-il avec un mince sourire.

Il posa une immense toile sur la table et déballa tout son matériel.

- D'accord, alors je suppose, qu'on t'a demandé d'effectuer pas mal de choses pendant tes cours, de te baser sur certains concepts, de faire ressortir tel aspect ou telle émotion...

- En effet...

- Et maintenant, je vais te demander d'aller à l'encontre de tout ce qu'on t'a dit et appris...

- C'est-à-dire ?

- Tu ne vas respecter aucune règle, aucune consigne, aucun concept, aucun moyen d'expression, tu vas tout simplement créer. Te contenter de faire ce qui te passe par la tête, absolument tout ce qui te passe par la tête ! Avec tout ce qui te passe sous la main !

- Et je dois remplir la toile ?

- Je ne te donne pas de consigne, tu fais ce que tu veux ! Mais pour une fois, je vais participer à ton travail !