Chapitre 20 :

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Je l'ai laissé dire, après tout c'est ce que je venais d'affirmer à Clément et puis je me sentais bien avec lui, tout semblait bien plus facile.

Cela faisait désormais trois semaines que je sortais avec Clément, je le voyais presque tous les jours. A l'université, au début, la plupart des gens avaient été assez surpris et nous dévisageaient dans les couloirs quand on se donnait la main ou on s'embrassait. Maintenant, plus personne ne prêtait attention à nous, ils s'étaient tout simplement habitués et étaient passés à autre chose. Depuis deux semaines, j'avais arrêté les cours avec M. Hart et commencé ceux avec M. Vanne. Celui-ci était très gentil et plutôt drôle. Il parlait plus que M. Hart pendant ses cours et je prenais finalement plaisir à assister à ces cours particuliers. Pourtant, étrangement, je regrettais les cours de M. Hart, je ne savais pas pourquoi. Une fois M. Vanne m'a demandé de l'appeler par son prénom pendant nos cours particuliers. Ce qui me dérangeait, l'appeler par son prénom le mercredi et par son nom tout le reste de la semaine me semblait compliqué et puis j'étais capable de me tromper en plein cours devant tout le monde. D'un autre côté, je le comprenais, à 25 ans se faire appeler M. Vanne par une fille de 19 ans en dehors des cours pouvait être gênant. Cela pouvait lui donner le sentiment d'être vieux. J'ai donc accepté sans pour autant le faire. En fait je ne l'interpellais pas, ce qui m'évitait des ennuis. J'ai eu la joie de me taper une crise de jalousie. Un jour, M. Vanne m'a demandé de présenter un de mes travaux en classe, j'étais déjà terriblement gênée de devoir le faire mais en plus à la fin il m'a complimenté sur ma présentation. Je crois qu'à ce moment j'étais aussi rouge que les motifs de son tee-shirt. Il m'a remercié puis m'a renvoyée à ma place. C'est à ce moment que Célia m'a fusillée du regard, oui vous savez, la fille complètement folle de M. Vanne. Juste après le cours elle a littéralement explosé sur moi, elle trouvait injuste que M. Vanne m'ait complimentée et remerciée et tout le « bla bla ». Je n'ai accordé aucune attention à ses lamentations surtout que personnellement, j'aurais préféré ne pas présenter mon travail devant tout le monde. Heureusement, Célia n'avait pas vu que M. Vanne venait me voir ce vendredi pour me proposer d'aller voir un petite exposition locale samedi dans laquelle seraient exposés certains de mes travaux réalisés avec M. Hart et lui. Cela faisait plusieurs jours qu'il m'en parlait en effet, il en avait même parlé à mon père qui bien sûr avait été ravi de l'apprendre. J'ai donc accepté d'aller voir l'exposition avec mon prof. Ce qui sonne très bizarre dit comme ça.
Il y avait beaucoup de monde dans la galerie, ce qui m'a pas mal rassurée. Mon père croiserait peut-être moins de gens qu'il connaissait. On s'est avancé en suivant M. Vanne. Il nous a montré mes travaux qu'on avait décidé ensemble d'exposer. Mon père s'est évidemment extasié devant les progrès « incommensurables » que j'avais fait grâce à M. Vanne et M. Hart.

- Votre fille a beaucoup de talent Paul, c'est pourquoi, je voulais lui proposer d'essayer d'exposer ses œuvres dans des musées par exemple, ce serait rémunéré bien évidemment...

- Dans des musées ? suis-je intervenue complètement abasourdie.

- Oui, je pense que ça aurait du succès, regarde, ça en a déjà dans une simple exposition organisée par une entreprise afin de promouvoir les artistes locaux...

- C'est une très bonne nouvelle, n'est-ce pas ma chérie !? En tout cas, c'est grâce à vous, merci beaucoup Rémy !

C'est ça, exactement, merci Rémy ! J'osais déjà pas faire une présentation en cours devant une quinzaine d'élèves alors être exposée dans un musée. Oui je sais, il n'y peut rien, il voulait juste être sympa et pensait me faire plaisir. Je les ai laissé discuter à ce propos et me suis éloignée pour examiner d'autres œuvres. L'une d'elle à l'aquarelle m'a particulièrement attirée. Elle reposait sur différents tons de bleu et noir en arrière-plan, représentant une nuit orageuse qui recouvrait une forêt lointaine. Au premier plan, il y avait deux doigts positionnés horizontalement, se rejoignant au centre du tableau et se fondant l'un dans l'autre. Des éclairs blancs déchiraient le ciel tout autour de ces doigts liés l'un à l'autre. Je le trouvais magnifique. Peut-être que vous trouvez que j'ai des goûts bizarres. Toujours est-il que je le trouvais tellement beau que je l'ai pris en photo. L'artiste avait signé Ah, je ne savais pas s'il s'agissait d'un pseudo ou de son nom de famille. J'ai fini par sortir un peu pour prendre l'air et appeler Clément. Je lui ai annoncé la proposition de M. Vanne concernant les musées, il m'a évidemment encouragée à le faire. Je me doutais de sa réponse, il n'arrêtait pas de me dire que ce que je faisais était génial. Bien que je ne sois pas sûre qu'il était réellement impartial. Je lui ai également parlé du magnifique tableau que j'avais vu, il a demandé à ce que je lui envoie la photo. Cette fois-ci, en revanche, il n'était pas du même avis que moi. Il le trouvait beau mais rien de plus, il ne ressentait pas la même émotion que moi en le voyant. Je ne l'ai pas contredit, chacun réagissait différemment face à une œuvre d'art. Quand j'ai de nouveau regardé l'œuvre sur mon portable le soir même, j'ai ressenti la même chose que dans le musée, la force de la connexion qui pouvait exister entre deux âmes.

 Quand j'ai de nouveau regardé l'œuvre sur mon portable le soir même, j'ai ressenti la même chose que dans le musée, la force de la connexion qui pouvait exister entre deux âmes

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