Chapitre 90 :

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Avec du recul, je me rendais compte que j'aurais dû parler seule à mes parents, ils auraient été forcé d'écouter mes explications, à un moment ou à un autre. Si je perdais Yann, je serais au moins autant responsable que mes parents...

Il avait raconté aux infirmiers que mon petit ami avait été agressé par des inconnus dans la rue. Je ne savais pas si c'était par égard pour moi ou pour éviter de s'attirer encore plus d'ennuis. Nous n'étions là que depuis quelques minutes que le silence était interrompu par un appel.

- Rémy, Il se passe un truc avec Yann ! Et je n'arrive pas à le joindre !

- Qu'est-ce que tu as ?! interrogea aussitôt le jeune homme aux cheveux noirs.

- J'ai... J'ai cette sensation qu'il se passe quelque chose de grave, j'ai perdu connaissance tout à l'heure et j'ai du mal à respirer aussi mais je sais que ça ne vient pas de moi !

- Baptiste, ne t'en fais pas pour Yann, je m'occupe de tout. Ça va aller !

- Rémy je t'en prie, n'essaie pas de me protéger, dis moi ce qui se passe...

Il poussa un léger soupir avant de se résigner à le faire.

- Yann est à l'hôpital, il a reçu plusieurs coups au niveau du torse et du visage mais les médecins s'occupent de lui... Je viendrais prendre le relais pour garder ta nièce une fois que tu te seras reposé et que tu auras récupéré !

Il sembla se résigner mais demanda des détails sur ce qui s'était passé. Rémy lui expliqua tout, puis raccrocha et se tourna vers moi.

- Tu devrais peut-être te reposer aussi, avec toutes tes émotions, tu dois être épuisée... je te réveillerai si on a la moindre nouvelle !

J'étais incapable de répondre et encore plus incapable de dormir. J'étais fatiguée c'était un fait mais bien trop préoccupée pour pouvoir trouver le sommeil.

Nous avons attendu, ce qui m'a parut durer une éternité avant que quelqu'un nous approche.

- Vous êtes de la famille de M. Hart ?

Rémy avait hoché la tête et s'était redressé aussi vite. Je l'avais imité comme saisie d'un sursaut. Le médecin nous avait expliquer tout un tas de choses mais mon cerveau s'était arrêté sur une seule phrase.

- On peut le voir ?

- Pas avant quelques temps encore...

Il poursuivit son explication mais je ne l'écoutais plus. J'avais l'impression d'être comme dans une bulle déconnectée de la réalité. Je suis retournée m'asseoir et j'ai attendu, complètement sonnée. À un moment Rémy s'est levé et m'a parlé mais j'étais incapable de saisir ce qu'il racontait. Je crois que j'ai quand même hoché la tête ou quelque chose comme ça. Quelques minutes plus tard je fus sortie de mon état de transe par un visage familier.

- Nina...

Il s'était accroupi devant moi, et j'ai eu envie de pleurer mais les larmes sont restées bloquées sous mes paupières.

- Je... je suis désolée...

- Tu n'as pas à t'excuser, tu n'as rien fait de mal et puis Yann a toujours été un peu tête brûlée voir téméraire. Je ne pense pas que tu aurais pu l'empêcher d'agir. Cesse de te sentir coupable...

Il a posé une main sur mon épaule et m'a étreinte le temps d'une seconde. La situation était vraiment très étrange. Baptiste se comportait comme un grand frère le ferait, alors qu'il s'était toujours montré plutôt distant avec moi. Mais j'appréciais ce geste, en réalité j'en avais besoin.

- Rémy est...

- Il est chez moi, si Apolline se réveille il pourra venir avec elle. Je suis venu aussi vite que j'ai pu...

Une infirmière est venue nous voir pour nous indiquer que nous pouvions aller voir Yann. Il était allongée sur le lit d'hôpital, les yeux clos, un masque relié à un tuyau posé sur la bouche. Il avait un pansement sur le front, des bleus presque noirs sous l'œil, sur le nez et sur la joue du côté gauche. Son poignet droit avait été plâtré et était reposé sur la couverture. Je jetais un regard à son jumeau. Il s'avança et déposa un bisou sur sa joue avant de s'asseoir sur l'un des fauteuils mis à disposition. Je m'avançais à mon tour la gorge nouée et lui embrassais tendrement le front.

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