Chapitre 28 :

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Je suis Nina Marlet, une fille presque comme tout le monde, aux cheveux châtains et yeux caramel.
Et je hais ma vie !

Le samedi, je devais aller avec Clément au cinéma. Je l'ai rejoint juste devant. Il a tout de suite remarqué mon expression plutôt neutre et m'a aussitôt demandé :

- Tout va bien ?

- Oui, oui très bien et toi ?

Il a hoché la tête l'air perplexe, je l'ai attrapé par la main et l'ai tiré vers le cinéma. J'ai alors réalisé que j'éprouvais une drôle de sensation en lui tenant ainsi la main. Nous sommes restés silencieux en faisant la queue pour aller chercher nos places. La salle était presque pleine, nous nous sommes frayé un chemin jusqu'à deux places libres sur le côté droit et nous nous sommes installés. J'ai été tellement absorbée par le film que j'ai fait abstraction de tout ce qui se trouvait autour de moi. Ça m'arrivait souvent lorsque je regardais des films ou des séries, je me coupais de tout le reste. Une fois le film fini, on a attendu que la majorité des gens quittent la salle de projection avant de sortir. Alors que Clément me parlait du film qu'on venait de voir, je me suis perdue dans mes pensées. Et alors qu'il continuait toujours de parler, je ne sais pas ce qui m'a pris mais je l'ai embrassé sans prévenir. Là aussi, j'ai ressenti une étrange sensation, la même que celle que j'éprouvai lorsque je lui tenais la main.

- Tu... tu es sûre que ça va ?

- Oui, tout va bien ! ai-je répondu.

J'ai commencé à marcher plus vite. Il m'a rattrapée.

- Eh ! Mais qu'est-ce qui ne va pas ?

- Rien justement, tout va très bien, c'est ce que je me tue à te répéter !

- Alors pourquoi tu agis de cette manière ?

C'est alors que j'ai compris ce qu'était cette sensation étrange quand je tenais la main de Clément ou quand je l'embrassais.

- Je pense que tu sais pourquoi et qu'au fond de moi je le savais aussi...

Il baissa les yeux, je vis sa pomme d'Adam tressauter avant qu'il ne hoche lentement la tête en me regardant cette fois-ci dans les yeux.

- Je pense que toi aussi...

- Oui... répondit-il dans un souffle, je ressens la même chose que toi...

J'ai senti un poids libérer mes épaules et j'ai poussé un petit soupir de soulagement. Clément s'est penché vers moi et m'a enlacée, puis il m'a embrassée tendrement avant de s'écarter avec un petit sourire. Je lui ai rendu son sourire.

Mon père était à la maison lorsque je suis rentrée, mon sourire s'est évanoui, je savais que mon père n'allait pas me laisser tranquille.

- Tu n'es pas avec Clément ?

- Non, je viens de rentrer...

- Mais c'est déjà fini ?

- Oui...

- Comment ça se fait ?

Je savais que mon père n'allait pas me lâcher la grappe.

- Parce que je ne sors plus avec lui...

- Ah bon ? Pourquoi ?

Je n'ai pas répondu et je suis montée dans ma chambre. Je n'étais pas triste, j'avais simplement réalisé que je ne ressentais plus rien quand j'étais avec Clément et il vivait la même chose, on s'était séparé d'un commun accord et nous n'avions de regret ni l'un ni l'autre. Ce baiser d'adieu avait eu un goût de libération.

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