Chapitre 33 :

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Il avait dit ça sur un ton de reproche. Mais comprenez-moi, je n'avais pas eu envie qu'Ulrick aille voir Clément et le menace avec brutalité.

J'ai eu un cours particulier improvisé un dimanche avec M. Vanne, dans ma maison. Oui, vous avez deviné, encore un coup de mon père. Heureusement, ce dernier n'était pas présent, tout du moins au début. Mon professeur a reçu un appel.

J'ai écouté d'une oreille distraite, ne pouvant m'empêcher de prêter attention au discours de Rémy au téléphone.

- Oui, je sais, ça devrait être prochainement... disait-il d'un ton vague.

Il a écouté son interlocuteur, tambourinant légèrement du bout des doigts sur la table.

- Non, ce n'est pas pour moi, c'est pour Alexis... Oui, oui c'est exact mais il n'est pas disponible pour le moment, et je ne suis pas certain qu'il accepte...

Il a marqué une longue pause, sans doute que son interlocuteur cherchait à argumenter.

- Je comprends votre point de vue mais je n'ai pas l'intention de le forcer ! Alexis vous recontactera s'il en a envie, je ne chercherai pas à l'influencer et le laisserai se faire une opinion par lui-même...

Il raccrocha quelques secondes plus tard. Je me demandais qui pouvait bien l'avoir appelé un dimanche soir et surtout qui pouvait bien être ce dénommé Alexis autour duquel la conversation avait tournée.

Rémy ne semblait pas aussi perturbé que moi et a aisément repris le fil de ses explications.

Mon père est arrivé à la fin du cours et lui a proposé de boire un verre. L'ambiance était étrangement joviale chez moi. Je n'avais plus l'impression que Rémy était mon prof mais comme un ami de la famille. En même temps, j'avais aussi l'habitude que cette frontière soit plus que floue avec les fréquentations de mon père. A la fin de la soirée quand il est reparti, il m'a fait la bise, ce qui m'a fait bizarre, en temps normal il se contentait de m'adresser un signe de main pour me saluer, là on venait de rentrer dans la sphère privée. Je me suis endormie, perturbée par ce que ce simple geste pouvait impliquer.

Le lendemain, je voyais Manon, qui venait tout juste de revenir d'un stage à l'étranger, dans le cadre de ses études. On a décidé de se poser en terrasse d'un café pour pouvoir discuter tranquillement. Apparemment, elle avait vécu une expérience inoubliable au Canada. Elle avait même rencontré quelqu'un.

- T'aurais dû voir, c'était trop mignon, il venait me chercher sur mon lieu de stage et me raccompagnait jusqu'à chez moi et il me ramenait toujours un bouquet de fleurs ou un petit cadeau !

- C'est super romantique ! Et du coup comment vous allez faire pour continuer à vous voir ?

- Pour l'instant on communique via les réseaux sociaux mais il envisage de venir s'installer en France...

- Déjà ? Alors que vous vous connaissez à peine ?!

- Il avait déjà ce projet et puis ça fait longtemps qu'il a envie d'apprendre le français...

- Wow ! C'est du sérieux alors !

- Oui, j'espère, il est tellement gentil et drôle aussi !

Le serveur est venu à ce moment-là pour débarrasser notre table, nous n'avons pas tardé à nous lever pour nous en aller, nous sommes entrées dans le café pour aller régler. Le serveur qui était à la caisse m'a regardé en haussant les sourcils.

- Vous n'êtes pas avec votre petit ami aujourd'hui ?

Quel petit ami ? J'étais presque certaine de n'être jamais venue avec Clément dans ce café et encore moins avec Lucas. C'est alors que je me suis souvenue que la dernière fois que j'étais venue ici c'était avec... Oh mon dieu ! Maintenant je reconnaissais cet homme, c'était le serveur qui s'était occupé de M. Vanne et moi. Alors cela voulait dire que... Il croyait que je... que je sortais avec M. Vanne, avec mon prof, avec Rémy... Appelez-le comme vous voulez, ce n'en était pas moins gênant.

- Euh... ce n'est pas mon petit ami... ai-je bredouillée aussi cramoisie que possible.

Je me suis empressée de régler les consommations et ai entraîné Manon vers la sortie. Par chance, elle n'avait pas entendue ma conversation avec le serveur.

J'ai été tourmentée par cette simple pensée encore assez longtemps. Rémy Vanne était très gentil, drôle et très beau c'était vrai... Il n'en restait pas moins mon professeur, alors imaginer que quelqu'un ai pu croire qu'il s'agissait de mon petit ami était perturbant. Plus que perturbant même. De plus, j'appréhendais le cours particulier que j'allais avoir avec lui le mercredi après-midi.

Finalement, il s'était plutôt bien déroulé. Il n'a pas fonctionné de manière différente que celle de d'habitude. Finalement, je m'étais inquiétée pour rien. J'évitais toujours de l'appeler pour être sûre de ne pas me tromper mais j'avais fini par m'habituer à cela. J'étais passée maître dans l'art de remanier les phrases pour m'adresser aux gens que je ne savais comment appeler. Je suis certaine que cela vous est déjà arrivé à vous aussi !

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