Chapitre 116 :

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Tout le monde était enfin installé dans le canapé et après quelques banalités, Julien posa finalement la question à laquelle je m'attendais.

- Alors les deux couples de tourtereaux, comment avez-vous fini ensemble ?

Vous voulez raconter en premier ? interrogea Alice.

La connaissant, je savais qu'elle brûlait d'envie de tout déballer, mais je savais qu'elle adorait aussi marquer les esprits le plus longtemps possible. Elle préfèrerait donc passer en dernier. Je hochai lentement la tête et Yann prit la parole.

- On s'est rencontrés tout à fait par hasard, mais comme on est tous les deux dans le domaine de l'art, on a été amenés à se croiser plusieurs fois. Nous avons beaucoup échangé avant de sortir ensemble, les choses se sont faites plutôt naturellement...

- Tu es un artiste ? demanda Alice.

Quentin fut alors pris d'un fou-rire incontrôlable, je lui donnais un coup de coude mais ne pouvait m'empêcher de sourire moi aussi. Les autres lui lancèrent un regard circonspect.

- C'est juste l'artiste français le plus en vogue du moment... finit-il par répondre.

- Vraiment ?!

- "Ah", Alexis H., c'est lui, enfin c'est son pseudo !

- Oh mais je regarde tes vidéos ! s'estomaqua Alice.

- Depuis quand tu t'intéresses à l'art ? souleva Julien abasourdi.

- J'avoue que je suis tombée sur la chaîne par hasard mais j'ai trouvé ça vraiment cool ! Depuis je me suis abonnée !

Yann afficha un mince sourire et haussa les épaules.

- Mon meilleur ami monte les vidéos, c'est en grande partie grâce à lui que j'en suis là aujourd'hui !

- C'est vraiment énorme !

Tout le monde voulait tout à coup tout savoir sur nous et notre rencontre. Nous avons expliqué un certain nombre de choses préférant cependant garder certains détails pour nous, comme l'agression, l'altercation avec mon cousin, ce qui s'était passé avec mes parents et ce que mon père avait fait... Bon d'accord, ça fait peut-être beaucoup de détails mais chacun à le droit de préserver un minimum d'intimité, non ?

Ils étaient tous pendus à nos lèvres comme si nous étions tout à coup devenus le centre de l'univers. C'était plutôt déroutant.

Je fus soulagée que les regards se tournent finalement vers Alice et Léandre pour entendre leur histoire.

- Vous êtes prêts ?

Tout le monde approuva, je savais qu'elle adorait se mettre en scène et profiter d'une audience réceptive. On aurait dit une athlète s'apprêtant à entendre le coup d'envoi d'une course.

- Comme certains d'entre vous le savent, je vais régulièrement me faire une manucure chez une esthéticienne...

- Ah bon ?! Ça ne me dit rien... ironisa Quentin.

Elle leva brièvement les yeux au ciel, un sourire en coin, avant de poursuivre son récit.

- Bref, j'avais rendez-vous chez l'esthéticienne un samedi après-midi, j'étais sur le parking, en train de chercher une place de stationnement quand une autre voiture qui voulait quitter sa place devant laquelle je me trouvais, m'est rentrée dedans. Comme vous pouvez l'imaginer, je suis sortie en furie. Là-dessus, le type me dit que c'est de ma faute, que je suis en tort et que je dois le dédommager pour les dégâts sur sa voiture. Je lui ai répondu que c'était à lui de regarder avant de faire sa marche arrière et que c'était lui qui m'était rentré dedans et non l'inverse. Et là il me dit qu'il est flic et que si je continue à l'emmerder, je vais avoir des problèmes... Bon j'aurais peut-être pas dû l'insulter autant...

Elle laissa planer le suspense quelques secondes, avec un sourire. Julien fut le premier à s'impatienter.

- Et donc ?

- C'est à ce moment-là que mon chevalier servant est arrivé ! Je ne me souviens plus des termes exacts mais il a rembarré le sale type et a défendu mon honneur !

Devant la mine perplexe de la plupart des convives, le concerné se senti obligé d'apporter quelques précisions sur son intervention.

- Je fais des études de droit depuis plusieurs années, je suis aussi stagiaire dans un cabinet d'avocats. J'ai simplement expliqué à cet homme qu'il pouvait avoir de sérieux ennuis s'il refusait d'admettre ses torts... D'ailleurs je ne suis pas sûr qu'il travaillait véritablement dans la police...

- Depuis on ne se quitte plus, c'est mon héros !

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