Chapitre 95 :

39 4 1
                                        

Je ne pus retenir un petit rire cette fois. Il avait croisé les bras d'un air déterminé.

- La grève de quoi ?

- La grève de papa et maman ! répondit-il avec force.

Je soufflais doucement pour éviter d'exploser de rire devant sa sincérité désarmante. Une fois calmée, je parvenais à reprendre la parole.

- Nolan, Il ne faut pas que tu te les mettes à dos à cause de moi !

Il haussa les épaules, la mine toujours renfrognée, les bras croisés et les sourcils froncés.

- C'est de leur faute à eux d'abord !

Il baissa les yeux avant de poursuivre d'un ton maussade.

- En plus ils veulent plus que je vois Apolline !

- Je suis désolée...

Je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable, s'il n'avait pas le droit de voir sa copine, c'était à cause de moi. Il s'approcha alors et se blottit contre moi, je le serrais fort, la gorge nouée.

- Dis Nina, tu as envie de pleurer parce que tu ne peux pas le voir ?

Je prenais une profonde inspiration, passant doucement ma main dans les cheveux de mon frère. Je ne pouvais pas pleurer, pas devant lui et pas quand j'aurais pu éviter de me retrouver dans une telle situation. Ça vous est déjà arrivé d'avoir l'impression de retenir votre souffle comme si vous étiez en apnée ? Vous essayez de prendre une bonne bouffée d'air mais il n'y a rien à faire vous n'y parvenez pas. Alors vous êtes obligés de vous rendre à l'évidence, il ne sert à rien de lutter, autant accepter la souffrance. C'est ce que je ressentais à l'idée d'être séparée de Yann. Mais je ne pouvais pas répondre ça à Nolan.

- Ça va mon grand, ça ira mieux bientôt !

- Mais... moi je le vois que tu es triste ! Je n'aime pas quand tu es triste !

Je m'efforçais de sourire, la présence de mon frère était réconfortante malgré tout ce qu'il se passait.

- Tout ira mieux après demain !

- Pourquoi après demain ? interrogea-t-il.

- C'est son anniversaire demain... Je ne pourrais pas lui souhaiter mais ça ira mieux après...

J'étais parvenue à maîtriser les tremblements de ma voix. Je ne lui avais pas dit la vérité, Noël était dans quelques jours et je savais que ça me coûterait beaucoup de passer autant de temps sans lui. Mais il valait mieux que Nolan ne soit pas trop atteint par tout ce qu'il se passait. Je préférais le préserver. Il semblait cependant avoir compris que j'avais besoin de réconfort. Il m'avait serrée plus fort dans ses bras.

- Je suis sûr que tu pourras le revoir bientôt !

- Merci Nolan, t'es un ange !

- Je le sais ! s'exclama-t-il.

C'est à ce moment-là que nous avons entendu du bruit au bas de l'escalier. J'ai pressé mon frère de retourner dans sa chambre avant que mon père ne se rende compte de ce qu'il se passait.

- Nolan ? Qu'est-ce que tu fait ?

Il ne répondit pas mais se mit à bruyamment déplacer des caisses de jeu dans sa chambre. Mon père qui n'avait visiblement pas raccroché lui demanda de faire attention avec ses jouets, avant de retourner à sa conversation.

Mon bref instant de liberté était déjà terminé, je devais à nouveau me résoudre à me morfondre seule dans la pièce qui était devenue ma prison.

Art lessonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant