Chapitre 96 :

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Mon bref instant de liberté était déjà terminé, je devais à nouveau me résoudre à me morfondre seule dans la pièce qui était devenue ma prison.

C'était l'anniversaire des jumeaux et j'étais coupée du monde extérieur depuis quatre jours.  Ma seule source de distraction était les livres que je n'avais pas envie de lire. C'était probablement la première fois de ma vie où je n'avais pas envie de faire du dessin, de l'aquarelle, de la peinture ou quoi que ce soit d'artistique.

Nolan était parti jouer chez Mathias. Au moins un qui pouvait s'amuser un minimum. Visiblement, il avait tenu sa promesse de grève des parents. Il s'efforçait de les voir le moins possible. Une fois rentré de chez son meilleur ami, j'entendais mes parents lui demander de cesser cette comédie ridicule.

Deux jours plus tard, c'était le soir du réveillon. On le fêtait avec la famille de mon père, chez ma tatie Nathalie. Il y avait également  mon grand-père ainsi que mon tonton Laurent et son fils Sacha. Curieusement, le fait que je sois privée de sortie n'avait pas empêché mes parents de me traîner là-bas. J'étais vraiment punie pour ce qui les arrangeait.

Ce fut sans aucun doute le pire Noël de ma vie. Mes parents essayaient tant bien que mal de masquer leur colère, Nolan ne se gênait pas pour montrer qu'il était mécontent et je m'efforçais de dissimuler la colère et la tristesse qui me rongeaient. A côté de tout cela, nous étions supposés faire semblant de nous amuser dans la bonne humeur. Toute cette mascarade n'avait aucun sens. J'aurais presque pu rire du ridicule de la chose si je n'avais pas été effondrée.

Le lendemain c'était reparti pour la même comédie avec la famille de ma mère : ma grand-mère, mes oncles et tantes et mes cousins, cousines Ulrick, Clara, Violette et Loan.

Visiblement, sur la liste des choses dont j'étais privée, mes parents avaient ajouté mon cousin. Ils s'étaient arrangés pour que je ne me retrouve jamais seule avec Ulrick.
Il avait très vite comprit que quelque chose ne tournait pas rond mais quelles que soient ses tentatives pour me parler, mes parents les faisaient toujours échouer. Il avait croisé mon regard et tenté de me sonder. Autant vous dire tout de suite, la télépathie n'est pas notre fort. Je ne pense pas qu'il ait compris quoi que ce soit aux roulements de mes yeux, mes grimaces et mes froncements de sourcils. On aurait pu croire que j'étais agitée de tics nerveux ou que j'avais soudain perdu le contrôle des mouvements de mon visage.
Heureusement, Ulrick était intelligent. Alors que nous n'avions aucun intérêt pour le jeu de devinettes familial. Il lui était tout à coup venu un éclair de génie. J'essayais sans aucune envie de faire trouver le mot "grelot" quand il s'était levé et m'avais regardé droit dans les yeux.

- C'est Alexis !?

- Oui... ai-je répondu sans plus me préoccuper du jeu.

- Mais il n'y a pas de prénoms à deviner ! rétorqua Loan.

- Quoi ?! Non mais c'est pour Alexis le... le lutin ! répliqua Rick.

- C'est ça... confirmai-je.

Ça n'avait aucun rapport et ce n'était pas le mot à trouver mais le message était passé et à cet instant, c'était tout ce qui comptait. Personne n'a émit d'objection, mon cousin et moi avions pour habitude d'avoir des références que les autres n'avaient pas forcément.

Je n'avais que faire de tous les cadeaux que j'avais reçus, la seule chose que je voulais c'était de revoir Yann. J'avais l'impression que mon cœur se déchirait chaque instant un peu plus.

Le lendemain de Noël, nous échangions les cadeaux avec les meilleurs amis de mes parents. Encore une journée passée à prétendre que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais je refusais toujours d'adresser la parole à mes parents, tout comme Nolan qui était toujours en grève visiblement.
Mon seul espoir résidait en Ulrick.

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