Art lessons

Chapitre 30 :

Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait et je savais que cela ne me regardait pas. Mais en y pensant je pouvais me sortir un petit peu de mon quotidien.

Les rencontres avec les directeurs de musée s'étaient plutôt bien déroulée, je vous avouerai que je n'y étais pour rien. C'est Rémy Vanne qui avait pris en charge toutes les négociations. Il avait géré comme un chef. Grâce à lui, certaines de mes œuvres seraient exposés dans des musées départementaux. Après le dernier rendez-vous, nous sommes ressortis dans le centre-ville.

- Alors, si on fêtait ça ?! a-t-il lancé d'un ton naturel et détaché.

Je n'ai pas eu le temps de réellement me prononcer, que déjà, il me tirait vers un café non loin de là. Il s'est installé en terrasse et je me suis sentie obligée de m'asseoir en face de lui. Il semblait tellement décontracté et à l'aise que ça m'a rappelé qu'il ne devait pas être beaucoup plus âgé que moi. Un serveur nous a tendu une carte avant de s'éloigner pour s'occuper d'une autre table.

- Tu veux boire quoi ? Je ne pense pas qu'ils aient de champagne !

- Eh bien... Je ne bois pas d'alcool...

- Pas de problème ! Prends ce que tu veux !

Il m'a tendu la carte que j'ai rapidement parcourue du regard, avant de la reposer sur la table. Etonnement, je me sentais plus à l'aise avec lui qu'avec M. Hart, peut-être parce qu'il semblait plus ouvert. Le serveur est venu prendre notre commande, puis s'est éclipsé. M. Vanne a commencé à parler de tout et de rien. On nous a apporté nos boissons. Il m'a porté un toast. Installé de la sorte à une terrasse de café, un verre de soda à la main, son corps mince détendu dans une chaise, ses cheveux noirs en bataille et simplement vêtu d'une chemise et d'un jean noir, il faisait très jeune. En vérité, il faisait moins de vingt-cinq ans, vingt ans peut-être, mais je savais que pour être prof il devait être plus âgé que ça. En cet instant-là, il ne me faisait plus penser à un enseignant. Mais finalement, Rémy Vanne gardait la même personnalité, avec ou sans son étiquette de prof. Il fallait que je fasse attention à ce que je lui disais, j'aurais pu finir par l'appeler par son prénom ou le tutoyer. Je savais déjà qu'il préférait que je l'appelle par son prénom et que ça ne le dérangerait probablement pas que je le tutoie mais ça me gênait. Du coup j'évitais tout simplement toute formulation dans laquelle je pourrais l'interpeller. Tout à coup, j'ai senti mon portable vibrer dans ma poche. Je me suis excusée auprès de Rémy et j'ai pris l'appel.

- Oui, Rick ?

- Salut Nin', ça va ?

- Oui, oui...

- Je te dérange c'est ça ?

- Non, ça va, qu'est-ce qu'il y a ?

- Je voulais qu'on se voie pour parler... Tu serais dispo demain ?

J'étais plutôt surprise, en général mon cousin ne paraissait pas aussi nerveux et pressé. Je lui répondais donc aussitôt par l'affirmative

- Super. Je viendrai chez toi demain !

J'ai raccroché assez perplexe à propos de ce coup de téléphone. Je me demandais bien ce qu'il pouvait me vouloir. Rémy a du remarquer mon expression.

- Quelque chose ne va pas ?

- Non, c'est rien, je... c'est juste mon cousin, rien d'important... enfin je crois...

Il a laissé courir, il ne voulait probablement pas rentrer dans mes histoires de famille. Il a changé de sujet et nous avons repris notre conversation. J'ai vu que le serveur nous épiait du coin de l'œil. Il était vrai qu'en prenant du recul, je me rendais compte que ce moment était très étrange. Je ne savais pas trop quoi en penser.