[A-X] chapitre 5

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J'avais couru de toutes mes forces vers la ville d'où j'étais parti. La nuit noire m'accueillit. Haletant, Paimon endormie sur mes épaules, les quais de Liyue étaient déserts. Seuls les lampadaires m'éclairaient. Montant les marches monumentales amenant au centre-ville de Liyue, je sentais mes jambe céder. Je trébuchais dans les marches et tombais sur le menton. La douleur me coûta un grognement. Mais la panique était telle que je ne pouvais que courir. J'en avais la force. Il faut que je trouve Zonghli. Il faut que je trouve Zonghli. J'étais l'un des seuls à connaître le secret de Zonghli : il était Morax. Seul Morax pouvait aider Xiao dans sa folie hurlante. Je me relevais et repris ma course effrénée au Funérarium Wangshen. Arrivé devant la porte, je pris un temps pour me reposer. Mes jambes tremblaient d'effort et de peur, mon regard était fuyant et paniqué. Mon souffle était haletant et saccadé, je ne pouvais plus parler. Mon menton bleuté indiquait une blessure, superficielle comparée à ma jambe qui m'avait fait perdre un peu de sang sur le chemin.

La brûlure à ma jambe droite me faisait tellement mal que je pensais qu'on ne pouvait pas la soigner. Alors que j'allais toquer, la porte s'ouvrit. Hu Tao et Zonghli étaient face à moi. Les larmes qui avaient coulé en début de soirée revinrent et je fondis en larmes. Mes jambes cédèrent : j'avais trouvé Zonghli. Je tombais dans les bras de Hu Tao qui était paniquée de me voir dans un état pareil. Elle m'avait rattrapé dans un élan lumineux où des papillons éclatants s'étaient blottis contre moi. L'homme brun se dépêcha de retourner à l'accueil et de donner ses ordres. En quelques secondes, je fus emmené dans une chambre, enroulé dans une couverture. Hu Tao et Zonghli à ma suite. Je pouvais ressentir le vent de panique que j'avais créé dans ma hâte. Je n'arrivais pas à m'exprimer. Mes lèvres étaient tellement sèches que même un gommage ne pouvaient pas retirer toutes les peaux mortes. J'étais tellement soulagé d'être arrivé.
Zonghli me portait d'une épaule dans le lit et ils s'assirent tous les deux dans des chaises en face de mon chevet. Un des assistants apporta une serviette chaude parfumée au muguet bleu. Hu Tao me la posa sur le front. Une suivante amena une soupe de lait chaud au miel. L'odeur me provoqua un gargouillement. Zonghli posa son regard rassurant sur moi.

« Tu es en sécurité ici, Aether. Reposes-toi, nous parlerons de ce qui t'est arrivé...
-NON !! »

Je n'avais réussi qu'à prononcer ce mot. Cette négation ferme fit faire les yeux ronds à Hu Tao. Mes lèvres s'étaient arrachées entre elles. Je regrettais amèrement mais malgré la douleur légère, il fallait que je l'avertisse.

« Xiao... Xiao, il... »

Zonghli posa son doigt sur ma bouche. Son assurance et son calme m'apaisaient instantanément.

« Tout va bien. Je suis au courant. C'est pour ça que tu dois te reposer. Tu vas m'aider, je ne peux pas l'aider tout seul. »

Je ne comprenais pas où il voulait en venir ni comment il l'avait su, mais je ne pus qu'acquiescer. Ils se retirèrent et Hu Tao me lança un regard espiègle.

« Ne meurs pas, ou sinon c'est moi qui devrais t'enterrer ! »

Je rigolais fébrilement à sa blague et elle disparut. Par la suite, Baizhu était venu me rendre visite pour soigner mes blessures. Il m'avait expliqué que mes blessures étaient superficielles mise à part la balle enflammée qui se trouvait dans ma jambe, et que si j'avais l'occasion de ne pas m'agiter, ce serait pour le mieux. Malheureusement, je me doutais que la tâche que Zonghli allait me confier n'était pas de tout repos. Je ne pus que m'endormir comme un bébé dans le lit confortable qu'ils m'avaient fait.

•••

Je me réveillais en sursaut. Je regardais par la fenêtre qui était dans la pièce et j'aperçus le jour se lever. Il devait être dans les environs de six heures. Le soleil pointait le bout de son nez. Paimon sortit de son monde parallèle et nous discutions brièvement. Sans se concerter, nous savions ce qui nous restions à faire. J'essayais tant bien que mal de me relever mais il fallait avouer que les courbatures et les blessures n'aidaient pas.
Je me levais et posais les pieds à terre. Une tenue était posée sur le lit, pliée. C'était un beau costume bleu. J'enfilais la nouvelle tenue, pris mes chaussettes et mes bottes et m'ébouriffais mes cheveux, pour les « coiffer », comme à mon habitude. C'est alors que je me rappelais Xiao qui jouait avec mes cheveux. Mon coeur se serrait. Les mèches blondes qui encadraient mon visage s'étaient bouclées avec l'humidité de l'air de la veille.
Je m'avançais dans le salon et me rendis compte que le Funérarium était en effervescence. Les aller-retours du personnel m'inquiétaient. Je m'avançais un peu plus et me rendis compte que Zonghli se trouvait en présence de Madame Ping. Je la regardais au loin quand les yeux dorés du consultant du Funérarium Wangshen m'invitèrent à les rejoindre. Je m'invitais donc dans leur conversation en faisant bien attention d'éviter les passages des assistants.

« Aether, je te présente Madame Ping. Déclara Zonghli.
-Oui, nous avons déjà eu l'occasion de faire connaissance. Répondit l'intéressée. Comment vas-tu ?
-Bien je vous remercie.
-Aether, Madame Ping, je vous propose de nous mettre dans une autre pièce... »

Nous le suivîmes, Paimon sur mes talons. Madame Ping prit de l'allure et entra dans la pièce, à la suite de Zonghli. Il referma la porte une fois que nous fûmes rentrées.

« Bien. Aether... Commença-t-il d'un air grave. Xiao est entré dans une folie noire. Il en a déjà eu, mais celle-ci est bien importante. Il peut s'en réchapper mais c'est du travail difficile psychologiquement et physiquement. Tu es prêt ?
-Bien sûr, il est normal qu'on le sauve.
-Je suis content de t'entendre dire ça. Me sourit Zonghli. Je t'explique qu'est-ce que nous devons faire... »

Madame Ping s'avançait. Elle déposait au sol un étrange objet. Une théière pour être plus exacte. Elle flottait au dessus du sol. Sa couleur dorée me faisait penser à Dame Ningguang sans comprendre bien exactement pourquoi. La fumée qui s'échappait de son bec me paraissait étrangement familière. Zonghli frappa sur le couvercle métallique blindé de l'objet.

« Ceci peut sauver Xiao. Je t'explique... » Il s'éclaircit alors la voix. « Cette théière est une création de Madame Ping mais également un grand cadeau qu'elle m'avait fait par le passé. C'est ici que je passais du temps sur mes créations et pour me reposer. J'imagine que tu l'as compris, mais Xiao a grandi dedans. Elle est donc aménagée pour canaliser de grandes énergies magiques telle que la corruption de Xiao. » J'acquiesçai. « Il doit sûrement être entouré d'un vent violent qui doit lui déchiqueter la peau petit à petit mais ça vaut aussi pour nous. Dans la Sérénithéière -l'objet que tu vois devant toi-, nous pourrons le canaliser car celui que je désigne peut devenir le maître des lieux.
-Dans cette Théière, reprit Madame Ping, tout ce que tu souhaites se créer devant toi. Malheureusement, elle a une capacité de stockage limité. A trois, vous serez amplement suffisant.
-Vous venez avec moi ? Demandai-je en me tournant vers le Consultant du Funérarium.
-Je me dois de vous faussez compagnie. Je ne ferai qu'aggraver la situation.
-Mais alors qui est la troisième personne ? »

Alors que je posais naïvement la question, la porte s'ouvrit. Les cheveux bleutés de la personne me provoquèrent un grand sourire. Les cornes grenat qu'elle arborait sur le dessus de sa tête et la cloche de bergerie qu'elle portait autour de son cou me ravirent. Elle semblait essoufflée, et haletante me sourit en me voyant.

« Je suis vraiment désolée du retard. S'excusa Ganyu, de sa voix douce.
-Ca ne fait rien. La rassura Zonghli. Vous partirez donc tous les deux pour le sauver. Ganyu, je te place le démon sous ta protection.
-Bien évidement, il en était convenu comme ça.
-Prenez la Sérénithéière. Déclara Madame Ping en nous tendant l'objet. Lorsque vous la poserez au sol, vous serez téléporté en son sein. Faîtes en sorte d'être le plus rapide possible afin que vous puissiez maîtriser Xiao avant qu'il ne se réveille.
-Se réveiller ? Demandai-je.
-Vous tomberez dans l'inconscience pendant le voyage. Je sais que vous serez capable de ramener Xiao à la raison. Sauvez notre brave petit. Déclara Dame Ping, un éclat de tristesse dans la voix. »

Dame Ping me donna la théière dans ma main qui rétrécissait à vue d'oeil. Je pus la mettre dans ma sacoche et elle me sourit. Je me tournais vers ma nouvelle coéquipière que je connaissais très bien. Nous sortîmes de la pièce et Ganyu m'emmena à l'extérieur de la ville. J'étais plutôt heureux de pouvoir compter sur elle pour sauver Xiao.
Je me faisais encore du souci quant à mon camarade que j'avais dû laisser s'enfuir, mais de l'assurance avait pris sa place dans ma conscience. J'étais certain que nous pouvions faire quelque chose.

𝐺𝑒𝑛𝑠ℎ𝑖𝑛 𝐼𝑚𝑝𝑎𝑐𝑡 - Plongée dans Teyvat !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant