[A-S] Chapitre 5

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{Ecoutez ce passage avec la musique en lien, ça rend super bien je vous jure !!]

Il m'était déjà arrivé de me remémorer la première fois où je l'ai rencontré.
Ce jour-là il pleuvait des cordes. Je m'entrainais dans la Plaine de Byakko face à l'épouvantail trempé en face de moi.
J'étais haletante et fiévreuse, j'étais bien trop jeune pour endurer un tel entraînement. Mais je m'étais promise que tant que cet épouvantail serait encore debout et que mes coups de poings nus n'en venaient pas à bout, je continuerai à m'acharner dessus. Mes phalanges écorchées par la vieille et solide paille, teintées par la peinture fraîche du mannequin, du sang venait colorer le matériau de l'épouvantail.

Soudain, alors que je sentais le tournis me prendre et que je chancelais, prête à sombrer dans l'inconscience, j'entendis un drôle de bruit qui vint me réveiller.

Je me tournais vers le bruit quand je compris qu'il s'agissait d'un cri d'humain.
Mon corps bougeant tout seul, je me dépêchais vers la direction de celui-ci, mon frêle arc en bois dans mon dos.
Une fois arrivée, je me rendis compte que l'homme que je pensais en danger avait juste simplement glissé à cause de la terre humide et qu'il avait crié de peur, ne s'y attendant forcément pas.

Il avait des cheveux longs et argentés, mais d'un blanc si prononcé que je crus à une teinture artificielle. Il auscultait son genou écorché, grognant d'agacement. Quand il m'entendit, il se retourna, les yeux effrayés. Son regard bestial, cette lueur rouge dans son iris, j'étais encore plus terrifiée que lui, pensant avoir rencontré un monstre.
La main tremblante, je l'avais doucement amené sur la garde de mon arc, prête à lui décocher une flèche entre les deux yeux.

Nous nous étions fixés de cette manière quelques secondes à peine, mais suffisamment pour que ce souvenir reste gravé dans ma mémoire. Ce regard de bête, effrayé et prêt à en découdre, cette mine grave.
Ce qui m'avait le plus surpris, c'était que quelques instants plus tard, il arborait un sourire tellement éclatant que mes peurs se dissipèrent.

Doucement, il s'était relevé, le rouge aux joues.

« Je suis bien gêné d'admettre que tu m'as vu dans une position délicate... Dit-il, en rigolant nerveusement. Ca reste entre nous, d'accord ? »

Je le regardais avec désarroi, mais acquiesçais lentement. Sans le quitter des yeux, la main toujours prête à dégainer, je l'inspectais du regard.

Il était couvert de boue. Son peu de vêtements, ternes, me donnait la chair de poule. Sous cette pluie battante, je ne m'attendais pas à ce qu'il puisse encore bouger tellement il faisait froid.
Il se relevait et vint s'avancer vers moi, naturellement. Ses cornes rougeoyantes et encore si petites à l'époque piquaient ma curiosité, j'ai encore bien honte de ce que j'avais dit, pourtant sans aucun sous entendu.

« Toi aussi, tu es comme moi ? »

Ma question l'avait mis en déroute, et il m'avait alors regardé avec beaucoup de profondeur, comme pour essayer de comprendre le sens caché de ma parole.
J'étais à ce moment-là, en train de nager dans une sensation paisible, alors que la pluie me faisait greloter. Je retirais ma main de mon arc et me tournais, dos à lui.
Je déployais mes ailes de corbeau d'un air fier et le regardais, tout en zieutant ses cornes.

« Toi aussi tu as un truc de plus que chez les autres ? »

Itto m'avait alors dévisagé, zieutant à son tour ses cornes, posant sa petite main dessus et sourit avec légèreté.

« Ouais ! Dis, tu t'appelles comment ? »

Je me tournais complètement vers lui et lui tendis ma main, innocemment.

𝐺𝑒𝑛𝑠ℎ𝑖𝑛 𝐼𝑚𝑝𝑎𝑐𝑡 - Plongée dans Teyvat !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant