Rayan stationna sa voiture vers la rue Porte d'Italie. Nora était devant la faculté de droite. Elle avait pris le bateau-navette du Sagno Del Mar. Le joueur de poker vint auprès de sa femme et lui dit :
— Prête à faire les emplettes à Mayol ?
— Prête, houbi.
Le couple passa tout près de la faculté de droit. Nora fut de marbre face aux trois colosses du bâtiment d'en face de la faculté : trois tours avec des baies vitrées. Ce lieu signifiait tout pour la détective : un lieu pour faire un burn-out ainsi qu'une déprime.
Nora s'en souvenait de sa première année sur les bancs à la fac, à l'Université de Toulon au centre-ville, Portes d'Italie. Oui, le fameux BUT Métiers Du Multimédia et de l'Internet. Quelle effroyable expérience de cette première année d'intégration à la vie d'une étudiante !!! La détective tombait à l'eau sans boué de sauvetage. Oeil pour oeil, dent pour dent, en 2018 dans les couloirs de ce lieu, elle se sentait terriblement seule. Nora fut déprimée de l'environnement qu'il y avait dans ces trois tours, ces trois monstres de pierre : une promotion égoïste, une quantité indéchiffrable de modules, des heures interminables, des profs gênants, une organisation déplorable, un stage au service de communication sans communication... Oui, il existait des gens malsains qui profitaient de la naïveté de la détective, des gens méchants qui jouaient avec ses émotions.
La jeune femme avait choisi cette école pour seulement le plaisir de sa mère et des profs de son lycée. Mais ce n'était pas ce qui lui correspondait. Cet établissement s'était emparé de la confiance de la policière. Ce passage douloureux avait renaître de la rage dans l'âme de la lieutenante qui avait dû se battre pour avoir sa licence de droit. Personne n'y croyait en ses capacités, encore moins en son talent d'être un bon parleur. Sentiments condamnés, il y avait un chaos dans son coeur d'ange. Quelques larmes perlaient sur ses joues de la jeune maghrébine. Le temps filait comme le sablier. Elle n'arrivait pas à oublier cette période spéciale.
Le milliardaire posa ses courses sur le sol et regarda sa femme. Il mit une main sur son épaule pour l'apaiser. Il essaya de comprendre la tristesse de sa détective. En fermant les yeux, Nora confia à son mari les souvenirs les plus douloureux de sa vie en tant qu'étudiante à l'Université de Toulon :
— Ma vie dans ce maudit lieu...
— Qu'y a t-il face à l'école de droit ?
— Le BUT MMI, Métiers du Multimédia et de l'Internet. Là-bas, j'ai fait comme si tout allait bien mais tout se passait mal. J'ai passé une année pour le bon plaisir de ma mère. Ça m'a conduit à une déprime. Ce diplôme n'était pas fait pour moi. Son environnement est invivable. Beaucoup de gens méchants m'ont m'amadoué, utilisé. Je fus comme une orpheline qui ne savait pas où aller pour retrouver ses parents. J'ai fait un stage exécrable. Et je me suis donnée à corps et âme au point de perdre la tête, se lamente la détective.
— Oh Nora...
— Tout ce beau monde me disait que j'étais incapable de faire de brillantes études et d'avoir un jour un diplôme. Il y avait du favoritisme, des négociations, des mensonges....Je préfère mieux mourir plutôt que de refaire ce cycle infernal.... Tout le monde croyait que j'étais la dernière...
— ....Mais cette dernière a réussi à obtenir sa licence de droit. Le diplôme technologique ne te correspond pas. Tu as toujours été intelligente, généreuse... Ne te sous-estime pas, habiba. Tu es une femme exceptionnelle. Je le sais, je le sens par mes mains. Lâche toi. Continue à me confier cette partie sombre immergée en toi. J'ai réussi à te confier mon passé. À ton tour de jouer en me confiant le tien !!! Dis ce que tu as sur le coeur.
— D'accord. Je me souvenais de ce premier jour de rentrée, attente interminable. J'étais derrière les barreaux, je ne pouvais plus revenir en arrière. Pas de végétation. Juste les yeux rivés dans un écran, toute la journée, soutenue par la pression des profs. Des élèves qui aimaient me faire rouler dans la farine. Quelques personnes qui crachaient leur venin sur mes graphismes, mes vidéos animés, sans le moindre encouragement. La programmation qui consummait à petit feu mon cerveau. De millions de chiffres qui brûlait chaque neurone de mon esprit. Des pauses trop longs, des journées longues, un manque de sérieux dans l'ensemble de l'équipe, des imprévus, des langues de vipère qui me faisait tout le temps la morale alors que je n'ai fait pas de mal à une mouche.
Pour apaiser sa femme, Rayan lui complimente d'un murmure :
— Tu as un grand coeur. Tu mets de la joie partout où tu vas. Tu aides une âme en détresse. Pourquoi tant de haine envers une aussi belle créature comme toi ?
— Je ne sais pas.
— À mon avis, je crois qu'ils sont jaloux de la lumière que tu dégages. Jaloux de tes talents cachés. Jaloux de ta bonne situation. Jaloux de ta beauté, de tes origines. Jaloux de tes talents d'oratrice, de comédienne. Jaloux de ta sensibilité. Leurs mots blessants t'ont rendu forte. Une vraie guerrière !!! Une vraie lionne qui arrive à tout gérer sa vie !!!! Tu es une légende au Sagno Del Mar, ma Nora.
— Arrête, habibi. Je ne suis qu'une simple détective. Je ne fais que mon boulôt pour le bien des habitants et de la ville. Je ne suis pas exceptionnelle.
— À mes yeux, tu es incroyable. Sache qu'il y a beaucoup de personnes qui t'aiment et qui seront là pour toi, mon amour. Oublie cette mauvaise période de ta vie. Fais table rase. Retiens que le positif : tu as réussi à dérober ces quelques outils numérique, ce qui fait de toi une femme organisée. Tu as réussi à observer un monde égoïste où seuls les personnes égocentriques croivent qu'ils ont réussi, alors qu'ils sont juste un amas de poussière au sein de cette immense jungle touffue. Tu as réussi à voir qu'il n'y a pas de débouchés derrière ce diplôme. Tu as éviter un chômage.
— Oui, je suis d'accord avec toi.
— Oublie encore une fois ta tristesse. Et regarde ce que tu es devenue : une femme heureuse qui a trouvé sa voie et qui gagne bien sa vie. Maintenant, nous avons du pain sur la planche. Les courses pour le mariage de Safia et Bachir ne vont pas se faire tout seul. On doit acheter une belle décoration de table.
— Oui, allons dans le magasin.
Le couple entra dans la galerie marchande. Ils allèrent dans un commerce de décoration. Des couleurs, des plumes, des paillettes, du fantaisie, des perles...Il y avait du choix. Le duo de choc opta pour quelque chose à la fois sobre et chic, tout ce qui correspondait aux mariés. Enfin, ils rentrèrent avec leurs courses au Sagno Del Mar par l'autoroute national.
Au Casino JOA, avec l'entourage de Safia et de Bachir, Nora et Rayan décoraient la salle de fêtes. Ils achèvent le décor de la logistique sonore. Rayan appela un DJ qui viendra le lendemain matin brancher les enceintes et les platines. Nora était fière d'avoir trouver un caméraman pour filmer le mariage. Les préparatifs se déroulaient à merveille dans la joie et la bonne humeur, sans la présence du stress. Le temps s'accélérait aussi vite qu'un magnétoscope qui rebobinait une cassette VHS. Dans trois, Safia va dire "oui" à l'homme de sa vie. Elle ne s'appelera plus Safar mais Ayed. Une opportunité comme celle-là ne se présentait qu'une fois dans la vie d'une femme. Nora et Rayan ne souhaitaient que le meilleur à venir pour leurs amis.
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Une Paire d'As (Tome 2)
Romance"Selon une grande passionnée de la littérature, il faut toujours jouer loyalement quand nous avons des cartes en notre possession. La vie est un jeu de cartes dont le geste ne fait pas qu'un atout majeur. Le Hasard bat cette vie de cartes.Toi et moi...