Chapitre 52

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Nora reçut soudainement un appel :

— Allô, Safia ?

— Nora !!! Tu tombes à pic, ma belle. J'ai une nouvelle palpitante à te dire. Ça concerne ma vie !!! Je suis toute émue !!!

— Tu vas te marier avec Bachir ?

— Mais comment tu le sais ? S'exclame la vendeuse, surprise.

— Intuition de détective.

Rayan fit avec sa voix de la musique traditionnelle arabe. Nora tapota sur avec sa main sur la table de chevet pour imiter un bruit de percussion orientale. La famille de Nora avait travaillé dans la musique par des cousins par alliance qui étaient d'excellent chanteurs et producteurs. Et la tribu considérait le domaine musical comme une véritable institution. Nora s'émerveilla de cette nouvelle délicieuse pendant que le milliardaire lui massait ses épaules nues, prêtes à n'être qu'embrassés. Elle était à l'écoute de son amie :

— Quand a lieu ton mariage ?

— Dans trois jours.

— Est-ce que tu as besoin de moi ?

— Oui. Avec ma famille, on est en train de choisir les costumes qui vont former le trousseau. Je veux que tu m'aides à choisir une blouza oranaise. Il y en a tellement dans le palais des caftans !!! Je n'arrive pas à dénicher la robe de mes rêves !!!

— Je cours, tout de suite !!! Ne bouge pas !!! Crie Nora, excitée.

Safia décrocha. Nora regardait son mari. Elle fut perplexe. Rayan analysa son regard océanique pour rompre ce petit vide :

— Je crois que j'arrêterai ce massage. Je suis un mauvais masseur.

— Tu rigoles ?! Tu es divin comme mari !!!! J'ai besoin de ton aide.

— À ton service, détective Youya.

— Toujours aussi charmant, toi. Il faut que tu ailles à La Garde à la boucherie halal de Djaou, près de l'Université de Toulon.

— Ha ! Notre boucherie préféré. Et dire qu'ils avaient été les traiteurs de notre mariage, se remémore l'homme d'affaires.

— Justement. On a besoin à nouveau de leurs services pour celui de notre amie Safia. Peux-tu faire ça pour moi, mon amour ?

— Tout ce que tu veux, mon trésor.

— Je cours au magasin des caftans. On se donne rendez-vous à Toulon dans trois heures !!! Ordonne Nora en mettant ses vêtements.

****

Le magasin Primarks fut fermé pour incendie. Safia avait donné rendez-vous à sa meilleur amie pour l'essayage de sa blouza au palais du caftan. À l'intérieur, il y avait toute la famille de la nouvelle mariée qui regardait les robes. Ce n'était pas un magasin mais la caverne d'Ali Baba où n'importe quelle femme arabe pouvait trouver son bonheur et faire de leur vie, un conte de fée.

Au centre de la boutique, une robe qui étincelait de mille feux. Elle était rouge flamboyante avec quelques perles sur le décoletté. Simple, pas trop chargé mais raisonnable. Cette robe avait une histoire.

La blouza algérienne vient à la base de Tlemcen avec ses allures d'abaya ou de gandoura. Ce costume traditionnel était porté par les ville du Nord-Ouest de l'Algérie : Monstaganem, Mascara, Alger, Oran, Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Ghazaouet...En tant que femmes issues de l'Oranie, Nora et Safia connaissaient par coeur cette tenue. Surtout dans la famille Kaddour, il y en avait des blouzas de toutes les couleurs : rouge, bleu clair, rose clair, violet, blanc... C'était la robe la plus moderne de toute l'Algérie car elle connaissait des mutations pendant la colonie française : elle s'était adaptée aux techniques occidentaux niveau artisanat. On avait l'impression de voir une robe digne du XIXe siècle, digne d'Orgueil et Préjugés de Jane Austen ou La Chronique De Bridgerton de Julia Quinn. Mais cette robe dégageait l'air du pays des fennecs. La ville d'Oran en avait fait de cette robe son costume traditionnel. Safia était impatiente d'essayer sa tenue pour son mariage. Elle avait envie de faire honneur à son mari Bachir dont ses racines venaient de la ville de la musique raï. Toute beauté algérienne dévoilait en elle des traditions familiales, une culture ainsi qu'un passé à perpétuer.

Safia essaya la robe mais elle n'était pas satisfaite à chaque essayage. Elle exigea plus pour un coup de coeur :

— J'ai besoin de plus de couleur, de paillettes. Je veux que ça brille tout de même !!!! Je veux que ça fait Pow !!!

— D'accord, fit la vendeuse.

— Essaye une autre, suggère la détective.

Safia essaya toutes les blouzas oranaises disponibles dans la boutique mais aucune lui plaisait. Soudain, au coin du commerce, une robe brillait. Elle était verte émeraude avec des nuances de dorés et de rose. Sur le décolleté se dessinait une nature féérique. Deux papillons, incrustés de perles et de pierres précieuses, ornaient la partie haute de la robe. On aurait dit une parure.

La tenue fait de l'effet à Safia :

— Celle-ci est magnifique !!! Je la veux !!! Insiste la mariée

— Nouvelle création qui s'intitule Jolie Clairière aux papillons, sourit la gérante du magasin.

— Je n'ai aucune robe dans mon trousseau qui soit verte en plus !!! Il faut varier les couleurs.

— Je suis d'accord avec toi, Madame Ayed, hocha Nora de la tête.

— Madame Ayed ? S'étonne la jeune femme.

— Maintenant que tu seras mariée à Bachir, il faudra te nommer ainsi. Tu n'es plus Safia Safar désormais. À partir de maintenant, les habitants t'adouberont "Madame Ayed".

— Mais oui !!!!

— Même si je trouve Bachir, quelques fois, lourd dans ses remarques blessante. Il a toujours le chic de briser le coeur d'une personne. Mais, comment peux-tu te marier avec cette homme si, si...

—.... Narcissique ? Oui, je suis d'accord avec toi, il est énervant la plupart du temps, surtout avec vous. Toujours froid, décourageant... mais avec moi, c'est autre chose. Il m'obéit au doigt et à l'oeil. Il ne joue plus aux bad-boy. Et je suis sérieuse. Physiquement, il est beau. Et en même temps, j'adore sa véritable personnalité derrière sa carapace.

— Je vois... Tu as été attiré par son physique, sa plastique. Ses yeux ne sont pas laids mais je considère Bachir comme un oncle pour moi.

— Sache Nora, que je suis tombée raide dingue de cette homme seulement pour ce qu'il est. Quel policier ! Quel homme !

Safia essaya la robe. Elle lui allait à ravir. La jeune femme tournoyait de plaisir avec sa tenue de princesse. Toute la famille dansait avec elle. La vendeuse avait mit de la musique traditionnelle d'Oran. Nora ne peut être qu'heureuse et soulagée pour son amie. Elle lui souhaita un bonheur éternel auprès de son mari et policier Bachir Ayed.

Soudain, elle eut un message sur son portable. C'était Rayan qui lui demandait de lui donner rendez-vous près de la faculté de droit à Toulon. Le milliardaire a prévu de faire les magasins. La jeune femme avait besoin de faire une pause dans les préparatifs du mariage de Safia. Elle veut confier à son mari une période sombre qui avait salit sa vie en tant qu'ancienne étudiante à l'Université de Toulon.

Une Paire d'As (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant