Chapitre 59

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Le lendemain matin, Safia avait donné rendez-vous à Nora et Rayan à la baie de la commune de Saint Mandrier Sur Mer. ​Fermant la rade de Toulon, tel un cadenas, la presqu'île de Saint Mandrier sur Mer, aux temps les plus reculés, était formée de trois îlots assez rapprochées. Le petit village a su conserver son pâtrimoine avec ses bateaux pêcheurs surnommés "les pointus" ; ces bateaux se voisinnaient avec ceux du port de plaisance du Sagno Del Mar.

Pourquoi Safia avait contacté la détective et son mari ? Pour une séance photo. La responsable du Palais des caftans avait confectionné de nouveaux costumes traditionnels du Maghreb. Et quoi de mieux que de faire une magnifique communication pour vendre ces produits de luxe.

Le couple fut arrivé à la baie. L'équipe de Safia les attendait. La responsable du magasin accueilla à bras ouvert ses amis :

— Mes amis, bienvenue. Vous allez m'essayer ces nouvelles tenues. Changez vous dans mon camping car.

Le couple changea de vêtements. Quelques instants plus tard, Nora et Rayan se retrouvèrent en tenue traditionnel devant le quai de la baie pour la pose. Une séance photo était organisée. Safia cadrait son équipe, contre vents et marée, jusqu'au bout de son objectif. Elle veut que tout soit parfait.

La sagesse en avait récolté beaucoup de jetons. Quelle belle paire d'as !!! Un roi et une reine qui s'aimaient d'un amour inconditionnel. La vie leur avait donné les meilleurs cartes. Comme le poker, la passion amoureuse permettait de tout oublier y compris les problème de la société contemporaine. Il existait des personnes qui aiment jouer à un jeu sur la table finale. Il n'y avait rien de superficiel chez ce duo, juste de l'authenticité. Tel un jeu sérieux, l'amour se manifestait soit dans le gain, soit dans la perte, par des méthodes assez typiques. Allah distribue les cartes mais c'est l'Homme qui joue sa vie. Plutôt que de changer la forme de la vie, le couple devait apprendre un nouvel exercice : la séance photo. Pour Rayan, s'exposer en public restait une habitude. Mais pour Nora, il y avait des risques à prendre à cette dangeureuse partie de cartes.

Rayan regardait avec attention sa femme. Il posa sa main sur l'épaule nue de la belle détective. Elle sentit soudainement un courant chaud qui allumait tout son corps. C'était comme si elle était attirée par un aimant. Nora l'observait un instant. Elle sentit dans son âme son silence, son regard intense... Ne rien dire un mot signifiait beaucoup pour la jeune femme. Safia applaudissait le couple avec euphorie. Elle donna son opinion d'eux :

— Ceci est la parfaite définition du mot "adoration".

— Je confirme, Safia... approuve le milliardaire.

La policière brisa ce moment de tendresse en persiflant :

— Bon. Alors, on les fait ces photos ? Une enquête ne doit pas être mise sur le bas côté, tout de même !!!

— Voyons, habiba !!! Un peu de respect. Safia a travaillé dure pour nous faire tout ça. Ce n'est pas tout les jours une séance photo.

— Ce n'est pas une raison, Monsieur Fatrouni. On a une enquête en cours.

— Ah bon ? Je croyais que l'affaire avait été réglé en un rien de temps depuis l'arrestation de Luciano ?

— Hé non. On ne sait pas qui est le coupable qui nous a donné ces billets, cette cigare et ce pistolet en argent. Ça sent vraiment le coup monté.

— À propos de petits démons, il nous manque la plus grande débauché de la Côte d'Azur à capturer dans les mailles de notre filet.

— Sans commentaire sur cette vieille fille, siffle la policière entre ses dents.

— Je suis d'accord. Elle représente le mal incarné, cette Sabrina. Je me demande quel mauvais coup elle nous prépare, réfléchit Rayan.

— Pour le savoir, le mieux est de continuer à enquêter sur le terrain.

— Hep, hep, hep, la paire d'as. Où comptez-vous allez comme ça ? Questionne la vendeuse en croisant les bras.

— Surveiller le périmètre de sécurité des Sablettes, répond la détective, déterminée de son nouveau plan.

Safia n'était pas d'humeur à rigoler. Son travail avait l'air important à ses yeux. Rayan se fit tout petit pour ne pas provoquer sa colère. Il convainc sa femme d'une toute petite voix :

— Ma Youya, je crois que ce n'est pas le moment de fuguer là.

— Nora, tu n'as pas fini de me rendre service. Et ma séance photo ?

— D'accord. On y va !!!

Le photographe prit à la suite plusieurs poses du couple. Nora s'énerva :

— Tsss. C'est pour aujourd'hui ou pour demain ces images ? Ce n'est tout de même pas sorcier de nous photographier !!!!

— Patience, plus qu'une dernière image de vous pour la route. Faites nous un petit sourire. Le petit oiseau va sortir, insiste la photographe.

Le couple sortait son plus beau sourire. Nora mit sa main sur le menton de Rayan. Ce dernier prit sa belle dans ses bras. Le flash retentit. La photo fut prise. La policière s'impatienta :

— On peut y aller ?

— Oui, vous êtes libres. On ne vous retient plus. Vous pouvez disposer.

— Merci....

Le couple s'en alla se changer. Nora et Rayan quittèrent la baie. Ils menaient leur petite enquête au parc des Sablettes. Il y avait beaucoup de passants aujourd'hui. C'était l'été. Tout le monde était à la plage : promenade, bronzage, glace.... Il y avait la canicule. Comme des agents de police, Nora et Rayan patrouillaient. Après des heures et des heures à surveiller les lieux et les gens, Rayan proposa à sa femme de faire une pause :

— Et si on rentrait à la maison ? Ça fait toute la journée qu'on n'a pas arrêté de surveiller le parc.

— On a veillé toute après-midi !!!

— C'est pareil, habibti.

— Normalement, Sabrina doit être dans les parages.

— À mon avis, le lendemain, ce sera meilleur. Je suis sûr qu'on y arrivera à mettre Sabrina en prison sans aucun problème.

— Rayan, tu sais que c'est compliqué de piéger une méchante ?

— J'en ai conscient que c'est compliqué de choper une criminelle. Sache, ma Youya, qu'il y a un temps pour tous. On rentre à la maison ? Supplie l'ancien mafieux à sa belle.

— D'accord, si tu insistes tant, mon amour. Nous avons besoin de repos. Je te suis. Mais promets-moi que, demain, tu ne me quitteras pas une semelle pour terminer l'enquête.

— Tu as ma parole, habiba. Je te décevrai pas.

— Tu as intérêt !!!

Le couple prend la route pour leur villa à Fabrégas. Nora était très fatiguée. Elle avait besoin de dormir. Pendant son sommeil, quelque chose l'empêcha de fermer les yeux. Mais quoi ? La policière n'en savait strictement rien de ce qui se passait en elle. La seule intuition qu'elle avait c'est de mener sa nouvelle mission secrète sur elle-même.



Une Paire d'As (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant