Aux Aurès, à l'Est de l'Algérie, à Khenchela, un mariage était en train de se jouer. Les chaouis mettaient des coups de feu au cortège. Nora et Rayan incarnaient les nouveaux mariés. Certes, en France, au Sagno Del Mar, ils s'étaient engagés, à la vie, à la mort. Secrètement, la détective voyait son mariage au bled, dans son pays d'origine. Mais sa psychanalyse avait opté pour un daouar berbère, niché au coeur des montagnes.
Nora fut surprise de ce qu'il lui arrive. C'est fou ce que le rêve était décalée de la réalité. L'algérienne était excitée de quitter son foyer familial :
— Je n'arrive pas à croire que je vais quitter mon village pour enfin me marier. Et en plus, avec l'homme, que j'aime. Il est si beau !!!
Dans le cerveau de la détective, il y avait une sorte de remise à niveau : Nora gomait tout pour recommencer à rêver de nouveau. La nouvelle mariée venait de faire la cérémonie du hamman. C'était un lieu très important pour les femmes. Il faisait figure de passage obligé dans un mariage musulman et religieux, surtout dans le pays de Nora. La nouvelle mariée algérienne se rendait au hammam avec les femmes invitées, lors de son mariage. Le hammam résonnait du son des youyous et des chants religieux. Cette fête au bain consistait à rendre belle la nouvelle mariée pour son mari.
Ce fut le grand jour pour Nora, à Khenchela. Elle allait se marier avec l'homme le plus riche du village. À ce qu'il paraît, il avait un grand coeur.
Les habitantes de Khenchela mettaient la robe traditionnelle chaoui à l'ex-détective. La melhfa était un vêtement traditionnel, une tenue ancestrales qui caractérisait les femmes berbères des Aurès. Il s'agissait d'un habit unique réalisé en deux pièces. La robe chaoui ressemblait à une toge romaine. Elle était faite, autrefois, d'un tissu noir ou fleuri, brodée de fils de laine de différentes couleurs. La tenue se fixait d'une longue cape, maintenue de deux fibules, en argent, accrochées sur les épaules. Nora portait une melhfa blanche qui remplaçait la robe de mariée moderne.
Une fois le costume traditionnel endossé, il était temps de rejoindre le marié pour finir le dernier jour de cérémonie. Pendant le cortège, des hommes tiraient, traditionnellement, des coups de fusil. Ce n'était pas pour tué mais pour montrer la joie aux épouisailles. Les algériens, surtout les chaouis, sont fascinés par les armes à feux dont L'fouché, le fameux fusil de chasse. Dans les mariages algériens, il y avait le rituel de la danse aux fusils, le baroud (la poudre). Cette tradition faisait référence à la charge des soldats algériens, tirant au fusil, lors des affrontements de l'armée française pendant la Guerre d'Algérie.
Les hommes chaoui tiraient au sol. Ils voltigeaient leur fusil. Rayan était sur un cheval blanc, tel un destrier, avec son sabre. Le peuple le saluait. Tout le monde le félicitait. Nora venait sur les lieux, accompagnée de youyous. Elle vit son nouveau mari. Il avait un charisme incroyable. La cérémonie de mariage se passait à merveille.
Après les offrandes, l'argent et départ des derniers invités , il était temps de consommer la nuit de noces. Nora doit faire connaissance avec Rayan. Elle avait l'impression de le connaître, depuis toujours. Pourquoi ? La jeune femme avait le coeur illuminé dès qu'elle vit cet homme. Nora entra dans sa nouvelle maison, où habitait son nouveau conjoint. C'était la plus grande maison des Aurès. Rayan verrouilla portes et fenêtres. L'algérienne était allongée dans la chambre nuptiale. Il y pénétra et s'enferma avec sa belle épouse, son partenaire de crime de toujours.
Nora sentit une main chaude sur son épaule. Elle tressaillit. La jeune femme eut le réflexe de reculer :
— Hey !!! Prend bien le temps de cibler avant de taper dans le mille, ya Sidi. Apprivoiser une femme demande du temps.
— Je sais, et je te connais bien plus que tu ne le crois, ma Youya.
Ce surnom... Seuls les membres de la famille de Nora avaient le privilège d'appeler la jeune femme ainsi. Mais c'est impossible !!! À moins que ce soit quelques échos du monde réel. Nora ne comprenait pas ce qui lui arrivait :
— Mais comment ?!
— Toi et moi, c'est réel, depuis des années. Je t'ai, toujours, aimé.
Le milliardaire lui relatait sa grande histoire d'amour avec sa femme, au Sagno Del Mar. Cette dernière lui souriait. Elle le regardait comme aucune femme ne l'a jamais regardé. Ça demandait une longue réflexion. L'algérienne n'avait pas l'habitude de parler d'amour avec son mari. Mais des signes prouvaient qu'elle aimait plus que tout au monde cet homme :
— C'est pour ça pourquoi, j'étais tellement sûre de moi de t'épouser. Voilà pourquoi j'ai cette nette impression de te connaître, depuis des lustres !!!!
— Nous ne sommes pas dans la bonne époque. Mais, il y a une issue pour que nous quittions les Aurès.
— Ah oui ?
— Demain, je dois prouver aux chaouis que tu m'appartiennes. Tu as toujours été en ma possession. Et vice-versa.
— Hep, hep, hep, hep, Monsieur Fatrouni. Réconquérir ta femme demande de la patience. Il faudrait, déjà, que tu m'obéisses, au doigt et à l'oeil.
— Je t'ai toujours respecté, zina. Pour toujours, je te rendrai heureuse, avoue Rayan en regardant sa femme dans les yeux.
La jeune femme fut hypnotisée par le regard émeraude de son mari. Comment fait-il pour faire fondre son coeur ? La belle ignorait. En retour, elle lui rendit son plus beau sourire en coin.
Dans l'urgence de cette situation si délicate, ce milliardaire prit le menton de sa belle et l'embrassa de tout son âme. Nora répondit à ce baiser si doux. Ensemble, ils se sacrifient à Vénus.
La nuit de noces, après les festivités, se consomma à petit feu, sous la chaleur torride des corps endiablés. La méditérannéenne échangea des déclarations enflammés à son mari. Une complicité s'épanouissait.
Le lendemain matin, le drap fut souillé de sang. Les coups de fusil furent sonnés par les chaouis. Rayan leur répondit, par un coup de feu, que sa femme lui appartiennent. Les femmes exprimaient leur joie par les youyous. Le milliardaire murmurait "ana nebrik" à sa bien-aimée. Nora rougissait comme une cerise. Elle n'avait jamais été aussi bien de toute sa vie.
Tout à coup, une lumière blanche apparut chez le couple. Nora et Rayan n'avaient pas quitté le pays des fénnecs. Ils étaient téléportés vers le sud algérien, au coeur du désert algérien, sous un soleil de plomb.
VOUS LISEZ
Une Paire d'As (Tome 2)
Romance"Selon une grande passionnée de la littérature, il faut toujours jouer loyalement quand nous avons des cartes en notre possession. La vie est un jeu de cartes dont le geste ne fait pas qu'un atout majeur. Le Hasard bat cette vie de cartes.Toi et moi...