Chapitre 3 : Évasion

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    Eldola ouvrit les yeux et ne reconnut rien de ce qui l'entourait. Où était-elle ? Comment était-elle arrivée là ? Peu importe, elle devait en partir. Elle vérifia rapidement qu'elle n'était pas trop blessée et se leva prestement. Sa tête tournait légèrement et ses côtes lui faisaient mal. Mais elle pouvait bouger, c'était l'essentiel. Le frottement de ses vêtements lui sembla différent. Et pour cause, quelqu'un l'avait déshabillée et lui avait enfilé d'autres habits. Ce n'était pas un bon signe. Elle sonda ses poches. Évidemment, plus rien. Son couteau avait disparu. Elle devrait faire sans.

    Il n'y avait personne dans la pièce où elle était. C'était une sorte de cellule, avec une couchette et un seau pour ses besoins. Elle n'était pas attachée. Étrange. Mais un avantage. Peut-être l'avait-on sous-estimée. Elle s'approcha de la porte. Elle regarda par la serrure. Personne dans le couloir. Elle mit son oreille contre la porte. Personne, c'était sûr. Elle arracha une grande écharde du lit et entreprit de forcer la serrure. Qui ne résista pas longtemps. Eldola garda son écharde cachée dans sa manche et avança prudemment. Elle glissait le long des murs, épousant leurs ombres et se fondant dans les angles morts. Elle croisa finalement des gardes. Mais ils ne semblaient pas à sa recherche. Tandis qu'elle pesait le pour et le contre d'une attaque-éclair, ils continuèrent leur chemin. Étrange. Mais ils n'avaient peut-être pas encore remarqué son évasion.

    Elle se fiait à son odorat pour trouver la sortie, suivant les courants d'airs. Les changements de luminosité aussi. Elle enchaînait les couloirs avec des portes fermées. Sans doute d'autres cellules. Ce n'était pas un bon signe. Elle arriva enfin en vue d'une porte plus imposante que les autres. Il y avait du monde dans le passage, mais elle pouvait courir plus vite qu'eux. Et elle avait l'effet de surprise avec elle. Il suffisait juste de les ralentir. Elle prit une profonde inspiration, invoqua la rage qui ne la quittait jamais et banda tous les muscles de son corps. Elle s'élança sans hésitation, renversant tout ce qu'elle pouvait sur son passage, tailladant la moindre chair s'offrant à son écharde et atteignit enfin la porte. Elle entama sa course....

    ... avant se réaliser que le sol n'était pas normal. Au lieu de la roche grise fissurée par la sécheresse du Désert, elle marchait sur de l'herbe verte. De l'herbe. Il y avait bien quelques touffes de végétation dans les fissures du Désert, mais rien de continu. La roche et la grisaille dominaient toujours. Alors que là, elle ne voyait que du vert. À perte de vue. Et sous cette herbe, le sol était meuble, elle sentait ses pieds s'enfoncer malgré son pas rapide. Elle se retourna. Le bâtiment dont elle s'était échappée était le seul à l'horizon. Sans murs pour la dissimuler, comment pouvait-elle se cacher ? Elle eut envie de revenir dans le bâtiment, ne serait-ce que pour ne plus se sentir oppressée par cet espace beaucoup trop grand et sans abri. Mais un homme se tenait entre elle et le bâtiment. Elle reprit immédiatement sa position défensive en dégainant son écharde. Et elle attendit.

Tu peux t'en aller tu sais. Personne ne t'en empêchera.

    Le Dialecte. La langue de la Fraternité, parlée dans la majorité du Désert Gris. Elle fut étonnée qu'il la parle si bien. Elle identifia la source de son malaise : l'homme avait la peau mate, mais était trop pâle pour avoir passé toute sa vie dans le Désert. Il devait venir d'un autre pays. Mais alors...

    Elle regarda à nouveau autour d'elle avec un regard paniqué. Elle n'était plus dans le Désert Gris. On l'avait transportée sur une très grande distance. Il n'y avait qu'un pays qui avait une frontière en commun avec le Désert où on trouvait des gens pâles. Le Technaume. Elle s'efforça de rester calme et de concentrer son attention sur l'homme. Maintenant son apparence faisait plus sens. Il avait les cheveux courts et bouclés, un peu plus clairs qu'Eldola. Ses yeux aussi étaient plus clairs. Ses vêtements étaient trop fournis et pas assez pratiques. Avec des couleurs étranges qu'elle n'avait vues que sur des Chefs de Clan. Il ne portait pas d'arme visible, mais elle devina un poignard dans une poche intérieure près du cœur, d'après les plis du vêtement. Mais il était trop loin pour l'atteindre. Après, il était plus grand qu'elle. Il pouvait la rattraper à la course. Mais elle courait très vite.

Sur la Falaise [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant