Chapitre 15 : Excuses et humiliations (2/3)

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Après ces paroles mystérieuses, Friedrich décida unilatéralement que la discussion était close – comme cela lui arrivait souvent – et sortit du cabinet de travail de son épouse. Eldola se rassit sur sa chaise de bureau pour réfléchir : pouvait-elle dire que cette confrontation s'était bien passée ? Friedrich semblait croire avoir l'aval, en obtenant qu'elle cesse son chantage, mais Eldola avait obtenu également ce qu'elle voulait, à savoir qu'il ne la voit pas comme une espionne. Donc c'était une égalité, somme toute faite. Pas une victoire, mais pas une défaite non plus. Il semblerait donc qu'Eldola avait enfin trouvé un nouveau défi à relever...

Peu de temps après le départ de Friedrich, le couloir tout entier résonna des claquements des chaussures à talons de Betsy. Elle fit voler la porte de la chambre d'Eldola comme à sa bonne habitude, tira violemment les rideaux pour éclairer la pièce, mais fut surprise de ne pas trouver sa maîtresse. Eldola soupira puis se résigna à attirer l'attention de la tempête ambulante.

- Betsy, je suis dans le cabinet de travail...

- Oh, pardon, je ne vous avais pas vue ! s'exclama Betsy en la rejoignant. Mais que faites-vous à travailler de si bonne heure ?! Oh, vous n'avez pas l'air d'avoir bien dormi, vous avez une mine affreuse... Mais rien que je ne puisse sauver avec un brin de maquillage ! Je vais chercher mes pinceaux de ce pas !

- Betsy, calmez-vous, soupira Eldola. Ce n'est pas la peine, je ne vais pas sortir du manoir aujourd'hui, j'ai encore beaucoup de correspondance à rattraper. Savez-vous où est Mimi ? J'ai besoin d'elle au plus tôt...

- Elle est en route, elle ne devrait pas tarder, répondit Betsy en se rembrunissant. Je croyais que... Vous n'avez pas besoin de mon aide ?

- Pas maintenant, Betsy.

- Mais plus tard, vous allez en avoir besoin ?

- Je ne sais pas Betsy, peut-être bien, ou peut-être que non, je ne vois pas l'avenir.

- Je... je vois. Je vous attends dans le boudoir alors.

Betsy sortit presque silencieusement pour une fois, pour le plus grand bonheur d'Eldola. Sa Chambrière semblait perturbée, mais difficile de savoir s'il s'agissait juste d'une saute d'humeur passagère ou de quelque chose de plus profond. Dans tous les cas, Eldola n'avait pas le temps de s'en occuper. Elle alla enfiler une de ses tenues confortables à la mode de l'Échangeoir, et le temps de finir sa toilette, Mimi était arrivée dans le cabinet. Eldola avait bien l'intention de profiter des informations récoltées lors de son escapade nocturne afin de mettre son plan en action :

- Que la Clairvoyance illumine votre journée, Secrétaire Mimi, la salua Eldola. Avant que nous commencions, je voulais vous demander : où en est le compte des Titres de Gratitude ?

- Eh bien... D'après les calculs du Secrétaire James, nous en avons vingt-deux à disposition.

- Et d'après les vôtres ?

- C'est dur à dire..., admit Mimi. Je vous promets que désormais j'effectue mon travail sérieusement, mais il y a tout de même des opérations que je ne comprends pas dans les notes du Secrétaire James...

- C'est bien ce qu'il me semblait, avança Eldola. Cependant j'ai besoin que vous compreniez ses notes afin de reprendre la comptabilité efficacement là où il l'a laissée.

- J'en ai bien conscience, mais James est débordé en ce moment, il n'a absolument pas le temps de m'expliquer son travail..., se défendit Mimi.

- Je sais bien Mimi, c'est une situation malheureuse. J'ai réfléchi à la question, et je pense que vous devriez aller demander à James certains de ses livres de compte pour pouvoir comparer et mieux comprendre son travail.

Sur la Falaise [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant