Chapitre 12 : Interrogatoire (1/2)

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Eldola se réveilla, mais n'ouvrit pas tout de suite les yeux ; elle avait appris à la dure qu'il valait mieux vérifier les alentours avant de donner signe de vie. Elle chercha à comprendre dans quelle position elle se trouvait : à l'horizontale, à l'évidence ; sur le sol, à en juger par la dureté du matériau. Elle n'entendait pas de bruit, ce qui ne voulait pas nécessairement dire qu'il n'y avait personne. Elle essaya de consulter ses derniers souvenirs avant sa perte de conscience : par habitude, elle chercha des cris et des supplications, et les hurlements qui lui répétaient qu'elle n'était pas à la hauteur. Mais non, cette fois, c'était différent. La scène du réfectoire lui revint dans toute sa vigueur : Eldola avait honte de la manière dont elle s'était défoulée, mais devait avouer qu'elle en éprouvait une certaine satisfaction. Elle ouvrit brièvement les yeux : elle était seule dans ce qui ressemblait à une cellule ; elle avait entraperçu des barreaux, et une ombre qui pouvait bien correspondre à un garde. La situation n'était pas bonne. Pas bonne du tout. L'Institut n'avait pas dû apprécier son écart de conduite. Xianthi avait dit qu'elle pouvait être renvoyée. Ou pire ? Allaient-ils la torturer ? Eldola ricana intérieurement : elle s'imaginait mal qu'on pouvait lui infliger pire que ce qu'elle avait déjà vécu...

Satisfaite de sa collecte d'informations, elle ouvrit définitivement les yeux et bougea lentement pour s'asseoir. Il y avait bien un garde. Quand il la vit remuer, il sortit par une lourde porte un peu plus loin. La situation n'était pas bonne, et allait sans doute s'aggraver. Eldola devait impérativement trouver un moyen de sortir. Elle profita de l'absence du garde pour tester la résistance des barreaux.

⎯ Ça sert à rien de t'exciter comme ça, tu sortiras que quand ils le voudront bien...

Eldola sursauta, ne comprenant pas d'où venait cette voix. Elle examina attentivement sa cellule, et découvrit qu'un des murs avait une texture différente des autres : il était en partie transparent, et laissait voir une cellule voisine. Eldola ne distinguait cependant pas son occupant, l'ouverture n'étant pas assez large. La voix était déformée, mais lui semblait familière...

⎯ C'est tout de même ironique que ce soit toi qui te réveilles la dernière, alors que c'est moi qui ai pris le plus de coups. Il faut croire que tu avais besoin d'un bon petit somme...

Une silhouette tuméfiée vint se placer près de l'ouverture. Plus de doute possible : c'était Xianthi qui était dans la cellule voisine. Eldola nota avec satisfaction les conséquences de son travail, et admira la répartition uniforme des blessures ; néanmoins leur impact était moins violent que ce qu'elle avait imaginé, Xianthi ayant sans doute eu le temps de passer par l'infirmerie avant son réveil. Pourquoi les avoir enfermées côte à côte après l'altercation ? Et pourquoi cette fenêtre qui leur permettait de se voir ? Alors qu'Eldola comprenait de moins en moins ce qui se passait, le garde revint dans le couloir, suivi d'Edgar et d'un autre Instructeur plus âgé, Jonathan si Eldola se souvenait bien. Ce dernier était l'Instructeur en charge des bonnes manières, et il ressemblait en tout point à un habitant du Technaume avec ses cheveux grisonnants en queue de cheval et ses yeux clairs. Eldola ne leur laissa pas le temps de l'incriminer, elle se jeta sur la grille et déclara froidement :

⎯ Tu m'avais juré que vous n'essaieriez pas de me retenir, Edgar. Tu m'avais promis !

⎯ Je ne pensais pas avoir besoin de préciser que tu ne devais pas attaquer tes camarades..., soupira Edgar. C'est une entorse très grave au règlement qui nécessite une sanction.

⎯ Alors parce que j'ai brisé les règles, vous avez le droit de briser les vôtres ! s'insurgea Eldola. Sortez-moi de là, et vous aurez le droit de me punir autant que vous voudrez. Mais je refuse de rester enfermée !

⎯ Malheureusement, la punition requiert votre présence à toutes les deux, expliqua Jonathan. En cas de dispute entre Pupilles, le protocole exige un interrogatoire croisé pour apaiser les tensions.

Sur la Falaise [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant