L'amour à sa mortelle blessure

78 3 0
                                    

A MOI MÊME

Mon âme sage,
Murmure en moi les mots
Qu'ils soient suaves
et doux comme l'agneau :
Comme un gueux,
Je pleure devant ta porte
Exauce vœu
Écoute ce qu'il apporte ;
Les regrets noircirent mes pages,
Mais la paix est mon message :

A TOI

Oh, tristes remords
Aucun n'effacera mon infamie,
Ton amour est mort,
Et sa fin embrase un incendie !

Les mots enlaidis,
Massacrant jusqu'à tes espoirs,
Leur feu t'a détruit,
Nous y liant jusqu'au désespoir.

Vile jalousie,
Idiote, elle emportera mon sort.
Ternissant ma vie,
Sa musique ruinant tes accords.

Amère est la soupe,
Fielleuse, ingrate, et dévoyée,
J'en porte ma coulpe.
Mes mots n'avaient pas cette destinée.

Oh, il est si tard
Pour fredonner un simple pardon,
Retirer le dard
Planté dans la corde du violon !

Lorsque les mots tuent,
Déchirant le fil de la cordée,
Dis, me croiras-tu
Encore, ma viole désaccordée ?

Mon amour est jaloux,
Cet aveux est cruel, sans merci,
Portant à son tout
Ma place ; tu t'en es cru trahit.

Tuons la discorde,
Avant de tuer l'amour nôtre,
Le mien déborde,
Et souffre plus que toute chose autre.

Que l'heure ne soit vaine,
Oh Oui, j'ai failli, blessé, meurtri.
Déchu, mais sans haine,
Pour les équilibres, j'ai agi.

Certes, bien mal,
Toutes choses, en rien, ne sont égales :
La voie d'un idéal
Ne valait pas bris d'amour féal.

POUR NOUS

Devant toi, je jure :
Je t'en prie, et demande pardon !
Soigne tes blessures
Et avenir rouvert, regardons.

Je suis coupable,
Et si peu honorable !

Mais, si vouloir t'abîmer
Eut été mon intention,
Ces mots durs déplacés (dispersés)
Aurait eu destination
Autre que devant tiers,
risquant ton abandon !
La souffrance est amère,
A l'aune de la passion.

C'est donc qu'elle est vive
Et qu'elle tient à sa rive.

Pourvu que le temps passe,
Pourvu qu'il te panse,
Pourvu qu'il efface
L'aiguille de l'offense,
Et laisse un peu de place
A nouvelle espérance.

Je ne peux me résoudre,
Ma pensée travestie
A laisser brûler la poudre
Jusqu'au dernier débris.

En dépit des mots qui errent,
Utilisés à l'envers de leur dessein,
En dépit d'une ancienne colère
Morte et si lointaine ce matin,
Je me torture depuis des heures
Pour que chacun de mes présents mots
Porte la trace de ma ferveur
Bien présente, mais terrifié par tes maux.
Et puisse-t-elle, cette prière
Emporter la douleur effroyable
De te perdre à jamais aux hivers,
Et apporter fondation réparable
Faisant définitivement cesser les pleurs,
Pour des saisons bercées de fleurs
Et des chansons empourprées de senteurs,
Faisant éclore les joies de nouveaux bonheurs.

Car aussi vrai que je t'ai aimé,
Je t'aime, et je t'aimerai.

Hauts ébats... et heurts pourpresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant