Les porcs ne sont pas ceux qu'on dévore

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(Dédié à quatre vautours qui se prenaient pour des aigles)

Au soir, en traître, en leur hôtel,
Ils ont hourdis leur complot,
Pour moi, ils ont dressé un autel,
Et préparé leur brûlot.

Ils ont convoqué leur banquet,
Ils ont dressé la table,
Et comme vautour se repait,
Se sont réjouit, pitoyables.

Ils ont aiguisé patiemment leurs lames,
Ils ont décharné mon honneur,
Ils ont dévasté mon âme,
Ils ont dépecé mon cœur,

Ils se sont goinfrés, avides,
Jusqu'au dernier de mes os,
Sacrifié, laissé vide,
Sans m'accorder un mot.

Pour quel si petit pouvoir,
Pour quelle fade ambition,
Ont-ils seulement pu croire
Manger au fruit de ma passion ?

Puis, au matin, après l'ivresse,
S'éveillant, dégrisés,
Découvrant leur paresse,
Que restait-il donc à manger ?

C'est les uns contre les autres,
Qu'alors ils se tournèrent,
N'ayant ni grains, ni épeautres,
Ils s'entre-dévorèrent.

C'est ainsi qu'ils moururent,
Blasphémant mes espoirs,
Tous ceux qui un temps crûrent
Trouver richesse et gloire.

Prétentieux aguerris,
Vous pensiez trouver de l'or,
En jetant aux orties
Les faiseurs de trésor !

Votre âme reste pourrie.
Pour elle, nul ne peut rien.
Méphitique et aigrie.
Rien ne plaide pour son bien.

Prétentieux et guéris,
Où donc est le mérite ?
Dans l'orgueil de la maladie ?
Alors... trépassez vite.

La vie n'est pas ici.

Hauts ébats... et heurts pourpresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant