Sous la canopée *

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Là, sous la canopée de mon jardin d'été,
La lumière fait escale au ballet musical
De la trille amicale à son chant madrigal
D'un oiseau enchanté de son cœur envolé.

La lumière fait escale au ballet musical
Du feuillage envouté par un air cadencé
D'un oiseau enchanté de son cœur envolé
Flânant en festival, tourbillons de pétales.

Du feuillage envouté par un air cadencé
Déjà n'est plus floral, à son heure vespérale ;
Flânant en festival, tourbillons de pétales,
Leur parfum s'est fané de trop avoir valsé.

Déjà n'est plus floral, à son heure vespérale,
Toutes les fleurs des prés nous ont abandonnées
Leur parfum s'est fané de trop avoir valsé,
Perdant mon idéal en couleurs automnales.

Toutes les fleurs des prés nous ont abandonnées
Sous la marée pluviale ouragan magistral
Perdant mon idéal en couleurs automnales,
Là, sous la canopée de mon jardin d'été.

Toutes les fleurs des prés nous ont abandonnéesSous la marée pluviale ouragan magistralPerdant mon idéal en couleurs automnales,Là, sous la canopée de mon jardin d'été

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* On reconnaîtra la forme caractéristique du pantoum dans ce poème. Bien que généralement plus court (12 ou 16 vers) celui-ci compte 20 alexandrins. Caractéristique du Pantoum, ses rimes sont embrassées. Toutefois, un second rythme s'intercale au milieu des alexandrins puisque les hémistiches de ses derniers sont eux-mêmes rimés en rime suivies, formant un second canevas de rythme avec des vers en hexamètre (vers de 6 pieds). L'ensemble du poème tient, de ce fait, en seulement deux rimes différentes (la rime en « é » du son fermé de sa voyelle et la rime en « al » de son ouvert par sa consonne) ; chacune se répétant 20 fois, comme un métronome. Cher lecteur, je te mets toutefois sur une piste au delà de toute cette métronomie : une strophe est absente pour boucler le cercle des vers pour sonner les 24 « heures » d'une journée complète, ou les 12 mois d'une année ! A votre avis, de quels mois s'agirait-il ?

Je vous en donne les indices de lecture en forme descriptive puis de prose.

De thème d'apparence léger, le poème repose sur 3 champs lexicaux principaux : les deux plus évidents sont végétal et musical ; le troisième plus discret porte la marque de la temporalité. L'arc de temporalité se situe du printemps à l'automne en passant par l'été. L'hiver n'est jamais explicitement nommé ou évoqué. Pourtant, peut-être que ce temps volontairement laissé en vacuité restera-t-il , in fine, le plus audible par son silence, uniquement décelable comme une empreinte logique ? Autre indice, de cette saison absente, elle l'est aussi par un jeu de mot initié dès le premier vers avec l'expression « jardin d'été » qui n'est pas sans appeler son contraire, le jardin d'hiver. Dans leur définition l'un ne s'oppose pas littéralement à l'autre. Le jardin d'été est un espace extérieur et ouvert. À l'inverse le jardin d'hiver est un espace fermé intérieur à la maison; lieu d'une végétation verdoyante et abondante au contraire de sa saison.

Je laisserais donc le lecteur sur cette question : le poème décrit une météo propice à la flânerie, allant tout entier de la floraison à la fenaison dans le jardin d'été, espace extérieur d'autant plus gai qu'il évoque son temps opposé où se laisse sentir la rigueur d'hivers rudes des latitudes plus proches des pôles. Mais, par 4 vers absents (2 originaux en vérité) que diraient-ils en mots de l'humeur végétale et musicale de ces instants manquants ? Laissent-ils un lieu bien chaud et bien vert pour passer ce temps qui n'est pas nommé ? En la demeure de l'auteur ou dans la tienne, cher lecteur, y a-t-il de quoi passer les mois silencieux, si peu diserts, et si déserts ? Et de cette strophe perdue y-a-t-il en son cœur, en sa maison, sous une verrière de vitrail un jardin d'hiver, ou le foyer bien chaud d'une cheminée ? Dans tous les cas, la saison vers laquelle l'esprit chemine est l'envers de celles que l'on nomme ici. On peut aussi se dire que cette strophe manquante a bien raison de s'oublier pour n'être que dans les instants des présents.

Et comme souvent, en toute chose que l'on exprime, l'esprit aiguisé saura y lire ce qui n'est pas nommé, et qui est pourtant tant clamé que même sourd s'y entend.

Hauts ébats... et heurts pourpresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant