Il y a près de chez moi
Un petit square aimable
Un peu trop grillagé ;
Pour se protéger, sans doute,
Des rumeurs de la ville ;
Mais qui, bien plus sûrement,
Est affable de ses histoires colorées
Qu'il claironne pour qu'on l'écoute.Pour scène, en son centre,
Un bassin ondoyant,
Couronné d'un rocher
D'une pierre marine,
Veut ravir le passant
De sa fontaine qui bruine.
Son arc en ciel d'eau claire
Vient sertir de perles
La mousse qui montagne
Et les fougères qui la dévale.S'accrochant à leur portée, Ô, joyaux de l'eau,
Ces larmes de lumière se languissent qu'on les boivent des yeux.
Chacune, plus que l'autre, attise notre soif.
Elles se séduisent, s'abondent, se composent leur arpège.
Elles gardent leur suspens, connaissant elles-seules parfaitement leur mesure.
On attend. Et on guette.
Puis, enfin prêtes,
Elles se lancent sur l'onde scintillante
Pour que tinte leur note unique.
Ces goûtes qui pianotent en prélude,
De mineures en majeures,
Nous composent leur délicate sonate.Au tableau si serein qui se joue,
Se joignent d'autres artistes
Au muet menuet de leur grâce.
Là où l'endroit devient l'envers,
Apparaissent les funambules des eaux
Sur le fil de l'air,
Irisant de lumière
Les écailles de leur dos.
Puis, les danseurs de l'azur
s'en viennent à leur tour, s'émouvoir de cet envers à l'endroit.
Ici s'étendent les ramures des nageoires et des ailes,
Voilées de la nacre de lointains coquillages.
Le souffle de leur battement
Veut, sur la ride de l'onde,
Épurer leur laiteuse voilure
En s'abreuvant de reflets.
...Carpes et mouettes se livrent leur ballet...Et puis, enivré, j'oublie la scène.
Je m'attarde sur le public.
Qui forme ce parterre ?On y voit par buissons
De pimpantes horticoles
Qui paradent fardées
En bourgeoises frivoles ;
Orgueilleuses pavanant
En colloque mondainBégonias guindés,
Dahlias engoncés,
Glaïeuls corsetés,
Œillets aux œillades roucoulantes...
qui toisent des Sauges rouges comme des coqs...
qui se pâment devant ces belles nobiliaires
Aux titres empruntés.Mais aux charmes bavards
De cette fameuse société,
Je préfère m'attarder sur les discrètes invitées
Qu'on a pas pourtant pas convoquées ;Pâquerettes nuptiales,
Fleurs de trèfles sucrées,
Pissenlits effleurés,
Coquelicot esseulé.
Celui-là, que dit-il, sans compagne à son bras ?
Je le connais pourtant. Du moins, il me semble. Ses pétales écarlates balancent. Il vacille dans le vent.
Je ne sais pas pourquoi. Il m'émeut.
Il me touche, me bouscule.
Ça n'a pourtant pas beaucoup de sens...
Et pourtant, il en est si dense !Sur les bancs,
Alentours,
Bien souvent,
Savez-vous,
Je suis seul,
Prétentieux,
Attendant, à tendre l'oreille ;
M'ouvrant, à ouvrir l'œil ;
Pour capter l'essence d'une sensation,
La quintessence de l'émotion,
Et l'éprouvé de l'existence...Alors, me retournant, je tourne autour de moi, tant et tant, que dans un vertige, je m'évanouis.
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Hauts ébats... et heurts pourpres
PoesíaUNE POÉSIE INCARNÉE : Un cœur de chair et de sang en image de fond ; le mien, le vôtre, le leur... et un titre à entendre d'autant de façons qu'ils pourraient s'écrire : Hauts ébats et heurts pourpres ; Hauts et bas, et heures pourpres ; Ose et ba...