Le hall d'entrée est bondé de monde, et ce n'est qu'un avant-goût de ce qui nous attend dans les autres pièces. Sophia-Rose m'attrape par la main et me tire jusqu'à la cuisine. Cette dernière est assez étriquée pour que l'on n'ait pas envie de s'y attarder.
— Tu veux boire un truc ? s'enquiert-elle en ouvrant le frigo.
J'arque un sourcil. A-t-on vraiment le droit de se servir comme ça ?
— Non merci, je ne bois pas d'alcool.
Elle sort une bouteille de bière qu'elle ouvre grâce au décapsuleur fixé au mur. La capsule tombe directement dans une poubelle placée dessous. Comme c'est pratique !
— Qu'est-ce qu'on fait ? demandé-je en croisant les bras.
À travers l'arche de la cuisine, j'ai une vue dégagée sur le cœur de la fête qui bat dans le salon. Je ne me sens pas le moins du monde connectée à ces étudiants qui dansent, chantent et rigolent.
— Bah, à ton avis ? C'est une fête. Essaie de t'amuser un peu !
D'un coup de tête, elle m'invite à la suivre dans le salon. Ma résistance reste dans la cuisine, avec mon sourire et mon courage. Je me sens obligée de lâcher un « désolée, je suis juste stressée », mais il se perd dans le brouhaha ambiant.
Pour ne rien arranger, mon amie s'arrête en plein milieu de la piste de danse improvisée. Elle plonge son regard dans le mien, hausse les sourcils d'un air joueur, puis elle commence à se déhancher. Je meurs un peu à l'intérieur de moi.
— Allez, lâche prise et fais comme moi, articule-t-elle par-dessus la musique.
Elle se balance d'un pied sur l'autre, suivant doucement le tempo. Je n'ose même pas lever les yeux pour voir ce qui se passe autour de moi : si je croise le regard de quiconque, j'y verrais le reflet de mon ridicule. Je suis là, tétanisée au milieu d'étudiants en mouvement. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je me souviens d'une époque pas si lointaine où je dansais sur mes rollers en saluant mes voisins. Qu'est-ce qui a changé depuis ?
Voyant que je n'y arrive pas, Sophia-Rose me prend par les mains et m'oblige à suivre son rythme. Son sourire est bienveillant, mais ça n'empêche pas un réel tremblement de terre de vrombir à travers tout mon être.
— Respire, j'ai l'impression de te torturer.
Comment lui avouer que c'est le cas ?
Bon, allez Aurore ! Sophia-Rose a raison, je dois lâcher prise. C'est quand la dernière fois que j'ai dansé ? Ce n'était pas à cette soirée du nouvel an, il y a neuf mois ? J'étais avec Maxine et ses potes. Bien sûr, j'avais aussi invité Lucas. J'avais bu un verre, parce que j'étais en confiance avec ma meilleure amie. On mourait de rire en performant nos habituelles danses ridicules quand soudain...
Lucas m'a prise par le bras et m'a éloignée du groupe pour m'accuser de l'avoir abandonné. « Tu fais tes danses stupides avec tes potes chelous pendant que moi je suis assis comme un con en attendant que tu te rappelles mon existence. Tu trouves ça normal ? ».
Wouah... j'ai presque envie de pleurer en me remémorant cet incident. Je n'ai tout de même pas laissé sa remarque acide se glisser si facilement sous ma peau ? Pour me le prouver, je me mets en mouvement, mon corps se déplaçant en miroir avec celui de Sophia-Rose. Son sourire s'élargit et je lui fais écho.
— Oui ! Maintenant bouge un peu les épaules !
Elle me montre comment faire, seulement je ne peux pas m'empêcher de lui rire au nez. Je sais comment danser. Le problème, c'est pour démarrer. Le truc c'est qu'avec elle comme guide, on se retrouve vite à sauter sur place en balançant notre tête d'un côté et de l'autre sur un morceau de rock. Une chanson passe, puis une deuxième, et à la troisième je me sens complètement libérée.
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The love theory [Tome 1/2]
Romance𝘊𝘢𝘮𝘱𝘶𝘴 𝘙𝘰𝘮𝘢𝘯𝘤𝘦 | J'aime formuler des théories farfelues sur tout et sur rien. C'est pourquoi lorsque je me cogne contre Zach Stone, un étudiant aussi grossier qu'insolent, je ne peux pas m'empêcher de me pencher sur son cas. Théorie n°1...