L'inévitable

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Je suis réveillée en douceur par des rires à l'extérieur de ma voiture.

— Vous êtes sûrs qu'il y a quelqu'un ?

— Bah oui, Ducon ! Tu vois bien les traces de pas !

Les sourcils froncés, je regarde mon téléphone : quatre heures du matin. J'ai tellement la tête dans le derrière que je suis tentée de me rendormir. Je ne sais pas ce qu'ils cherchent, mais ils vont bien finir par s'en aller.

— On toque ? demande une voix masculine juste au-dessus de ma tête.

Soudain, je suis réveillée comme si je venais d'avaler un litre de café. Les paroles de Jareth me frappent de plein fouet avec la puissance d'un troupeau de buffles. Pourquoi, Ô grand pourquoi, je n'ai pas pris la peine de déplacer ma voiture pour me garer près de lui ce matin ?

— Vas-y, toque.

On donne de gros coups sur la vitre. Je garde le silence. Je n'ose même pas bouger d'un millimètre de peur que le moindre son ne trahisse ma présence.

— Hé ho ! Il y a quelqu'un ?

Je sursaute quand l'un d'eux jette ce que je devine être une bouteille d'alcool contre ma vitre. Les mains plaquées contre ma bouche, je pousse un cri muet.

— Putain, mais réponds-nous !

L'une de ces voix m'est familière. Je suis persuadée de l'avoir déjà entendue quelque part, et ça me terrifie. Qui dans mon entourage serait capable de me terroriser ? Je ne suis pourtant en mauvais termes avec personne !

Dans un élan de lucidité, je trouve mon téléphone et envoie un message groupé aux garçons.

À : La (meilleure) coloc

URGENT !!! Parking du Green Roof, il y a des mecs autour de ma voiture !

Je ne sais pas qui contacter d'autre. Jareth ? Que peut-il faire seul contre tous ces mecs ? Combien sont-ils d'ailleurs ? Si leur voix est quelconque indication, je dirais trois ou quatre. Ugh, ma gueule de bois est telle que je n'arrive pas à réfléchir. C'est comme si on m'avait frappée en plein milieu du front avec une barre en métal.

Réfléchis, Aurore !

Dans mon désespoir, j'essaie d'appeler Zach. Bien sûr, comme toute personne sensée, il laisse son téléphone en silencieux la nuit. À cette heure-ci, ce serait un miracle si qui que ce soit me répondait. Je suppose que je peux toujours contacter la police, mais j'ai lu que le délai d'intervention moyen, tous types d'urgences confondus, était de onze minutes.

Onze. Minutes. Vous savez tout ce qui peut se passer pendant ce temps ? Parce que moi, en cet instant précis, j'en ai une idée très claire.

Les coups redoublent sur la vitre à ma gauche. Puis un autre s'y met à ma droite, ainsi que sur les vitres avant. C'est le chao.

Putain de merde ! Quel moment plus approprié pour jurer que celui-ci ? J'ai conscience qu'ils essaient juste de m'intimider (et très franchement, c'est réussi), mais qui me dit qu'il ne s'agit pas que de la première phase de leur plan ? Que va-t-il se passer, ensuite ?

Je rappelle Zach, en vain. Je retente ma chance avec Rylan, puis Tarik, mais c'est toujours pareil : répondeur.

Merde. Merde, merde, MERDE !

Désemparée par la situation, je cède à la panique. Je me glisse derrière le volant et démarre la voiture. Je ne vois rien à cause des pare-soleils, mais ça m'est égal. Si je peux juste reculer de quelques mètres, ce serait déjà génial. Après, il me suffira d'enlever le pare-soleil à l'avant et de rouler loin de ces idiots.

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant