Tu vas où comme ça ?

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Après avoir resserré son étreinte, il s'écarte et croise les bras. Je crois qu'il va rajouter quelque chose, mais il se ravise au dernier moment.

— Tu veux boire un truc ?

Je secoue la tête et prends mes distances en allant m'asseoir sur le canapé. Je ne peux pas penser clairement quand il est aussi proche de moi. Aussitôt, c'est le vide dans ma tête et je me mets à bégayer.

Il ouvre le frigo et sort une bière. Il la décapsule en tapant l'opercule contre le plan de travail. Un vrai pro !

La cabane appartient au grand-père de Rylan. Elle est composée de trois chambres, d'une salle d'eau et d'une minuscule pièce à vivre. On y trouve la cuisine, ainsi qu'un coin salon. C'est là que je suis, assise sur un vieux canapé qui sent la poussière et la maison de retraite.

— Bon, qu'est-ce que tu veux faire ?

— Dormir.

— Tu veux pas voir un film ?

— Non, je veux me coucher.

— Ok, on va se coucher.

Je ne sourcille même pas quand il dit « on ». Comme je l'ai dit, il n'y a que trois chambres, et ça fait plus de deux semaines que nous partageons le même lit. J'aurais même trouvé ça anormal que l'on dorme chacun dans notre coin. À moins bien sûr qu'il souhaite conclure l'affaire avec Claire.

— Tu ne veux pas continuer de t'amuser dehors ?

— Plus tard, là je peux pas me les voir.

— Ah. Donc tu vas me border avant de retourner auprès de tes potes ?

— Yes.

Son sourire est éclatant et moqueur quand il me passe devant. On ramasse nos sacs et valises laissés à la va-vite dans la cuisine, puis on se cherche la chambre la plus grande.

— Tu vas où comme ça ?

— Me changer en pyjama.

— Dans la salle d'eau ? Elle est minuscule. Reste dans la chambre, je fermerai les yeux.

Je l'écoute, mais uniquement parce qu'il ne m'a jamais fait ce coup à l'appart. C'est mon petit rituel du soir : je disparais dans la salle de bain pour me changer et me démaquiller, et quand je reviens dans la chambre, il est déjà sous la couette. En caleçon. Il n'a jamais insisté pour que je me change devant lui, alors j'ai confiance.

Il s'étale sur le lit en poussant un râle animal. Je lui tourne le dos et commence à me changer. Je prends soin d'enlever mon soutif par-dessous mon t-shirt. Quand je surveille Zach du coin de l'œil, je le surprends en train de me mater ouvertement.

Le traître !

— Hé ! Ferme les yeux !

— Tu peux pas m'y forcer.

Je capitule, sachant très bien que je n'arriverai jamais à plier Zach à mes bonnes volontés. J'échange alors mon jean pour un legging confortable, en me cachant autant que possible sous mon large t-shirt. Pour finir, j'observe les chaussettes en moumoutes qui reposent dans ma valise d'un œil hésitant. Il va se moquer, c'est sûr. Je n'ai encore jamais osé les sortir à l'appart, mais nous sommes à la montagne et il fait beaucoup trop froid.

C'est décidé, je les enfile.

— C'est quoi ça ?

— On est en forêt, on se gèle. T'en n'as pas marre de critiquer ce que je porte pour dormir ?

— T'en as pas marre de te pointer dans mon lit avec des tenues bizarres ?

— On s'en fiche, personne ne les voit.

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant