Le coup de la panne

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Il est cinq heures du matin lorsque nous décidons de reprendre la route du campus. Zach tourne la clé dans le contact et... rien. Le moteur gronde avec difficulté, la lumière des phares faiblit, et la musique se coupe. Quand il retente le coup, tout s'éteint.

— Eh merde...

— C'est la batterie ?

— Ouais, on l'a vidée. Fait chier !

Il tape doucement le volant avant de s'enfoncer lourdement dans son siège. En même temps, c'était à prévoir. Ça m'étonne même qu'elle ne nous ait pas lâchés avant. On a passé la nuit entière à écouter de la musique !

— Je n'arrive pas à croire que tu me fasses le coup de la panne...

— Tu rêves, Thorne.

J'ouvre la bouche de stupéfaction, puis la referme, refusant de laisser mon trouble se voir. Comment Zach connait-il mon nom de famille ? Soit il a des contacts parmi la CIA, soit il a un bac +5 en pistage sur les réseaux sociaux. Je ne peux pas vraiment l'en tenir coupable. Moi-même j'avoue l'avoir cherché à plusieurs reprises. La seule différence, c'est que je ne l'ai jamais trouvé.

— Si on marche un peu, je reprends après m'être raclée la gorge, on peut aller jusqu'à ma voiture.

— C'est combien, « un peu » ?

— Je ne sais pas... vingt minutes ?

— Et t'as des pinces crocodiles ?

— Je ne crois pas... toi non plus ?

— Nope.

— Sérieux ? Mais t'as travaillé dans un garage ! Tu devrais avoir ce genre de choses !

— Ouais, bah c'est pas le cas, dit-il faisant basculer le dossier de son siège en arrière.

— On peut aller au centre commercial, il est ouvert toute la nuit.

— Flemme, je suis crevé. J'appellerai un pote demain matin pour me dépanner. Essaie de dormir un peu.

Sur ce, il ferme les yeux et son visage se détend. Malgré la fatigue, je n'arrive pas à détourner le regard de la courbe de ses bras musclés, croisés sous sa tête, ni de son nez droit, ni de ses lèvres fines.

Quand je parviens enfin à me concentrer sur autre chose (en l'occurrence le plafond feutré de sa Jeep), impossible pour moi de trouver le sommeil. J'ai pourtant l'habitude de dormir dans une voiture !

Bon, c'est décidé. Je ne vais pas tourner en rond pendant des heures sans rien faire. Je ramasse mon téléphone qui est tombé à mes pieds en début de soirée. Sans surprise, j'ai deux appels manqués et sept messages de Lucas. Je n'ai même pas besoin de les ouvrir pour deviner leur contenu : « Aurore, tu es partie en coup de vent, et maintenant tu ne me réponds pas ! », « Aurore, je m'inquiète ! », « Aurore, pense à moi ! ».

Plutôt que de l'appeler au milieu de la nuit, je lui laisse un message pour lui dire que tout va bien et que j'ai passé la soirée avec Sophia-Rose. Oui, je suis un monstre de lui mentir comme ça. Je ne sais vraiment pas quoi faire d'autre.

Ceci étant fait, j'ouvre la portière en surveillant le visage de Zach. Il dort comme un bébé... et c'est ultra mignon. Sur la banquette arrière, je ramasse les cartons à pizza que nous avons grignotée toute la nuit pour les jeter. Je ferme doucement la portière en prenant soin de ne pas faire de bruit. Par la vitre, je vois Zach s'agiter un peu, mais il croise les bras et se calme. Ça me fait sourire de le voir comme ça, les paupières fermées et la bouche entrouverte. Sa vulnérabilité le rend plaisant.

Je le laisse là et marche d'un pas rapide en direction du campus. Vingt minutes plus tard, je retrouve ma Fiat sur le parking éclairé du Green Roof. Je jette mon sac à l'arrière avant de me mettre derrière le volant. Sans perdre de temps, je retourne au centre commercial. J'aligne mon capot à celui de la Jeep et coupe le moteur. Zach n'a pas bougé d'un millimètre. On peut dire qu'il a le sommeil lourd ! Bon, je suppose que maintenant je n'ai rien d'autre à faire que d'essayer de dormir un peu. La fatigue commence à sérieusement me piquer les yeux.

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant