La lettre

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— Bon, puisque t'es de bonne humeur, commence Maxine de but en blanc, il faut que je t'avoue un truc.

— Oh non.

— Quoi « oh non » ?

— C'est jamais bon signe quand tu dis ça.

— T'inquiète. Alors voilà, comment dire... j'ai mis au point une petite vengeance.

— Pour ?

— Pour toi. Pour te venger de Lucas.

Je grimace et me cache derrière la bouteille de vin, redoutant la suite.

— Fais pas cette tête, tu vas voir, c'est marrant ! Enfin, je crois. Bon, en gros il y a un mois je l'ai croisé pendant qu'il faisait ses courses et j'ai eu un éclair de génie. J'ai abandonné mon panier pour acheter des crevettes en vitesse, j'ai forcé la serrure de son coffre et j'ai planqué les crevettes sous le tapis.

— Mais... c'est illégal ! Comment t'as appris à faire ça, d'abord ?

— C'est mon grand-père qui m'a montré. Ce qui compte, c'est que maintenant sa caisse doit puer le mort.

— Je... Je sais pas si je dois rire ou être horrifiée.

— Apprécie juste le fait qu'il a le nez qui pique chaque fois qu'il prend la voiture pour aller travailler.

Je m'accorde le droit de rire, mais je suis franchement sous le choc. Maxine peut être terrifiante quand elle s'y met.

— Tu vas aller tout droit en enfer.

— Ouais, je sais. J'ai une place VIP sur les genoux de Satan.

On explose de rire en même temps. Je me ventile avec le carton des cookies pour recouvrer mes esprits.

— Bon, alors... merci, je suppose ?

— Tout le plaisir était pour moi.

Le calme revient. Pendant un temps, nous n'entendons que les voix de la télévision. Je regarde l'écran sans le voir, trop prise par mes pensées. J'ignore combien de temps s'écoule entre le moment où Maxine commence à me dévisager et le moment où je la remarque. Mais quand je le fais, mon sourire disparaît.

Elle a l'air plus sérieuse que jamais.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Il faut qu'on parle.

— De ?

— De ta mère.

Je déglutis bruyamment.

— Je passais une bonne soirée jusqu'à présent, Max.

— Je sais. Désolée, mais ça peut plus durer.

— Quoi que tu aies à me dire, je ne veux pas l'entendre.

Je m'obstine à garder le regard fixé sur la télévision. Max s'empare de la télécommande pour l'éteindre.

— Rien à carrer, je vais quand même te le dire. Je suis inquiète pour toi. J'ai l'impression que tu n'as pas pu digérer correctement le décès de ta mère, et ça te bouffe de l'intérieur.

Je me mets automatiquement sur la défensive.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Elle est partie, point. Je suis triste, mais... avec le temps ça ira mieux.

— Arrête tes conneries. C'était un monstre. Quand on était petite on l'appelait Lady Trémaine.

Je ricane. C'était une référence à la méchante belle-mère de Cendrillon. Sauf que moi, aucun prince ne m'a jamais sauvée d'elle.

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant