The love theory [Tome 1/2]

Baiser mouillé

Le tournoi de Mortal Kombat touche à sa fin lorsque le doux mot "victoire" s'affiche à l'écran au-dessus de mon personnage.

— Je ne le crois pas ! hurlé-je en sautant sur le canapé. On a gagné !

J'attrape Zach par le poignet et le secoue dans tous les sens.

— Allez les bouffons, au boulot.

Rylan fait le mort sur son pouf pendant que Tarik râle dans la cuisine en rassemblant les produits ménagers et des éponges.

— Vraiment, merci Aurore d'avoir mis ça sur le tapis. Tu sais, je t'aimais bien avant ce soir.

— Ouais, c'est ça ! Allez, au boulot ! Vous avez pris vos masques à gaz ?

— Ah. Ah.

— Si vous êtes pas rentrés dans une heure, en rajoute Zach, j'envoie Aurore vous chercher.

— Pff, même pas en rêve.

Rylan nous dévisage sur le pas de la porte, un seau d'eau à la main. À côté, Tarik a l'air sur le point de se faire la malle. Les pauvres, on dirait qu'on les envoie au front.

— Allez, ouste !

Je les chasse de la main et leur ferme la porte au nez.

— Ah ! On est trop fort !

— Non, je suis trop fort. T'aurais carrément perdu sans moi.

— Genre ! J'ai juste perdu contre Tarik !

— Et moi j'ai pas perdu du tout.

— Ok, on a qu'à jouer pour voir si tu es vraiment aussi fort que tu le dis.

— On met quoi en jeu ?

— Mon pull à paillettes. Il va vraiment falloir que tu me le rendes.

— Mouais... j'ai une autre proposition à te faire, dit-il en m'offrant un sourire rayonnant. Celui qui perd doit une faveur à l'autre.

Tiens, j'ai déjà entendu ça quelque part ! Le truc, c'est que pour une faveur, je ne sais pas si je veux vraiment jouer.

— Non, pas une faveur.

— Quoi, t'as peur ? Je te pensais plus joueuse que ça.

— Je suis joueuse... quand je suis certaine à mille pourcent que je vais gagner.

— Ça m'étonne pas de toi. Allez, je vais prendre un personnage au hasard et je regarderai pas les combinaisons. T'as toutes tes chances.

J'hésite un moment. C'est tout le temps qu'il lui faut pour lancer la partie. On s'installe cuisse contre cuisse sur le canapé ; la sensation de son corps tout près du mien menace de me déconcentrer, mais je résiste. Il y a trop en jeu. Avec une faveur dans son arsenal, il pourrait me demander de brûler mon pull à paillettes adoré. Après, si on regarde sa première faveur, elle m'était plus bénéfique qu'autre chose. Je pense qu'à part une défaite cuisante et un coup à l'égo, je n'ai rien à craindre avec lui.

— Qu'est-ce que tu fais ? Non, non, non !

Il joue d'une main pendant que, de l'autre, il essaie d'appuyer sur les touches de ma manette.

— Mais va-t'en, tricheur !

Je lève les bras en l'air pour lui échapper, pour finalement me mettre debout et me planter devant lui.

— Décale, tu vas me faire perdre !

— C'est le but !

— Allez, bouge !