De nouvelles larmes menacent de s'échapper de mes yeux quand je balance mon double des clés dans la boîte aux lettres des garçons. Je me rassure en me répétant que c'est pour le mieux. Ce n'est seulement lorsque je me retrouve au volant de ma Fiat que je me demande si je ne viens pas de commettre une énorme erreur.
Retour à la case départ.
Je me sens si seule tout à coup. Est-ce normal si ma décision a le goût cuisant de la désolation la plus totale ?
Le trajet est flou entre l'appartement et le parking de ce bon vieux Green Roof. Je ne me calme qu'une fois que je coupe le moteur, et seulement après m'être mordue l'intérieur de la joue pour faire cesser mes sanglots. Grâce aux deux dollars qui traînent sur le siège passager, je peux m'offrir une petite dose de réconfort.
Comme je suis la première cliente de la journée, je peux siroter mon café à ma table habituelle. Je profite de cette accalmie pour raconter en vocal les deniers évènements à Maxine. Je n'attends pas de réponse dans l'immédiat. Elle ne se lèvera que dans une heure et demie, pour être au tattoo shop à 9h. Toutefois, ça me fait du bien d'évacuer.
Je ne vais pas mentir, je me sens misérable quand Tarik et Rylan essaient de me joindre dans la matinée. Ils ne méritaient pas que je parte aussi rudement sans un au revoir. J'espère avoir bientôt l'occasion de leur expliquer pourquoi je l'ai fait.
Entre midi et deux, mon téléphone sonne de nouveau. Je n'ai pas bougé d'un millimètre depuis que je suis arrivée au Green Roof.
— Allô ? je réponds d'une voix éteinte.
— Aurore, ma belle. Qu'est-ce qui se passe ?
L'intonation de Maxine est douce, bien plus douce que la normale. C'est la preuve que je vis une situation de crise. D'habitude, elle est bruyante et erratique dans sa façon de parler.
— J'ai eu peur. J'ai appris que Zach m'avait menti et j'ai... pété les plombs.
— Est-ce que tu regrettes ? Tu sais si tu regrettes, c'est pas trop tard pour...
— Non, Max, c'est mieux comme ça. C'était trop bizarre comme situation. J'étais totalement dépendante de lui.
— Ok, ok, je comprends. Mais il t'a fait du mal ou quelque chose ?
— Non, mais... j'ai juste vraiment peur de me faire manipuler.
Je l'entends soupirer. C'est comme ça que je sais que je vais me faire engueuler.
— C'est cette histoire de carnet, ça t'est monté à la tête.
— Ce n'est pas ça.
— Alors quoi ?
— Je ne sais pas, vraiment. Je n'ai pas l'impression d'aller bien en ce moment. Tout part en cacahouète. J'ai le sentiment que toutes les décisions que je prends sabotent ma vie.
— C'est depuis que Lucas est venu tu penses ?
— Non, avant.
— Depuis le décès de ta mère ?
Je ne réponds rien. Le silence s'étire et se fait de plus en plus pesant.
— Écoute, je dois y aller. Je vais bien, je t'assure. Bisous, on s'appelle.
J'écourte la conversation sans lui laisser le temps de riposter.
Le reste de la journée, je le passe à la bibliothèque pour terminer ma dernière dissertation. Je ne suis pas fière du résultat, mais je blâme les circonstances. Il me reste encore une lecture à finir, or j'ai beau relire le même paragraphe deux fois, trois fois, quatre fois, les mots ne s'enregistrent toujours pas dans ma tête. Je m'agite de plus en plus et, très vite, j'ai le sentiment de ne plus pouvoir tenir en place.
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The love theory [Tome 1/2]
Romance𝘊𝘢𝘮𝘱𝘶𝘴 𝘙𝘰𝘮𝘢𝘯𝘤𝘦 | J'aime formuler des théories farfelues sur tout et sur rien. C'est pourquoi lorsque je me cogne contre Zach Stone, un étudiant aussi grossier qu'insolent, je ne peux pas m'empêcher de me pencher sur son cas. Théorie n°1...