L'effet Zach

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Zach coupe le moteur sur le parking désert du centre commercial. Désert, si ce n'est pour ce food truck garé à une dizaine de mètres de nous. L'enseigne indique « Italian Rush ». Trois tables rondes en fer sont dépliées devant et éclairées par des lanternes électriques. Je trouverais l'endroit lugubre s'il n'y avait pas tout ce monde qui faisait la queue. Leurs sourires et leur bonne humeur manifeste se reflètent autour d'eux.

— Tiramisu ? s'enquiert Zach soudainement.

— Je te demande pardon ?

Est-ce une sorte de mot de passe secret dans son monde délirant ?

— Ce type fait les meilleurs tiramisus de la ville.

— Et on en fait quoi de ça ?

J'agite mon carton à pizza, dont l'odeur embaume tout l'habitacle. Il se contente de hausser les épaules.

— On les mettra au frais.

— Rassure-moi, t'as pas l'intention d'agresser le vendeur ?

— Non, rétorque-t-il en penchant la tête sur le côté. Parce que je le connais et que je sais que c'est pas un connard qui pète plus haut que son cul. Tu viens ?

Il claque déjà la portière de sa voiture, ne me laissant pas d'autres choix que de le suivre.

Pendant que nous faisons la queue, un morceau de rock sort des enceintes de la camionnette. J'inspire l'air nocturne : un soupçon de magie flotte autour de nous. Après réflexion, j'aime beaucoup cet endroit. Il me donne littéralement envie de sourire à la vie, mais je me retiens. Je ne tiens pas à donner à Zach les armes pour insulter ma santé mentale.

— Dis-moi, est-ce que t'es adopté ?

Il lève le nez de son téléphone pour m'examiner, son expression quelque part entre la confusion et l'agacement. Oups... je crois que c'était la question de trop.

— Pas que je sache, répond-il prudemment. C'est pour mon profil psychologique ?

— Ouais, si on veut. Et tu viens d'où ? T'es né ici, dans le New London ?

— C'est ça ton idée d'une conversation ?

— Bah... oui. Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que ça ressemble plus à un interrogatoire.

— Il faut bien qu'on se dise quelque chose. Ça ne fait même pas deux minutes qu'on est arrivé et t'es déjà sur ton téléphone.

Il expire bruyamment et range son appareil.

— Je viens de Pittsfield dans le Massachussetts.

— Pourquoi t'as choisi le New London ?

— Mon oncle est prof de droit ici. Comme mes notes au lycée étaient merdiques, il m'a pistonné.

— Attends, t'es en droit ?

— Pourquoi ça t'étonne ?

— Je ne sais pas... je t'imagine mal faire autre chose que de courir après un ballon.

Il hausse les épaules.

— Et tu as déjà eu des relations de longues durées ?

— Longue durée ? Une seule.

— Comment ça s'est fini ?

— D'un commun accord. On était trop différents.

— Elle te manque ?

— Nope... Avec le recul, je me suis rendu compte que je pouvais pas me la voir.

— Ah bon ? Mais tu sortais avec.

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant