Les garçons et moi sommes réunis autour de la table du salon. « Réunion de crise de colocs », comme l'a appelée Rylan. Ce dernier est affalé sur son pouf bleu. Ce machin est tellement vieux qu'il a pris la forme de son corps. Quant à Zach et Tarik, ils sont assis sur le canapé, tandis que moi je suis en tailleur par terre, séparée d'eux par la table basse.
— Aurore, commence Tarik avec sérieux. Au nom de la coloc, je voulais te dire qu'on est désolé. Ça nous a pas percuté que tu pouvais te sentir mal à l'aise, que tu te sentais pas chez toi.
— Ce n'est pas que je ne me sentais pas chez moi, mais... je vivais aux dépends de vous, et j'avais constamment l'impression de vous être redevable. Même si vous ne m'avez rien fait de mal, c'était comme si vous aviez l'ascendant sur moi. Ça ne veut pas dire que je n'étais pas reconnaissante que vous m'ayez hébergée, mais juste...
— T'inquiète, on comprend. Et on a eu une idée pour que tu te sentes plus chez toi.
Il marque une pause dramatique. Rylan sourit déjà d'anticipation. Je pense que je sais ce qu'il va dire, parce que j'y ai pensé moi aussi. Si je partage le lit de Zach, il relève du bon sens que je partage également leur loyer. Là au moins, je trouverai ma présence dans l'appart plus légitime.
— Si tu lui dis pas, je vais le faire !
— Ok, ok ! Alors voilà, quitte à vivre en colocation, pourquoi ne pas officialiser les choses ?
— C'est-à-dire ?
— Maintenant que tu bosses, tu peux te permettre de payer ta part du loyer, non ?
— Oui, j'allais justement vous en parler.
— Ah bah cool, du coup t'es d'accord pour qu'on se prenne un appart à quatre, avec ta chambre à toi ?
Ma mâchoire se décroche. Ce n'est pas du tout la proposition à laquelle je m'attendais, mais quelque part c'est encore mieux !
J'essaie de contrôler ma réaction en me mordant la lèvre inférieure histoire de ne pas les effrayer, mais c'est plus fort que moi. Je pousse un petit cri aigu en souriant comme une maniaque. Ce n'est même pas le fait que mon nom va apparaître sur le bail qui me rend heureuse. C'est le fait que ses trois garçons, eux-mêmes qui m'ont tirée de la rue, m'apprécient assez pour officiellement vivre avec moi.
— Du coup ça veut dire oui ?
— Oui ! Mille fois oui !
Je tape des mains, comme si j'applaudissais l'univers pour enfin faire briller le soleil dans ma vie.
Pour sceller sa proposition, Tarik s'en va dans la cuisine et revient une minute plus tard avec des bières. On trinque au prochain épisode de notre existence, que l'on va partager ensemble. Je ne peux pas m'empêcher de commencer à regarder les appartements dans notre budget sur mon téléphone. Ça me fait quelque chose au cœur quand je limite ma recherche à « quatre chambres ». J'aurai ma chambre à moi.
Je ne me voile pas la face pour autant. Je peux me le permettre aujourd'hui, mais mon contrat au MG's n'est pas à durée indéterminée. J'ignore comment je ferai pour payer mon loyer une fois qu'il prendra fin. Je suppose que je me poserai la question en temps voulu.
Lorsque le soleil commence sa lente descente par la fenêtre du salon, Zach se lève pour s'asseoir à côté de moi.
— T'es vraiment contente d'avoir ta propre chambre ?
— Oui, t'as pas idée !
Il gratte l'étiquette de sa bouteille, l'air pensif.
— Est-ce que je t'ai déjà mis mal à l'aise quand tu dormais avec moi ?
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The love theory [Tome 1/2]
Romance𝘊𝘢𝘮𝘱𝘶𝘴 𝘙𝘰𝘮𝘢𝘯𝘤𝘦 | J'aime formuler des théories farfelues sur tout et sur rien. C'est pourquoi lorsque je me cogne contre Zach Stone, un étudiant aussi grossier qu'insolent, je ne peux pas m'empêcher de me pencher sur son cas. Théorie n°1...