Et ce n'est même pas encore l'été

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Je me suis rarement sentie aussi creuse et misérable... et ce n'est même pas encore l'été.

Je passe le reste de ma journée à pleurer sur mon lit, puis mes larmes m'accompagnent jusque dans la soirée. Vers les quatre heures, alors qu'il fait encore sombre dehors, je trouve le courage de me lever. Maintenant que les garçons dorment et que j'ai les yeux secs, c'est le moment ou jamais de quitter ma chambre.

Je rassemble quelques affaires dans mon sac de sport. Une serviette, des rechanges, mon chargeur de téléphone... Je vais aller prendre une douche à notre ancien appart, et je vais en profiter pour nettoyer la cave. J'ai trop honte de moi pour m'attarder dans les parages.

La nuit glacée m'accueille dans son silence absolu. Je dois marcher pendant bien quarante-cinq minutes pour traverser la ville. Ça ne me dérange même pas. La balade est agréable. Elle me permet de m'aérer l'esprit et de mettre mes pensées au clair.

Le jour est déjà levé lorsque je termine. J'ai les cheveux attachés en une queue de cheval désordonné, et l'odeur d'œufs pourris me pique encore les narines. Cela dit, j'ai tout donné. J'ai nettoyé la cave (qu'un voisin a attaqué à cause de leurs bêtises, je tiens à le rappeler). J'ai même épousseté, brossé et lustré l'appart à moi toute seule. Tout ça dans l'unique but de me faire pardonner.

Il est proche des midis lorsque je rentre chez nous. Je pose mon sac à droite de l'entrée et pousse un long soupir. J'ai besoin d'une douche. Encore.

Je m'engage dans la pièce à vivre en trainant des pieds, pressée de faire disparaître la puanteur qui me poursuit depuis que j'ai mis un pied dans la cave. Seulement, je m'arrête brusquement quand je tombe sur Tarik. Il est assis sur un tabouret au niveau du comptoir, naviguant sur son téléphone en buvant un jus d'orange.

— Tu viens d'où comme ça ? s'enquiert-il en me parcourant de haut en bas.

Je me racle la gorge. Surtout, ne pas craquer.

— Je suis allée nettoyer l'appart.

— La cave aussi ?

Je hoche la tête. Il arque les sourcils d'étonnement.

— T'aurais pas dû, on aurait fini par le faire.

— Ouais, mais... je me sentais coupable, et je voulais faire quelque chose pour me racheter.

— Je vois... merci.

Je le dévisage à la recherche d'une mimique qui trahirait sa haine pour moi, mais il se contente de me sourire.

— T'as parlé à Zach ?

— Vite fait. Il nous a dit que t'étais une tarée et qu'il voulait plus te voir.

— Il vous a dit pourquoi ?

— Dans les grandes lignes.

Mes épaules s'affaissent. Pour éviter d'avoir à le regarder, j'ouvre le frigo pour en sortir le jus de fruits. Je m'en sers un verre. Face à lui de l'autre côté du comptoir, je le sirote en balayant le salon d'un regard triste.

Si je veux leur pardon, je dois commencer par assumer mes erreurs.

— J'ai écrit des trucs pas cool dans un carnet le concernant. Je faisais des parallèles entre sa personnalité et ce que j'apprends en cours.

— Zach est un phénomène. Si tu creuses un peu, je suis sûr que tu peux déterrer des trucs.

— Ouais, mais je suis allée trop loin. Tu n'as pas l'air en colère contre moi ?

Il hausse les épaules en levant le nez de son téléphone par moment.

— Je pense pas que tu sois méchante, t'es juste dans ton délire. Franchement j'ai rien contre toi, cette histoire c'est entre vous.

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant