The love theory [Tome 1/2]

La faveur

Je caresse le tissu en velours orange du canapé, ma tasse de thé fumant sur la table basse devant moi. Monica me demande quel assortiment de fleurs je préfère pour son mariage. Je ne l'écoute pas ; je suis distraite par des légers coups à la fenêtre.

Toc toc toc

Ça s'arrête, puis ça reprend. Je regarde autour de moi, mais il n'y a personne à la vitrine du café. Étrange...

Je m'étire sous ma couverture, savourant ces dernières secondes de plénitude. Quand j'ouvre les yeux, une réelle tristesse m'étreint le cœur. Je ne suis plus dans l'iconique Central Perk, mais dans mon modeste tas de ferraille. Il faut vraiment que je ralentisse avec la série Friends, ça devient délirant.

Les coups reprennent à la vitre. Pensant que c'est Jareth, j'enfile mes baskets en vitesse et ouvre la portière... pour tomber nez à nez avec Zach.

J'écarquille les yeux d'horreur.

Zach. Il est là. En train de toquer à ma voiture. Alors que je dors dedans. Non non non non non... NON !

Il me regarde droit dans les yeux, l'air on ne peut plus déterminé.

— Voilà, je suis sobre.

Les larmes me montent aux yeux, ce qui est ridicule puisqu'il ne semble pas le moins du monde soucieux du fait que je dorme dans ma voiture. Depuis combien de temps le sait-il ? Comment le sait-il ? Mon Dieu, pourquoi lui ? C'est la dernière personne que j'aurais aimé mettre au courant. Quel cauchemar, ce n'est pas possible...

— Mais qu'est-ce que tu fais ici ? demandé-je après avoir retrouvé l'usage de ma parole.

— Je viens discuter avec toi.

— Zach, il est...

Je regarde l'heure sur mon téléphone. Je remarque en passant que j'ai un message de Lucas et deux de Tobias. Désolée les gars, mais ça devra attendre.

— ...tout juste sept heures.

— Viens, je te paie le café. J'ai des choses à te dire.

Il ne me laisse pas le temps de protester avant de se diriger vers le Green Roof. Eh m...ince ! J'ai les cheveux en pétard, et je ne préfère même pas penser à mon haleine. Purée, j'ai vraiment besoin de ma dose de caféine, là !

Je ferme ma voiture à clé et jette un coup d'œil en direction du 4x4 de Jareth. Il surveille la scène depuis la vitre arrière, ses yeux marron me demandant silencieusement si tout va bien. Je lève un pouce en l'air avant de partir à la suite de Zach.

Quand je rentre dans le café, il est déjà en train de passer commande au comptoir. À sept heures un samedi matin, pas étonnant qu'il n'y ait pas un chat dans les parages. Je m'assoie à une table et l'attends en m'attaquant nerveusement à la peau autour de mes ongles.

J'arrête à la seconde où il se retourne pour me rejoindre.

— Double expresso, c'est bon ?

— C'est parfait, merci.

Après le réveil qu'il m'a fait vivre (mon cœur tape encore contre ma poitrine comme s'il voulait en sortir !), c'est pile ce dont j'ai besoin. En temps normal, j'aime accompagner mon café d'une viennoiserie, et parfois même d'un jus de fruits, mais là je ne peux rien avaler. Ce qui est franchement triste, parce que le petit déjeuner est mon repas favori. J'ai tendance à dépenser des milles et des cents dans celui-ci, aux dépens du déjeuner et du dîner. Mon porte-monnaie s'en plaint tous les jours, d'ailleurs. Il faut vraiment que je me trouve un boulot, parce qu'à ce rythme, je n'aurai bientôt pas d'autre choix que de fouiller les poubelles pour me nourrir.