Tu veux que je lui casse la gueule ?

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Quand j'arrive au bar pour mon service du soir de l'an, je me demande si l'établissement n'est pas condamné tellement il y a de monde sur le trottoir. La mine tendue de Terry, le videur, m'apprend que ce n'est pas le cas. Nous n'avons juste pas la place d'accueillir tout le monde à l'intérieur.

J'entends des sifflements dans mon dos quand je double la queue pour entrer. Ce n'est pas du tout le genre d'attention que j'aime recevoir dans la rue, mais au bar c'est une autre histoire (tant que ça reste inoffensif). Le truc, c'est que mettre ses atouts en avant encourage les clients à donner des pourboires. C'est pour ça que, pour l'occasion, j'ai décidé de porter mon short le plus court et mon décolleté le plus plongeant.

Donc voilà. À l'extérieur, je ne suis pas hyper à l'aise avec les habits que je porte, mais une fois à l'intérieur, je me sens un peu plus dans mon élément. Le fin mot de l'histoire est toujours le même : j'ai besoin d'argent. Je suppose que m'habiller de façon provocatrice pour travailler, c'est toujours mieux que de faire du tapin. Quoi qu'il en soit, j'espère battre tous les records en termes de pourboire ce soir.

— On va prendre un rhum coca, un Jäger Bomb, et ton numéro.

Un sourire tendu aux lèvres, je réponds :

— Mon numéro n'est pas sur la carte, mais vos boissons arrivent tout de suite.

Des gros lourds comme ça, j'en sers une ribambelle ce soir. Naturellement, la terre entière a décidé de se mettre une mine en ce jour de fête. Moi-même je m'autorise à être un peu plus insouciante. Quand on m'offre un shot, je l'accepte volontiers. Et c'est sans parler ceux qu'on s'échange avec l'équipe. Toutefois, je ralentis le rythme quand je commence à voir flou. Le décompte n'a même pas encore commencé que j'ai déjà renversé cinq verres par terre.

— Aurore !

— Tarik !

Je fais passer mon plateau vide sous mon aisselle pour le prendre dans mes bras. Rylan fait son jaloux et se joint à nous, contrairement à Zach qui reste en retrait.

— Les mecs, vous êtes à tomber !

Ils ont sorti le grand jeu pour le nouvel an, avec chemises, nœuds papillon et derbies.

— Excuse-moi, tu t'es vue ? me crie Tarik à l'oreille. T'es un rêve ambulant, là !

Je lui offre un sourire éclatant en me déhanchant d'un pied sur l'autre.

— Bon je vous laisse, faut que je travaille.

Je me retourne pour regagner le comptoir, mais la salle tangue. C'est le signe que je suis franchement éméchée et, je ne sais pas pourquoi, j'ai tout de suite l'impression que tout est possible. Alors sur un coup de tête, je prends Zach dans mes bras.

Pendant un long moment, c'est juste moi qui le sers fort. Mais une fois le choc de ma décision passée, il me rend enfin mon câlin.

Ouf ! J'ai bien cru qu'il allait me mettre un vent.

— C'est en quel honneur, ça ? articule-t-il au creux de mon oreille.

Je souris contre son torse.

— C'est parce que tu me manques. Beaucoup.

À ces mots, je le sens fondre contre moi, comme s'il acceptait de s'abandonner un peu plus à notre étreinte. J'hume son parfum, et... je veux rester ici pour toujours. Vraiment, s'il veut que je parte, il devra demander de l'aide à Rylan et Tarik pour me décoller.

— Aurore... Le décompte va commencer, tes collègues t'attendent.

Je hausse les épaules et ferme les paupières.

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant