L'avertissement

1.1K 49 0
                                    

Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?

« Une fréquentation » ? Après qu'on ait couché ensemble ? Même pas une « amie » ? Plus le mot résonne dans mon esprit, plus je me dis qu'on dépasse le stade de la taquinerie. C'est carrément insultant. Et je reste là, assise comme une idiote pendant qu'il s'amuse à éclabousser son cousin. Dix minutes s'écoulent ainsi, dix minutes où je sens que je m'effondre de plus en plus sur moi-même.

— Oh allez, rigole un peu Thorne !

Il m'envoie de l'eau dessus. J'encaisse les paupières fermées, la mâchoire serrée. Quand je les rouvre, il est tout près de moi.

— C'est quoi ton problème ?

— Je n'ai pas de problème.

— Alors pourquoi tu fais la gueule ?

— Parce que... tu m'as présentée comme une « fréquentation ».

— Et alors ? On traine ensemble, non ? Donc on se fréquente, donc t'es une fréquentation.

J'ouvre la bouche pour riposter, pour finalement la refermer. Ce qu'il dit a du sens, quelque part. Le terme manque cruellement d'intimité, mais c'est vrai que ce n'est pas nécessairement méchant. Je me demande s'il présente Claire de la même façon. C'est en pensant à elle que mon envie de rétorquer redouble d'intensité.

— C'est froid comme terme et tu le sais. Tu peux au moins dire qu'on est amis.

— Je sais pas si un mec et une meuf peuvent être amis. Regarde, même pas deux mois qu'on se connaît et on couche déjà ensemble.

J'ai l'impression d'entendre son pote Junior quand il tient ce genre de discours. Je crois que je le déteste sincèrement en cet instant.

— Donc ça veut dire quoi ? Que je vais inévitablement finir par coucher avec toute la coloc ? Que quand tu m'as proposé de dormir dans ton lit, tu me voyais déjà comme un plan-cul ?

— Parce que toi t'y avais pas pensé ?

Je pince les lèvres en secouant doucement la tête, refusant de l'honorer d'une réponse. C'est soit ça, soit je fais un scandale. Or il a beau être inconsciemment blessant, il ne mérite pas ça le jour de son anniversaire.

Je ravale donc les mots amers qui me brûlent la langue et esquisse un sourire qui n'atteint pas mes yeux.

— Oui, t'as raison. Désolée.

— Je préfère ça. Allez, viens !

Je secoue la tête, en vain. Il m'attrape contre mon gré par la taille pour me jeter à l'eau. Je me bouche le nez au dernier moment. Quand je remonte à la surface, Zach est mort de rire.

— Putain mais tu fais chier !

Son sourire s'évanouit et, enfin, il capte que son comportement me blesse. Je ne me sens pas assez forte pour l'affronter, alors je tourne les talons et nage jusqu'aux marches.

— Hé, Aurore, attends !

Il m'attrape par la taille avec une douceur que je ne lui connais pas et m'oblige à lui faire face. Je fais un pas en arrière et baisse les yeux, n'osant pas croiser son regard trop longtemps.

— Qu'est-ce que t'as d'un coup ?

— J'ai que tu peux te montrer hyper blessant sans même t'en rendre compte.

— Parce que je t'ai appelée une « fréquentation » ?

— Exactement.

Il sourit comme si mes plaintes l'amusaient. Je roule des yeux et fais mine de sortir de la piscine, mais il me rattrape par le bras.

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant