Le jackpot, c'est mieux

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Cela fait six jours qu'il neige. Six jours que je dois dégager les montagnes de flocons qui bloquent l'accès à ma voiture avec mes mains. Six jours que je croule sous le travail en suivant mon programme à la lettre. Bien que je ne puisse pas me le permettre, j'ai besoin d'un break. Je suis dangereusement proche du burnout.

L'avantage de cette météo, c'est de passer la période des fêtes sous la neige. Il y a quelque chose de magique. C'est d'ailleurs tout ce qu'il y a de bien. Autrement, la température est si basse qu'on frise l'âge de glace. Je n'ai jamais eu aussi froid de ma vie. Mais je tiens le coup. Je vais à la bibliothèque dès l'ouverture, et je travaille au MG's jusqu'à la fermeture. Je ne dors pas beaucoup la nuit, ce qui signifie que je passe moins d'heures à claquer des dents dans ma cage de métal à cause du froid sibérien. Oui, mes cernes battent tous les records. Non, ça ne va pas durer. Ce n'est qu'une mauvaise passe.

Plus que quatre-vingt-huit jours avant le printemps.

Mon téléphone vibre sur le comptoir du bar. Nous sommes le vingt-quatre décembre et le bar est désert (sans compter Bill, un habitué). Je me permets de décrocher ; ce n'est pas dans ces conditions que je vais me faire taper sur les doigts.

— Ça va ou quoi ? me salue Maxine.

— Ça va... ça va comme si j'étais la dernière personne sur terre et que le monde tournait au ralenti. Et toi ?

— Moi je pète le feu ! s'exclame-t-elle, particulièrement enjouée.

J'entends un coup de klaxon en arrière-plan. Est-ce qu'elle est dans la rue ? Je ne serais pas étonnée si elle était en train d'acheter des cadeaux de dernières minutes alors que les boutiques ferment dans deux heures. C'est tout elle !

— Et qu'est-ce qui te rend si heureuse ?

— Oh, mais je vais te le dire ! Je suis dehors dans la neige, j'ai les pieds trempés parce que j'ai pas pris les bonnes chaussures, et il y a déjà deux connards qui m'ont klaxonnée, mais c'est pas grave ! Et tu sais pourquoi ?

Je vais pour répondre quand soudain, la porte du bar s'ouvre. Maxine en personne apparaît dans l'embrasure, les bras écartés et le sourire plus rayonnant que jamais.

— Parce que je suis avec toi ! dit-elle après avoir raccroché.

— AH !

Je lâche mon téléphone et cours pour lui sauter au cou.

— Mais non ! Tu es là ! Je le crois pas !

— Crois-le ma beauté, parce que c'est vrai !

Je m'écarte pour chercher des réponses dans ses yeux noirs.

— Attends, ça veut dire que...

— ...qu'on va passer Noël toutes les deux ! Je reste pour deux nuits.

Je pousse un cri aigu et me jette de nouveau dans ses bras.

— Viens, qu'est-ce que tu veux boire ? C'est moi qui offre !

— Du vermouth, tu as ?

Je hoche la tête et aligne deux verres sur le comptoir.

— Ça fait trop bizarre de te voir boire. Ce soir on se déchire la gueule, je te préviens.

— Tu ferais mieux d'aller acheter de l'alcool maintenant alors, parce que les magasins vont bientôt fermer.

— T'as raison. On peut rien piquer derrière le comptoir ?

Je secoue la tête. Elle boit son verre cul-sec et part faire une razzia à l'épicerie la plus proche. En attendant son retour, j'appelle le patron et le supplie de me laisser fermer plus tôt. Pour appuyer ma demande, je lui envoie une photo du bar en prenant soin de rogner Bill. Ce doit être mon jour de chance, parce qu'il accepte sans rechigner. Il faut absolument que j'exploite ma bonne étoile et que je joue au loto !

The love theory [Tome 1/2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant