HARMFUL T.1/T.2

CHAPITRE 18

Faith

Après les incidents survenus, plus rien. Je n'ai eu aucune nouvelle des garçons depuis trois jours et je ne peux pas m'empêcher de me détruire l'esprit, par un nombre incalculable de questions auxquelles je n'aurais forcément aucune réponse. J'aime toujours Caleb, et Aiden est... C'est lui.

Est-ce que Caleb le vit bien ? Lui manquais-je ? Comment a-t-il réagi en l'apprenant ? Qui lui en a parlé ? Et Aiden, pourquoi nourrissait-il une telle obsession à mon égard ? Pourquoi me faisait-il cet effet, il est pourtant détestable.

J'ai complètement foiré. Pas seulement sur ce qui s'est passé, mais sur absolument tout. Je ne voulais pas me retrouver dans une situation compliquée, et pourtant, me voilà submergée par celle-ci.

J'ai quitté la ville pour rejoindre la banlieue de Dyker Heights. Leila est partie le lendemain de toute cette merde,profitant à présent du soleil des tropiques, une noix de coco à la main. J'ai reçu un tas de photos, et bien que son père n'apparaît sur aucune d'elles, il semble qu'elle passe de bons moments. Quant à Jordan, on s'est appelé ce matin. Il pliait bagage direction la montagne. Ça commençait à être vraiment sérieux entre sa mère et Chris, — son amant —, il leur a offert un petit moment de détente loin de l'État de New York.

Pour ma part, j'ai passé ces trois derniers jours à faire des allers-retours entre ma chambre et les pièces à vivre, où je pouvais retrouver le reste de ma famille. J'avais un retard monstre à rattraper, et sortir faire la fête n'était pas dans mes plans. Cependant, cet après-midi, Shawn a décidé de bousculer ma routine. Mon petit frère de onze ans est déterminé à me faire quitter cet ennui en m'entraînant au centre commercial. Sa demande m'a d'abord surprise, mais il a sûrement pensé que c'était l'endroit idéal pour me sortir de ma torpeur. Bien que je n'en sois pas convaincue, je n'allais pas lui refuser cette sortie, d'autant plus qu'il s'agissait d'un moment rien qu'à nous.

— Faith ! Aller, dépêche-toi ! il hurle depuis le bas de l'escalier.

Qu'est-ce qui pouvait bien se passer de toute façon ?

Je dévale les escaliers pour rejoindre l'entrée le plus vite possible. Ma mère nous embrasse avant que l'on quitte la maison pour rejoindre la voiture. Sur le chemin, Shawn chante à tue-tête. J'ai dû me retenir de rire plus d'une dizaine de fois quand il essayait de monter le plus possible dans les aiguës. Ce que je n'avais pas réussi à réprimander en revanche, c'était mes grimaces dues à mes tympans presque détruits.

Je fixais longuement la route, perdue dans mes pensées. Je me plaignais que Caleb oscillait entre le chaud et le froid, mais il en allait de même pour Aiden. Comment pouvait-on créer une telle proximité avec quelqu'un, partager des confidences intimes, puis faire comme si de rien n'était ? M'éviter pendant trois jours, quel gentleman. Heureusement que je ne suis pas charmée par ses atouts comme toutes ces filles, il allait causer ma perte, je le sens et le travail avait déjà commencé.

Arrivés au centre commercial, Shawn était , me tirant dans tous les sens pour explorer chaque magasin qu'il voyait. Je n'arrivais pas à comprendre comment on pouvait être aussi enthousiaste à l'idée d'aller faire du shopping. Avec ma mère, il se comportait complètement différemment ; c'était elle qui le traînait de force dans les boutiques.

Peut-être que ma présence le rassurait, lui donnant l'impression de ne plus être seul à la maison. Nous avions repris l'habitude de regarder des films ensemble chaque soir dans le salon, et mon père était souvent de la partie. Ma mère, quant à elle, s'occupait de la maison la plupart du temps. Je lui ai souvent fait la remarque, mais elle insistait sur le fait que cela l'occupe et l'aidait à penser à autre chose.