HARMFUL T.1/T.2

CHAPITRE 10

Leila

Je vais lui faire la peau à cette enflure. Si jamais je venais à le croiser, je ne me retiendrais pas de lui en coller une ! Comment pouvait-il être aussi répugnant ? C'est donc ça les hommes de nos jours ? Ne se baser qu'uniquement sur le physique d'une femme, vouloir la remodeler comme bon leur semble.

Il me donne la gerbe.

Faith ne voulait pas aller en cours ce matin, je l'ai donc laissé dans son lit avant d'aller à la fac. Elle sait que si elle a besoin je serais là et qu'elle n'a qu'à me téléphoner. La pauvre, placée tant d'espoir dans une relation vouée à l'échec. Je sais bien que ce n'est pas ce à quoi elle pense actuellement, et j'aurais beau le lui répéter encore et encore, mais tant qu'elle aura encore de l'espoir le concernant, elle ne le lâchera pas.

Elle ne veut pas en parler à Jordan et je respecte ce choix. Mais je me demande vraiment comment on peut laisser passer de telles horreurs. Comment est-il possible de laisser quelqu'un exercer un tel contrôle sur nous ?

L'amour.

Elle est amoureuse. Et la voir dans cet état me brise le cœur. Elle a même souscrit un abonnement à la salle il y a quelques semaines. Elle n'y est allée que très peu de fois, mais je ne paye pas cher qu'elle s'y mette de manière intensive à cause de de connard.

Je le déteste.

Je déteste le savoir aussi méprisant à l'égard de Faith, la prendre de haut alors qu'il n'est rien, une pauvre merde qui s'est laissé pousser des ails parce qu'elle l'a laissé faire. Comment peut-on prétendre être quelqu'un de bien devant le reste du monde quand dans l'intimité, on peut être aussi horrible ?

— Tu m'écoutes quand je te parle ? m'interrompt Jordan.

— Oui... Euh... Non, j'étais ailleurs excuse moi, je bafouille.

Avec Jordan, on se tolère désormais. Plus sérieusement, on ne s'est jamais vraiment détesté, — il m'aime beaucoup trop pour ne pas m'apprécier. On s'est rapprochés ces derniers temps, surtout depuis que Faith n'a d'yeux que pour son connard.

Je ne crois pas l'avoir appelé une fois par son prénom d'ailleurs. Connard. Ça sonne bien, non ?

Cette pensée me fait pouffer de rire. Jordan, lui, est dans une totale incompréhension. J'ai déjà essayé de m'en prendre à lui à plusieurs reprises, mais que des échecs à cause de lui. C'est mieux pour lui de ne rien savoir pour le moment, mieux pour nous tous d'ailleurs. Je n'ai pas du tout envie d'avoir le meurtre d'un connard sur le dos, même s'il le mérite amplement. Sa chute sera encore plus dévastatrice si Faith décide de l'abandonner à son propre sort. Enfin, s'il a une once de sentiment ce qui reste encore à prouver.

— Il faut que je parle à Aiden, m'exclamais-je me levant d'un bond du banc où nous sommes assis.

Toujours dans l'incompréhension, il me fusille du regard.

— Je ne vais pas me le taper si c'est ce à quoi tu penses, crétin.

— Je t'accompagne.

— Non, ça va aller.

— Qui a dit que je te demandais la permission ?

Qu'est-ce qu'il peut être lourd parfois. Après bon, qui a dit que ça me dérangeait qu'il prenne les devants pour passer du temps avec moi. C'est le quarterback de l'équipe de foot de notre campus, qui ne serait pas flatté de cette initiative.