HARMFUL T.1/T.2

CHAPITRE 32

Faith

Je suis épuisée. Mon corps et mon esprit sont lourds, submergés par ce torrent d'émotions. J'ai du mal à ouvrir les yeux, malgré le soleil qui inonde la pièce. Je ne me souviens pas d'avoir ouvert les stores.

Un mal de tête insupportable me frappe, conséquence inévitable de mes pleurs. Les larmes ont cessé de couler, mon visage est maintenant sec. J'ai soif.

Mes bras entourent un corps. Son corps. Il a passé la nuit ici avec moi, encore une fois. La tête reposant sur son torse, je la relève légèrement, faisant attention à ne pas le réveiller. Il est à moitié allongé, presque assis.

A-t-il vraiment dormi ainsi toute la nuit ? Ses bras m'enlacent, et d'une main, il commence à caresser doucement mes cheveux, dans un geste réconfortant. J'inspire son odeur : celle de sa lessive aux pins légèrement mentholée dissimulant touche de café.

— Bonjour mon ange.

Je me réveille instinctivement presque brusquement en m'éloignant légèrement. Je profitais de ses bras, de son confort, peut-être l'avais-je empêché de se lever et de me quitter ?

— Tu es réveillé depuis longtemps ? Je t'ai empêché de te lever depuis tout à l'heure ? je m'excuse presque dans mes paroles.

dans les miens, il ne peut s'empêcher de se moquer de moi. Le sourire qui étire ses lèvres est si sincère à en laisser apparaître sa jolie fossette.

— J'ai pu me lever ne t'en fais pas, il admet.

Il m'explique qu'il a réussi à sortir du lit un peu plus tôt, alors que j'étais déterminé à ne pas le lâcher. Il profitait de la situation, et je ne peux m'empêcher d'esquisser un léger sourire amusé. Il a pu se doucher, préparer du café — d'où sa délicieuse odeur — et revenir à mes côtés.

— Comment tu te sens aujourd'hui ?

Comment je me sens ? Voilà la question. Je suis triste, c'est indéniable, et il le sait déjà.

Je me perds dans mes pensées et mes émotions, le laissant sans réponse. Mon regard profond sur lui suffit à tout dire.

Et dire qu'il est venu jusqu'ici, pour moi.

Notre discussion d'hier, après son arrivée, est floue dans mon esprit. Il me réconfortait, et je m'étais laissée bercer par ses paroles, incapable d'écouter vraiment ce qu'il disait. Je me souviens qu'il a parlé de lui, de sa famille, mais mes pensées se sont arrêtées à ce moment précis, lorsque son oncle l'a recueilli.

Sa main caresse doucement le dos de la mienne. En posant les yeux dessus, je remarque ses mains abîmées, soignées à la hâte. Ses phalanges sont fraîchement écorchées ; il a dû se battre hier soir avant de venir.

Il perçoit mon inquiétude, relève mon menton avec son pouce et son index, m'obligeant à détourner le regard de cette vision d'horreur.

— J'ai quelque chose de prévu pour toi et moi aujourd'hui, il m'informe. Un léger sourire étire ses lèvres.

J'arque un sourcil, perplexe.

Je ne me sens pas assez bien pour sortir ; c'est encore trop tôt. Pourtant, il a pris le temps de me préparer quelque chose qui, je le sais, me ferait plaisir et peut-être m'aiderait à penser à autre chose.

Mais je ne veux penser à rien. Je ne peux pas me permettre de penser à autre chose.

Au moins, lui était là...