HARMFUL T.1/T.2

8. FAITH (tome II)

— Je peux ?

Cette voix.

Qu'est-ce qu'il fait ici ?

J'ai à peine le temps de lever le regard sur celui qui occupe mes pensées depuis ce soir où je l'ai vu au bras d'une femme, que Shawn ne perd pas une seconde pour l'enlacer.

— Aiden ! il s'émerveille. Faith m'a pas dit que tu venais, je suis content de te revoir, tu m'as manqué.

— Tu m'as manqué aussi champion, il avoue en ébouriffant ses cheveux.

C'est à peine si j'arrive à y croire. Il est là, face à moi, comme si de rien était, dans son costume noir, sa chemise de la même couleur et cette cravate...

Je suis presque tentée de l'étouffer avec si le monde autour de nous me le permettait. Je me ferais une joie de lui arracher ses yeux verts qui me regardent avec cette petite étincelle qui lui est due quand son regard passe de Shawn à moi avec discrétion.

Argh, je le déteste !

Il s'abaisse à hauteur de mon petit frère et lui murmure quelque chose à l'oreille sans omettre de lisser les pans de sa veste.

Mon frère lui répond d'un large sourire complice et s'en va sans un mot pour moi.

Désormais, ce sont ses grands yeux verts qui me font face. Je détourne le regard non pas dans l'incapacité de soutenir le sien, mais il m'est impossible de le regarder en face, pas après ce que j'ai découvert grâce à Ryan.

— Salut, Collins.

Son ton est si tendre que je sens mon cœur se fendre en deux. Il y a longtemps que je n'ai pas entendu sa voix prononcer mon nom...

Pourquoi est-ce qu'il fait ça ?

Pourquoi chercher à me faire souffrir ?

— Qu'est-ce que tu fais là ? je crache le ton tranchant.

— On peut discuter ?

Discuter ? Il se fiche de moi.

— C'est le mariage de-

— Dégotez-vous un partenaire pour la prochaine danse ! Je veux voir tout le monde réaliser la valse de la répétition, s'extasie la mère de Jordan qui me coupe par la même occasion, en évoquant son fantasme sur le point de devenir réalité.

Une valse du dix-huitième siècle nous a été imposé par Mme. Stone -désormais Mme. Stevens-, elle rêvait de voir ses convives ne faire qu'un le temps d'une danse.

Je me réjouissais d'y participer, mais ça sera sans moi, pas avec lui en tant que cavalier.

Tandis que l'information monte jusque son cerveau, son éternel sourire en coin finit enfin par pointer le bout de son nez -argh même sa fossette m'a manqué- et sa main se tend vers moi quand je décide de jeter un coup d'œil dans sa direction.

— M'accorderais-tu cette danse ?

Je jette mon dévolu sur le reste des invités derrière lui, et remarque nos amis acculés dans un coin de la cour à nous dévisager.

Ils étaient tous au courant ! Les traîtres !

— Où est la jolie blonde qui te tenait compagnie l'autre soir au restaurant ? J'espère que tu as fait l'effort de l'amener, je ne voudrais pas paraître impolie en acceptent de danser avec toi, j'espérais que mon ton soit plus posé, mais mes mots sont sorti tel du venin.

Je rabats les bras contre ma poitrine refusant sa tentative d'approche.

La musique est lancée et les trois-quarts des invités ont un partenaire. Le monde s'agglutine autour de nous et je serais presque tenté de prendre la fuite, là maintenant, mais j'ai promis d'y mettre du mien.